28 mai 1998 |
Cancer de la prostate
L'importance du diagnostic précoce du cancer de la prostate est maintenant démontrée hors de tout doute, estime Fernand Labrie.
Le cancer de la prostate, une maladie qui frappe un homme sur onze au cours de sa vie, pourrait bien être connaître un recul important au cours des prochaines années grâce au dépistage précoce. Voilà ce qu'a laissé entendre le professeur Fernand Labrie lors d'une conférence prononcée la semaine dernière à Los Angeles lors du Congrès de l'American Society of Clinical Oncology. À cette occasion, le directeur du Centre de recherche du CHUL a livré les grandes lignes d'une étude qui montre que le dépistage précoce réduit par un facteur trois le taux de mortalité attribuable au cancer de la prostate.
Cette conclusion survient au terme d'une étude de huit années à laquelle ont participé 46 000 hommes âgés de 45 à 80 ans. "Nous avons fait l'hypothèse que la seule façon de pouvoir guérir le cancer de la prostate serait de le traiter à un stade précoce avant que le cancer ne migre à distance de la prostate, surtout dans les os", explique Fernand Labrie. Le cancer de la prostate est généralement silencieux, c'est-à-dire qu'il ne cause pas de symptômes facilement observables avant que les cellules cancéreuses ne se propagent à d'autres parties du corps. Il est alors souvent trop tard pour espérer guérir le patient, d'où l'importance de pouvoir diagnostiquer très tôt la présence des cellules cancéreuses dans la prostate.
Parmi les 8 000 sujets soumis au programme de dépistage précoce, la mortalité a atteint 15 décès par année par 100 000 hommes. Dans le groupe contrôle des 38 000 hommes qui bénéficiaient du suivi médical habituel, le taux de décès a atteint près de 50 par année par 100 000 hommes. "Ces résultats démontrent hors de tout doute l'importance du diagnostic précoce de la maladie", dit Fernand Labrie.
Dépister puis traiter
Le dépistage précoce repose sur la détection d'une
protéine, le PSA (Prostate Specific Antigen), associée aux
cellules cancéreuses. Ce test permettrait de dépister, à
partir d'une simple prise de sang, 95 % des tumeurs de la prostate alors
qu'elles sont encore à un stade précoce de développement.
Utilisé dans le cadre d'un programme de dépistage annuel du
cancer de la prostate, ce test éliminerait pratiquement tous les
cas où les cancers sont découverts trop tard pour être
traités.
En plus de s'intéresser au dépistage précoce, les chercheurs du CHUL comptent à leur actif des solutions pour le traitement du cancer de la prostate. Au début des années 1980, ils ont mis au point un traitement dont l'efficacité a été reconnue par des organismes indépendants. Ils ont également conçu un traitement du cancer de la prostate à un stade avancé qui prolonge la vie de 3 à 6 mois. Le cancer de la prostate est la deuxième cause de décès attribuable au cancer chez l'homme. Environ 4 000 Canadiens décèdent chaque année des suites de cette maladie.