28 mai 1998 |
Le chercheur Jean-Pierre Després lance un défi de taille aux Canadiens.
L'outil le plus simple et le plus efficace pour évaluer le risque personnel de maladies cardio-vasculaires se trouve à la maison, dans la boîte à outils ou dans la trousse de couture: le ruban à mesurer. "Il faudrait considérer l'obésité abdominale comme un danger pour la santé", dit Jean-Pierre Després, directeur scientifique du Centre de recherche sur les lipides de l'Université Laval. L'emplacement du gras dans l'organisme est l'un des plus importants indices de la cardiopathie ischémique, la plus courante des maladies cardiaques. Cette maladie entraîne une réduction du débit sanguin dans les artères, privant ainsi l'organisme d'un apport suffisant en oxygène. Or, le gras le plus dangereux dans les cas de cardiopathie se trouve dans l'abdomen (gras viscéral).
"Lorsque l'on considère le risque cardio-vasculaire, le plus grand danger provient du gras viscéral et non pas de l'excès total de poids", a expliqué le chercheur aux médecins réunis la semaine dernière à Glasgow, en Écosse, à l'occasion de la Conférence internationale sur la prévention des maladies cardio-vasculaires. "Nous avons constaté qu'un tour de taille d'un mètre chez les hommes et les femmes âgés de moins de 40 ans indique une accumulation significative de gras viscéral". L'obésité viscérale, qui s'accompagne souvent d'insulinorésistance, de concentrations élevées de triglycérides et de faibles concentrations de bon cholestérol, est susceptible d'être la cause la plus fréquente de coronaropathie dans les sociétés d'abondance."
Jean-Pierre Després a mis les médecins en garde contre le tentation de ne surveiller que le poids et le taux total d'adiposité corporelle de leurs patients. "Même en l'absence de changement dans le poids et dans le taux total d'adiposité corporelle, il pourrait y avoir, au fil du temps, une accumulation significative de tissu adipeux viscéral qui risque de ne pas être détectée si on ne mesure pas le tour de taille."
Le test de cholestérol peut donner de fausses indications chez la personne obèse. Le chercheur a signalé aux médecins qu'il a constaté que les patients présentant une obésité viscérale n'avaient souvent pas des concentrations élevées de cholestérol total ou de mauvais cholestérol. "Les cliniciens ne devraient donc pas être induits en erreur par des résultats normaux au test de cholestérol."
Les maladies cardio-vasculaires occasionnent 37 % de tous les décès au Canada et 22 % des maladies cardio-vasculaires sont attribuables à l'obésité. Une enquête récente a démontré que 51 % des Canadiens sont obèses ou font de l'embonpoint. Pour ces personnes, la clé pour limiter le risque de maladies cardio-vasculaires pourrait donc se résumer à quelques mots: réduire son tour de taille.