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14 mai 1998 ![]() |
Bernard Landry se souviendra toujours de cette petite phrase lancée en classe par son professeur de philosophie, alors qu'il étudiait au Cégep, au tout début des années 1980: « Si j'arrive à convaincre seulement un élève de ce groupe à entreprendre des études universitaires en philosophie, j'aurai atteint mon but », disait ainsi le professeur. » À l'époque, je me doutais pas que ce serait moi, l'élève en question », révèle avec humour Bernard Landry, qui a récemment complété un mémoire de maîtrise sous la supervision de Luc Bégin, de la Faculté de philosophie.
Dans son mémoire de maîtrise intitulé « L'inquiétude à l'égard d'un avenir menaçant: temporalité, éthique et prospective », ce jeune philosophe, qui n'en finit plus de (se) poser des questions sur tout, se penche effectivement sur cet avenir dont on ne connaît rien, par définition. « Notre avenir est en effet menacé et menaçant, signale-t-il. Et il y a certainement lieu de s'inquiéter sur ce qui nous attend. Prenons la question des déchets toxiques qu'on enfouit sans trop se soucier des répercussions sur l'environnement. Qu'arrivera-t-il dans 100 ans? Éthiquement parlant, on ne s'est jamais préoccupé de ces choses, comme si l'avenir et les forces de la « nature » pouvaient tout arranger. Ce qui n'est assurément plus le cas aujourd'hui. »
Selon Bernard Landry, l'être humain a une responsablité morale face à l'avenir; à cet égard, il doit dès maintenant commencer à préparer un avenir souhaitable pour lui et donner une direction à ses actes. En fait, l'avenir serait menaçant à cause des progrès scientifiques dont on ignore leurs conséquences réelles sur le monde. Loin de lui l'idée de s'opposer aux changements, mais encore faut-il en mesurer les effets, estime ainsi le jeune homme.
D'abord attiré par des études de géographie, Bernard Landry choisit de faire son baccalauréat en philosophie, au grand désespoir de ses proches qui lui déconseillent de suivre cette voie ne menant à rien, sinon au chômage. « De toute façon, j'étais moi-même convaincu de ne pas trouver d'emploi à la fin de mes études, que ce soit en géographie ou en philosophie. J'ai donc décidé de me faire plaisir et de prendre trois ans de ma vie pour étudier dans ce que j'aimais et pour réfléchir sur des problèmes qui me tenaient à coeur. »
Après avoir complété successivement un certificat en éducation morale et un certificat en pédagogie, Bernard Landry trouve l'emploi de ses rêves. Professeur d'enseignement moral à l'école secondaire De Rochebelle depuis 1985, il se considère en effet « béni des dieux » de pouvoir exercer ce métier qui le met en contact direct avec les jeunes. Sa préoccupation première: amener l'élève à prendre conscience de ses opinions et à les remettre en question. « Je ne donne jamais de réponses toutes faites aux élèves, le principal défi consistant à les amener à réfléchir. Finalement, si je réussis à intéresser un ou deux élèves à la philosophie, j'aurai moi aussi atteint mon but.»