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14 mai 1998 ![]() |
À l'Université de Picardie ou à l'Université Laval, rien ne vaut une bonne conversation pour abolir les frontières.
Quand on demande à Sophie Asselin de parler des aspects les plus agréables de son séjour à l'Université Laval, la réponse fuse instantanément: "Les gens!" Car pour cette jeune Française débarquée à Québec le 22 août dernier et à qui le Fil consacrait un article le 4 septembre ("La rentrée scolaire de Sophie Asselin"), rien ne vaut les plaisirs de la discussion et les relations d'amitié qui en découlent. "J'aime le monde!", résume cette étudiante de psychologie rattachée à l'Université de Picardie, à Amiens, qui participait cette année au programme d'échanges étudiants de la CRÉPUQ (Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec).
"Assignée en résidence" dans sa petite chambre du pavillon Alphonse-Marie-Parent, Sophie n'a eu d'autre choix que de s'ouvrir au monde, s'entourant à cet effet de copines et copains "internationaux". Son terrain privilégié d'échanges: les cuisines du pavillon, "un lieu extraordinaire de sociabilisation", où le simple fait de partager un repas avec les mêmes personnes l'a parfois sauvée de la déprime qui rôdait parfois. Et bien qu'elle se dise très heureuse de retrouver les siens, c'est quand même le coeur gros que Sophie s'envolera pour la France, le 15 mai. "J'ai vécu ici une expérience que je n'oublierai jamais."
"Une grande oreille"
Sans aller jusqu'à dire que les étudiantes et étudiants
québécois sont froids ou distants, elle avoue pourtant avoir
éprouvé certaines difficultés à créer
avec eux des liens durables, pour des raisons qu'elle n'arrive pas à
identifier. Qu'à cela ne tienne, sa "famille québécoise",
comme elle dit, Sophie l'a trouvée en faisant de l'écoute
téléphonique pour le compte d'une assocation vouée
à la santé mentale. "Avec l'équipe de bénévoles,
c'était vraiment super. Nous nous entendions tous très bien.
En outre, l'écoute téléphonique m'a permis de voir
que les problèmes qu'on rencontre au Québec sont les mêmes
que partout ailleurs: entres autres, que les gens souffrent énormément
de solitude." Le soir du 24 décembre, la psychologue en herbe
a ainsi fait le choix de rester à l'écoute et d'être
"une grande oreille" pour des dizaine de personnes en quête
de chaleur humaine. "Pour une fois, je me suis sentie utile à
Noël, souffle-t-elle. Moi-même, je me suis sentie un peu moins
seule."
Ayant vu sa demande d'admission à la maîtrise en psychologie à l'Université Laval refusée pour cause de notes insuffisantes, Sophie ne cache pas sa déception et son amertume face à ce traitement banalisé privilégiant les notes au détriment de la motivation et de la personnalité du candidat. "Je sais bien qu'il faut un processus de sélection pour déterminer les meilleurs, mais on pourrait également faire passer des entrevues orales aux futurs psychologues afin qu'ils puissent faire valoir leurs qualités humaines, par exemple. Les notes, il n'y a pas que ça qui compte dans la vie." Et d'expliquer que la formule des choix multiples utilisée dans les examens lui a causé bien des difficultés, elle qui était plutôt habituée aux questions à développement.
Un beau jour
Pour le reste, Sophie a énormément apprécié
ses cours de psycho, dont l'approche diffère totalement de ceux suivis
à l'Université de Picardie. "À l'Université
Laval, les professeurs, toutes théories confondues, proposent d'étudier
l'être humain dans sa globalité alors qu'en France - du moins
à l'Université que je fréquente - il y a les psychanalystes
d'un côté et les expérimentalistes de l'autre. C'est
la guéguerre entre théoriciens." Voyant l'avenir en rose,
Sophie ne souhaite finalement qu'une ou deux choses: devenir une psychologue
disponible et intègre à l'écoute des gens et bien sûr,
revenir à Québec un beau jour, juste pour le plaisir.