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14 mai 1998 ![]() |
Une unité de démonstration industrielle de 6,5 millions sera construite à Jonquière.
Après plusieurs années de recherche en laboratoire et en usine-pilote, le procédé de pyrolyse sous vide mis au point par Christian Roy, du Département de génie chimique, a atteint la phase industrielle. En effet, le Groupe Pyrovac, l'entreprise créée par le chercheur pour commercialiser la technologie du pyrocyclage, vient d'annoncer la mise en chantier d'une unité de démonstration industrielle servant à la valorisation des écorces d'arbre.
La pyrolyse est un procédé qui permet, par chauffage sous vide, de séparer les différentes composantes d'un produit et de récupérer celles qui présentent un intérêt commercial. L'usine Pyrochem-Saguenay utilisera les écorces d'arbres résineux, provenant des papetières, pour en tirer des huiles et du charbon de bois. Sa construction, qui commencera cet été à Jonquière, nécessitera des investissements de 6,5 millions de dollars et créera une vingtaine d'emplois. Le financement du projet provient en majeure partie de Rexfor, de Sodexfor et de la firme néerlandaise Ecotechniek.
Des produits commercialisables
Lors de la première phase du projet, l'usine traitera 40 000 tonnes
d'écorce de bois résineux par année pour en récupérer
du charbon de bois et surtout de l'huile phénolique. Ce dernier produit
peut être utilisé comme résine dans la fabrication de
panneaux et comme carburant pour la production d'électricité.
D'ailleurs, l'usine Pyrochem-Saguenay servira de plate-forme d'essai pour
un modèle de centrale électrique fonctionnant grâce
à une turbine à gaz mise au point par Orenda Aerospace, un
partenaire de Pyrovac.
Le Québec produit chaque année 2,2 millions de tonnes d'écorce, dont les deux tiers trouvent des applications dans l'industrie des pâtes et papier ou en agriculture. Le reste, considéré comme un déchet, doit être éliminé. Si le fonctionnement de l'unité de démonstration est concluant, des investissements additionnels de 30 millions de dollars sont prévus pour porter la capacité de traitement de l'usine à 160 000 tonnes par an.
Christian Roy travaille à la mise au point du procédé de pyrolyse sous vide depuis ses études de doctorat en 1976. Engagé comme professeur à l'Université en 1985, il a consacré l'essentiel de ses travaux de recherche à ce sujet. Au fil des ans, différents partenaires avec qui il s'était associé ont été victimes des soubresauts de l'économie, le forçant à refaire plusieurs fois le même trajet sur la route imprévisible du partenariat industriel. Pierre Pedneau, du Bureau de valorisation des applications de la recherche, estime que "malgré des moments parfois difficiles où détracteurs, critiques et mauvaise presse en auraient découragé plus d'un, le pari que voulait relever l'Université Laval et Christian Roy aura été gagné: celui de développer une technologie jusqu'à sa mise en application concrète et surtout, générer et retenir pour le Québec et le Canada la majorité des retombées économiques et industrielles ainsi que la création d'emploi qui s'y rattache.".