![]() |
14 mai 1998 ![]() |
Le séjour hospitalier des nouvelles mamans
a presque diminué
de moitié en dix ans.
Au Canada, les nouvelles mamans passent de moins en moins de temps à l'hôpital pour un accouchement. Alors que la durée de leur séjour hospitalier se situait à 5,3 jours en 1985, il n'était plus que de 3,0 jours en 1995. C'est ce qu'ont constaté Sylvie Marcoux du Groupe de recherche en épidémiologie et ses trois collègues Wen, Liu et Fowler de Santé Canada, après avoir examiné les données se rapportant à 1 456 800 accouchements survenus au pays entre 1985 et 1995.
Cette réduction, expliquent les chercheurs, résulte à la fois d'une hausse du taux des séjours de courte durée et d'une baisse des séjours de longue durée. Une femme sur huit quitte maintenant l'hôpital avec son poupon dans les bras moins de deux jours après y être entrée; en 1985, seulement une femme sur 63 en faisait autant. Par ailleurs, à peine 14 % des femmes demeurent maintenant plus de quatre jours à l'hôpital pour un accouchement alors que c'était le lot de presque 60 % des femmes dans les années 1980. Le raccourcissement du séjour touche autant les femmes qui accouchent par voie vaginale (de 4,7 à 2,6 jours) que celles qui doivent subir une césarienne (de 7,6 à 5,0 jours).
Le facteur "politiques"
C'est en Alberta que les nouvelles mères sont le plus rapidement
retournées chez elles: le séjour ne dure que 2,6 jours en
moyenne. À l'autre bout du pays, les femmes de Terre-Neuve et de
l'Ile-du-Prince-Édouard demeurent 1,7 jour de plus à l'hôpital
(4,3 jours) que leurs compatriotes de l'Ouest. Le Québec se situe
en milieu de peloton.
Si le séjour raccourcit, ce n'est pas du côté des mères qu'il faut chercher une explication mais plutôt du côté des politiques de santé, avancent les quatre chercheurs dans un récent numéro du Journal de l'Association médicale canadienne. Entre 1986 et 1995, le nombre de lits a été réduit de 30% dans l'ensemble des hôpitaux du pays, et de 54% en Alberta seulement. "Il n'y a pas de doute que les fermetures de lits ont incité les hôpitaux à donner plus rapidement leur congé aux patientes", concluent les chercheurs.
Cette politique a-t-elle un impact sur la santé des enfants et des mères? "Les récentes recherches semblent indiquer que non, dit Sylvie Marcoux, dans la mesure où il y a une continuité entre les services disponibles à l'hôpital et ceux que la mère peut recevoir dans son milieu. Il faut aussi prévenir à l'avance les femmes que leur séjour à l'hôpital risque d'être court afin qu'elles puissent bien planifier leur retour à la maison."
La compressibilité du séjour hospitalier pour un accouchement a probablement atteint ses limites, croit cependant la chercheure. "On ne peut plus réduire davantage et d'ailleurs, je ne crois pas que ce soit dans les plans du ministère de la Santé et des Services sociaux." En fait, plus court que ça et les femmes risquent de se laisser tenter par l'accouchement à la maison. Et ça non plus n'est pas dans les plans du ministère!