30 avril 1998 |
Des étudiants d'architecture et des arts visuels réalisent la synergie de leurs talents pour harmoniser les deux sections de l'aéroport international Jean-Lesage.
Les voyageurs qui arrivent à l'aéroport international Jean-Lesage de Québec expriment souvent leur surprise en découvrant le contraste qu'offre la nouvelle partie de l'aérogare, aérée, lumineuse et très ouverte, comparée à la portion d'origine du bâtiment, plutôt sombre et étriquée. Les dirigeants de la plate-forme aéroportuaire ont donc décidé de solliciter l'imagination des étudiants de la Faculté d'aménagement, d'architecture et des arts visuels, afin qu'ils trouvent un moyen original de réconcilier les deux aérogares. Même si le concours d'idées, mis sur pied avec le soutien de l'Université Laval, ne débouchera pas sur un chantier demain matin, il a permis aux responsables de l'aéroport de prendre le pouls du bouillonnement créatif qui caractérise les étudiants en architecture et en arts visuels.
Le tourbillon, la circulation de l'air, le rêve aérien, voilà quelques- unes des idées qui ont inspiré Nancy Saint-Hilaire, étudiante en arts visuels, et Jean-Sébastien Mayrand, Daniel Bondeau, Stéphane Labrèche, tous trois étudiants en architecture, lorsqu'ils ont commencé à plancher un vendredi sur des maquettes qui devaient être terminées pour le concours le dimanche suivant. Manifestement, le jury, composé d'un architecte et d'un désigner, de professeurs de l'Université Laval et de représentants de l'aéroport, a apprécié leur trouvaille puisqu'il leur a décerné le premier prix, alloué d'un chèque de 1 000 $ à se partager.
Un "rush" stimulant
"Travailler sous pression dans un court laps de temps, et dans
un fort esprit de compétition, stimule beaucoup les étudiants",
constate Michel Bouchard, un des organisateurs de ce concours. La qualité
de présentation des projets, présentés par 14 équipes,
a fortement impressionné ce designer, qui partage son temps entre
les laboratoires de l'École d'architecture et sa propre entreprise,
Design In situ. Selon lui, l'idée du tourbillon-rassembleur mise
en avant par le groupe gagnant a séduit les membres du jury par sa
simplicité même, qui permettait à l'observateur de se
l'approprier facilement.
Pour donner une unité architecturale à l'aéroport Jean-Lesage, les étudiants n'ont pas voulu travailler sur l'enveloppe du bâtiment, la couleur des murs ou la texture du plancher. L'équipe a jeté son dévolu sur l'espace qui surplombe la tête des voyageurs, juste avant le plafond, afin de mieux rappeler la vocation aérienne de cet édifice, qui donne accès aux avions. Leur tourbillon, représenté dans la maquette par une torsade de fils optiques entrelacés, se rapproche d'une tornade. "Il transporte des informations, mais rassemble aussi des éléments divers en les emportant sur son passage, explique Daniel Beaudoin. Ce tourbillon parcourt l'ensemble de l'aéroport, construit tout en long, et constitue donc un point de repère continu."
Importance de la forme
Sans aller jusqu'à dessiner trop précisément les objets
ou le mobilier, les étudiants suggéraient également
dans leur maquette des emplacements pour installer, sur ce courant d'air
matérialisé en fils, des écrans indiquant les horaires
de départ des avions et des renseignements concernant la région
de Québec. L'apport de Nancy Saint-Hilaire a d'ailleurs été
détérminant pour construire ce tourbillon, car l'étudiante
en arts visuels a l'habitude de travailler à échelle réelle
sur les matériaux les plus divers, et elle a sensibilisé ses
collègues en architecture à l'importance de la forme, de la
composition, de la couleur de cet objet central.
"Trop souvent, les architectes et les artistes travaillent chacun de leur côté sur un bâtiment, sans se consulter, déplore la jeune fille. Lorsque la construction est terminée, on commande une oeuvre qui souvent a du mal à s'intégrer dans l'ensemble." Dans leur projet, les étudiants se sont donc permis un clin d'oeil artistique, avec une sculpture façonnée dans la même matière que le tourbillon de fils, qui symbolise ce désir si ancien de l'Homme de s'élever dans les cieux. Finalement, ce concours d'idées a permis aux étudiants en arts visuels et en architecture, qui appartiennent désormais à une même faculté, de se rapprocher et de mieux s'apprécier.
Les expériences de travail en commun, encore trop rares jusqu'à présent, développeront peut-être des liens entre ces futurs praticiens de disciplines si proches. Après tout, architectes et artistes marquent chacun à leur façon le paysage visuel.