23 avril 1998 |
Alors qu'elle se baladait tranquillement à bicyclette dans les rues de la ville de Sakado, au Japon, Marie-Josée L'Hérault a fait une chute sur le trottoir, s'infligeant quelques éraflures aux les bras et aux jambes. Tandis qu'elle essayait péniblement de se relever, les piétons autour d'elle ne trouvaient rien de mieux à faire qu'à sourire et même à rire. Littéralement choquée devant un tel comportement, la jeune femme a appris plus tard que lorsqu'une personne se blesse au Japon, ses habitants sourient dans le but de vous rassurer et vous dire que tout va bien. C'est l'une de ces expériences que relate Marie-Josée L'Hérault dans son livre Tokyo express, un recueil de nouvelles qui vient tout juste de paraître aux Éditions Vents d'Ouest et pour lequel cette étudiante inscrite à la maîtrise en littérature vient tout juste de mériter le Prix littéraire Jacques-Poirier-Outaouais 1998, doté d'une bourse de 2 500 $.
"Bien que certains faits sont véridiques, il n'en demeure pas moins que les sept nouvelles composant le recueil sont toutes fictives", précise toutefois Marie-Josée L'Hérault, qui ne veut surtout pas vendre la mèche de son imagination. Et de donner l'exemple de la nouvelle intitulée Le reportage où un jeune Québécois accumule bévues sur bévues en essayant de trouver un sujet de film destiné à La course autour du monde. Qu'il se fasse carrément mettre à la porte des bouillants bains japonais pour manquement flagrant au savoir-vivre ou qu'il filme des funérailles, croyant assister à l'ouverture d'un commerce, tous ces événements ont véritablement eu lieu, vécus par procuration ou non et transformés par la plume agile et l'imagination fertile de Marie-Josée L'Hérault, qui a séjourné un an au Japon, en 1990, à Sakado, un "village" de 100 000 habitants situé à 45 minutes de Tokyo.
Là-bas, la jeune femme a enseigné l'anglais à une clientèle âgée de 7 à 77 ans, désireux de parfaire sa connaissance de la langue de Shakespeare. "Quand je suis revenue de mon séjour, les gens me demandaient de leur parler du Japon. C'est ainsi qu'après avoir pris un certain recul, les événements les plus marquants me sont revenus en mémoire et que j'ai commencé à écrire des histoires. Le genre littéraire de la nouvelle s'est imposé de lui-même, de par son caractère anecdotique." Finalement, Marie-Josée L'Hérault aura mis deux ans de travail sur Tokyo express, peaufinant ses textes et ne lésinant pas sur la qualité de l'écriture. "Du moment qu'on a une bonne histoire, cela risque d'être bon si on y met assez d'heures, explique-t-elle avec enthousiasme. Moi, je voulais que le lecteur parte en voyage. J'espère avoir réussi. "
Passionnée par l'écriture depuis son enfance, cette fervente amatrice de littérature québécoise et de romans historiques a participé à plusieurs concours littéraires dont elle a souvent été la lauréate. "À 11 ans, en sixième année, j'ai mérité 5 $ pour une histoire intitulée - allez savoir pourquoi - Le Noël des singes, dit-elle en riant. Par la suite, j'ai écrit d'autres nouvelles qui m'ont valu des récompenses, au secondaire et au collégial." Tokyo Express est son deuxième roman; en 1995, de retour de l'Ouest canadien où elle a enseigné le français pendant cinq ans, Marie-Josée L'Hérault a en effet publié un "roman social" dont le titre pour le moins significatif d'Immersion fait sourire la principale intéressée qui, si elle ne manque pas de talent, ne manque aussi pas d'humour.