23 avril 1998 |
Grâce à des images prises par Hubble, deux astronomes viennent de faire tomber un dogme concernant la formation des étoiles.
"Jusqu'à maintenant, on croyait que les étoiles massives (de 15 à 100 fois la masse du Soleil) se formaient dans des régions particulières du ciel et que les étoiles de faible masse se formaient dans d'autres régions qui leur étaient également propres. Les images que nous venons d'obtenir grâce à Hubble montrent clairement la présence des deux types d'étoiles à l'intérieur de la même région de formation d'étoiles, l'amas NGC 3603", annonce l'astrophysicien Laurent Drissen du Département de physique
NGC 3603 est la région de formation d'étoiles la plus compacte de notre galaxie. C'est dans cette partie de la Voie lactée que se retrouvent les nuages de gaz les plus denses ainsi que la plus grande concentration d'étoiles. "On y trouve environ 1 000 étoiles dans un rayon de 5 années-lumière, dit Laurent Drissen. En comparaison, il n'y a que deux étoiles, le Soleil et Proxima du Centaure, dans le même rayon autour de la Terre." Située à 20 années-lumière de la Terre, cette région est constituée d'étoiles très jeunes en pleine période de formation. "Elles ont entre 1 et 2 millions d'années, ce qui est peu comparé au Soleil qui a été formé il y a 4,5 milliards d'années. Si le Soleil avait 1 an, NGC 3603 aurait à peine 4 heures."
Dans l'oeil de Hubble
Dans les années 1980, certains astronomes croyaient que la partie
centrale de cette région renfermait une étoile supermassive
qui faisait plusieurs milliers de fois la masse du Soleil. Les premières
images de cette région fournies par Hubble au début des années
1990, malgré le manque de netteté causé par les problèmes
de myopie que connaissait alors le télescope, révélaient
l'existence de plusieurs étoiles et non d'une seule. "Les images
que nous venons d'obtenir montrent la présence simultanée
d'étoiles de masse inférieure à celle du Soleil ainsi
que d'étoiles dont la masse atteint 100 fois celle du Soleil",
dit Laurent Drissen
Cette découverte toute récente n'a pas encore fait l'objet d'une publication mais l'urgence de divulguer ces résultats croît rapidement. "Nous allons publier dans le courant de l'été parce que toutes les données que les chercheurs recueillent grâce à Hubble deviennent du domaine public après une année. Si nous ne publions pas nos résultats, d'autres chercheurs vont pouvoir les utiliser pour leurs propres publications." D'ici là, Laurent Drissen et son collègue de l'Université de Montréal, Anthony Moffat, présenteront leur découverte aux chercheurs qui participeront au Congrès de l'Association canadienne d'astronomie qui aura lieu du 19 au 22 mai à l'hôtel Loews Le Concorde de Québec. Environ 150 astronomes sont attendus à Québec pour l'occasion. Les organisateurs profiteront de l'événement pour célébrer le 20e anniversaire de création de l'Observatoire du Mont Mégantic, administré conjointement par l'Université Laval et l'Université de Montréal.