23 avril 1998 |
Entreprenariat Laval a aidé l'équipe de la jeune compagnie Cyberflexx à transformer un beau "flash" d'affaires en produit commercialisable.
Que faites-vous de vos patins à roues alignées, chaussés sur le pas de votre porte, lorsque vous arrivez: a) dans une salle de cours, b) à l'entrée du Pavillon Félix-Antoine Savard, c) au dépanneur? Si, comme Patrice Barbeau, vous avez déjà maudit à plusieurs reprises ces chaussures encombrantes en tentant de les fourrer maladroitement dans un sac à dos, ou en les tenant tout simplement à la main, la ceinture mise au point par la compagnie Cyberflexx s'impose comme un achat indispensable.
Cyberflexx, c'est la firme qu'ont fondée Patrice Brabeau, étudiant en sciences de l'administration et Chicheb Hajjaji, diplômé de cette même faculté en finances, grâce notamment à un coup de pouce d'Entreprenariat Laval, pour mieux commercialiser un produit susceptible d'améliorer grandement la vie pratique des patineurs. À première vue, les locaux de Cyberflexx ne paient pas de mine. Les associés Patrice Barbeau et Chicheb Hajjaji se préoccupent peu du clinquant ou du tape-à-l'oeil. En fait, la totalité du capital injecté la première année dans cette affaire a permis essentiellement d'élaborer le produit à partir de divers prototypes et d'effectuer un test de marché en 1997. À la lumière des conseils et observations des consommateurs, les dirigeants du Cyberflexx ont d'ailleurs décidé de proposer trois modèles différents de ceinture, afin d'accommoder également les marcheurs qui apprécient de disposer d'un support lombaire leur laissant les mains et le dos libre s'ils veulent transporter leur pique-nique ou du linge de rechange.
De l'idée au projet
L'aventure commence en 1997, quand Patrice Barbeau remporte le concours
organisé par Entreprenariat Laval, "De l'idée au projet".
Bien sûr, il apprécie aujourd'hui d'avoir reçu les 7
500 $ qui accompagnaient le premier prix, mais, par-dessus tout, c'est l'encadrement
pour le prédémarrage de Cyberflexx qui lui a été
utile. Logé depuis quelques années dans les locaux de la maison
Eugène-Roberge, Entreprenenariat Laval aide en effet les étudiants
de l'Université Laval à concrétiser leur projet d'entreprise.
Patrice Barbeau a ainsi suivi plusieurs ateliers et conférences,
organisés par Entreprenariat-Laval, qui lui ont fourni des connaissances
indispensables pour "partir en affaires", comme des notions juridiques
sur la loi d'incorporation, ou des données pratiques sur la façon
d'agir avec les banquiers.
"Chaque fois que j'avais un problème dans le montage du plan d'affaires, je m'adressais aux conseillers d'Entreprenariat Laval qui m'ont donné un sérieux coup de main pour les études de marché ou le plan marketing, explique Patrice Barbeau. Ils n'exécutent pas les travaux à la place de l'étudiant, mais lui fournissent les outils pour surmonter ses difficultés, ou l'orientent vers les ressources disponibles." Le président de Cyberflexx a également pu s'appuyer sur le réseau de contacts fourni par Entreprenariat Laval, et reçu ainsi les services dispensés par des cabinets d'avocats ou de comptables à des tarifs défiant toute concurrence.
La sécurité avant tout
Épaulé par l'équipe d'Entreprenariat Laval qui continue
de le contacter régulièrement, Patrice Barbeau a eu tout le
loisir d'affiner son approche vis à vis de la clientèle. La
gamme Cyberflexx de ceintures, mais aussi de pantalons, de vestes ou de
chandails qui arrivent prochainement sur le marché, vise à
satisfaire les besoins de ceux qui veulent se lancer dans des sports très
en vogue, comme le patin à roues alignées, ou la planche à
neige, sans pour autant courir le risque de se blesser. Ce type de client
apprécie donc le support rigide d'une ceinture qui le met en confiance
en soutenant son dos lorsqu'il patine, mais également les protections
renforcées qui agrémentent certaines parties des vêtements
plein air.
Pour limiter les frais de production, les entrepreneurs ont passé un accord avec une entreprise manufacturière de vêtements de ski afin d'utiliser son personnel et ses machines à coudre durant la saison creuse. Pourtant, même si les deux associés de Cyberflexx semblent faire preuve d'une grande prudence dans leurs investissementnts, ils voient gros, très gros. Pour tout dire, ils espèrent dépasser Louis Garneau, cet ancien coureur cycliste qui se taille actuellement un véritable empire commercial dans le domaine des vêtements de plein air. Plutôt que de risquer de voir leur produit copié par des concurrents s'ils attendent que leur ceinture fasse sa marque sur le marché, ils espèrent frapper un grand coup en innondant les magasins de sport. "Nous attendons la réponse dans quelques jours d'un distributeur qui dessert 59 pays et trois continents, précise Patrice Barbeau. Ils se sont montrés déjà intéressés, mais on ne peut encore présumer de rien."
Toujours plus haut
Même s'il reste prudent tant que le contrat reste en suspens, le jeune
entrepreneur se voit déjà à la tête d'une grosse
affaire. Pour se donner les moyens de ses ambitions, ce bachelier en orientation
et counseling a d'ailleurs décidé de retourner aux études
à temps partiel, à l'Université Laval. Il prépare
ainsi actuellement un diplôme d'entreprenariat technologique et un
MBA à la Faculté des sciences de l'administration, afin de
disposer des connaissances nécessaires pour diriger une entreprise
de grande envergure. "Tous mes travaux d'étudiant portent sur
Cyberflexx, explique Patrice Barbeau, et en rentrant au bureau, j'applique
souvent immédiatement le contenu des cours qui portent sur les études
de marché, la création d'entreprise, le développement
technologique, le montage financier. Les professeurs se montrent d'ailleurs
très accomodants sur les dates d'échéance de remises
de travaux, car je pense qu'ils apprécient que je fasse part de mon
expérience pratique aux autres étudiants."
Lors de ces échanges avec de futurs entrepreneurs, le président de Cyberflexx tente de les mettre en garde contre les difficultés qu'ils risquent de rencontrer lorsqu'il s'agit de trouver du capital de risque. "Pour nous, le premier financement a été assez facile, explique-t-il, car je disposais d'un capital personnel et le montant du prêt demandé était modeste. Par contre nous éprouvons beaucoup plus de difficultés à trouver aujourd'hui un appui financier adéquat, car aucune institution bancaire n'accepte de prendre de risque, malgré ce qu'elles laissent entrendre dans leur publicité." Évidemment, l'avenir de Cyberflexx pourrait prendre une toute autre tournure si le distributeur tant espéré acceptait de prendre en charge la commercialisation de son produit. Avec une telle garantie, Patrice Barbeau et Chiheb Hajjaji n'auraient que l'embarras du choix pour trouver une banque à leur pied.