19 mars 1998 |
La première station de radio communautaire
de la francophonie est née
sur le campus.
À 17 h, le 15 février 1973, entre en ondes la première station de radio communautaire de la francophonie. Installée dans la suite 0447, au premier sous-sol du pavillon Charles-De Koninck, CKRL fait alors entendre ses premiers balbutiements au 89 virgule 1 sur la bande MF.
Ici, l'indicatif se veut toujours présent, même si beaucoup d'ondes ont coulé sous le pont qui a permis au poste encore jeunot de quitter la cité universitaire, pendant l'été de 1984, pour celle de Champlain. Car la doyenne des radios universitaires et communautaires du Québec vient de réussir le courageux exploit - malgré vents et marées qui l'ont maintes fois mise en péril - de dépasser le cap du quart de siècle de présence assidue au sein de sa communauté régionale
"Fidèle, fidèle"
"CKRL doit en grande partie sa longévité à
un auditoire qui l'a fidèlement suivie depuis 25 ans, estime Jean-Pierre
Bédard, son directeur général. Cet auditoire a toujours
manifesté son soutien lorsque la situation l'exigeait. Sa participation
à la vie démocratique et aux événements de financement
de la station le prouve largement." Selon un sondage réalisé
en avril 1996 par le Groupe Léger & Léger, CKRL MF rejoint
près de 100 000 très fidèles auditeurs et auditrices
- cinq fois plus qu'en 1973 - dont les deux tiers possèdent une formation
collégiale ou universiaire.
L'encouragement tangible du public a certes contribué au surnagement du 89,1 au-dessus du continuel remous de sa précarité financière, qui persiste en dépit d'un budget de fonctionnement avoisinant les 350 000 $ (la première année, celui-ci se chiffrait à 50 000 $). Les sources de financement de la station proviennent actuellement en grande partie (60 %) des revenus dits autonomes (publicité, entre autres), des subventions de tous ordres (30 %), notamment du Programme d'aide aux médias communautaires du ministère de la Culture et des Communications du Québec et de divers programmes fédéraux et provinciaux de subvention d'aide à l'emploi et à la formation professionnelle, et du membership (10 %).
Genèse d'une onde de choc
Au fil des ans, tous ces partenaires ont accompagné avec bienveillance,
dans sa fragile croissance, un média radiophonique qui est parvenu
à trouver sa "voix" dans le monde de la radio la Vieille
Capitale. Il en est un, pourtant, qui l'a fécondé, qui a rendu
faciles ses premiers pas, et dont il faut aujourd'hui souligner l'indispensable
paternité: l'Université Laval.
Pour la petite histoire, rappelons qu'une équipe multidisciplinaire de huit étudiants de l'Université a élaboré le projet FM-Laval, en mai 1971, avec l'aide du programme Perspectives-Jeunesse. En octobre, ces derniers, Jean-Marc-Chouinard en tête, ont présenté un mémoire au Conseil canadien de la radio-télévision (CRTC) pour l'obtention d'un permis de radiodiffusion en modulation de fréquence pour la région de Québec. Ce permis a été accordé le 14 juillet 1972.
En espèces sonnantes
L'engagement de l'Université Laval a été capital -
dans les deux sens du terme - à l'époque. L'Université
avait en effet décidé de verser à Campus Laval FM inc.
une subvention de démarrage de 35 000 $ et de lui consentir un prêt
jusqu'à concurrence de 100 000 $ au taux régulier en vigueur.
Qui plus est, elle s'était non seulement engagée à
lui fournir les locaux nécessaires, mais à lui payer également
un subside annuel de fonctionnement pouvant atteindre 20 000 $, et ce pour
une période de cinq ans.
Au-delà de toute convention signée entre les parties et du rôle de "soutien de famille" que l'Université a alors été appelée à jouer, l'état de santé de CKRL a reposé grandement, dans sa prime jeunesse, sur les épaules d'un tandem qui a sauvé les meubles à moult occasions. "Marcel G. Bourré est sans contredit, avec Jean-Louis Dubé, qui a été président de la Corporation pendant une décennie, l'un des grands héros obscurs de la survie de CKRL à l'Université Laval", confie l'historien Jean Provencher, un bénévole de la première heure qui a participé à fond, depuis, à l'administration et à la programmation de la station. Grand-père, pour ainsi dire, de cette radio naissante, Marcel G. Bouré occupait la fonction d'adjoint au vice-recteur aux affaires administratives. Marcel G. Bourré et Jean-Louis Dubé, vaillants qui ont fait des pieds et des mains pour le maintenir CKRL à flot, sont aujourd'hui décédés.
Radio-incubateur, radio-école, radio-tremplin - pour reprendre ici les expressions de Jean-Pierre Bédard -, bouillon de cultures, élargisseur d'horizons, découvreur d'îles désertes: le 89,1 peut se voir accoler toutes les étiquettes, car il respire encore du passage des quelque 3 000 bénévoles qui lui ont insufflé la créativité débordante de leur libre expression.