26 février 1998 |
Des chercheurs du Centre de recherche en géomatique ont produit un modèle pour déterminer la température à partir d'images satellites. L'Andalousie est preneuse.
L'Institut des recherches environnementales d'Andalousie va utiliser un modèle mis au point par des chercheurs du Centre de recherche en géomatique (CRG) de l'Université Laval dans ses opérations courantes de suivi climatologique. "Ce modèle permet de déterminer, avec une précision d'environ 2 degrés Celsius, les températures de l'air de régions dépourvues de stations de relevés météorologiques, explique le professeur Alain Viau, du Département des sciences géomatiques. Auparavant, il fallait interpoler les températures à partir des mesures enregistrées dans les plus proches stations, ce qui introduisait une imprécision dans les modèles d'intervention."
Les données de température générées par le modèle serviront à mieux planifier les interventions en matière de protection des cultures et des forêts de même qu'à assurer une gestion plus serrée de l'eau. "Au cours des dernières années, l'Andalousie a connu des périodes de sécheresse, poursuit Alain Viau. Comme l'eau n'est pas très abondante dans cette région de l'Espagne, il faut bien planifier l'usage qu'on fait de cette ressource. La méthode traditionnelle d'interpolation des températures ne donnait pas une information suffisamment précise."
Le projet réalisé en Andalousie a fait ses premiers pas dans la vallée du Saint-Laurent avant d'être mis à l'épreuve sous le soleil andalou. "Je mène des projets avec la Communauté européenne depuis six ans, précise Alain Viau. Ce projet a été réalisé dans le cadre de l'entente qui lie le Centre de recherche en géomatique et le Centre commun de recherche de la Communauté européenne."
Pour adapter le modèle aux couleurs de l'Andalousie, France Paquet et Alain Viau du CRG et leur collègue Jürgen Vogt du Centre commun de recherche ont utilisé les relevés de température provenant de 31 stations météorologiques andalouses ainsi que les images obtenues par le satellite américain NOAA qui couvre l'entièreté du globe. "Nous avons comparé la température de l'air enregistrée par les stations avec la température de brillance extraite des images et des données de deux canaux thermiques fournies par le satellite, explique Alain Viau. Le modèle prend en ligne de compte le type de surface (végétation, sol nu, relief) qui se trouve là. Ça nous donne un reflet de la réalité du terrain de sorte que la température de brillance traduit avec précision la température de l'air." Les résultats des travaux des trois chercheurs paraissent dans le dernier numéro de la revue scientifique International Journal of Climatology.
Le satellite NOAA n'effectue que deux passages quotidiens au-dessus de la Terre. L'Andalousie, une région peu économe de ciel bleu, s'avère donc une terre de prédilection pour le modèle développé au CRG. Alain Viau garde cependant bon espoir de produire un modèle similaire mieux adapté aux conditions du Québec. Un satellite qui fournit des images aux quinze minutes devrait pouvoir trouver un trou dans les nuages québécois.