26 février 1998 |
Le budget fédéral et l'éducation
Les dirigeants des universités canadiennes et québécoises ont fait connaître, hier, leurs réactions à l'important volet "éducation" du budget fédéral 1998 déposé lundi par le ministre des Finances, Paul Martin. Ce budget annonce notamment la création d'un fonds de bourses d'études de 2,5 milliards de dollars, une hausse du financement des conseils subventionnaires de recherche, ainsi que diverses mesures d'aide aux étudiants: crédit d'impôt applicable aux intérêts versés sur les prêts étudiants, franchise d'impôt pour les RÉER en cas de retour aux études, subvention à un régime enregistré d'épargne-études.
"Ce budget reconnaît clairement l'importance que revêtent l'apprentissage et l'innovation dans la nouvelle société du savoir, constate, par voie de communiqué, l'Association des universités et collèges du Canada (AUCC). Le gouvernement fédéral a fait de l'investissement dans le savoir et de l'accessibilité aux études post-secondaires deux de ses plus importantes priorités. Nous applaudissons à son initiative."
"Il est difficile, dans l'état actuel de nos connaissances, d'apprécier tant la signification que l'impact de certaines des mesures d'aide aux étudiants, notamment celles à caractère fiscal", fait valoir de son côté la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CRÉPUQ), qui se dit par ailleurs très satisfaite de la décision d'Ottawa d'injecter 405 millions de dollars dans le CRSH, le CRM et le CRSNG au cours des deux prochaines années.
En ce qui a trait à la Fondation canadienne des bourses du millénaire, la CRÉPUQ signale à nouveau qu'une application uniforme du programme envisagé risquerait fort de ne pas atteindre ses buts. "La mission de base des établissements du Québec est présentement en péril à la suite des compressions imposées par Québec, lesquelles découlent notamment de la diminution des paiements de transferts aux provinces", fait valoir la CRÉPUQ, qui rappelle que l'aide financière aux étudiants constitue un volet essentiel des politiques éducatives dont les provinces ont la responsabilité. "Les universités québécoises réitèrent l'invitation qu'elles adressaient récemment aux gouvernements à trouver l'imagination et la souplesse nécessaires à l'application de solutions permettant de procéder dans l'harmonie et de maximiser le rendement sur les sommes investies", conclut la CRÉPUQ.
Le recteur de l'Université Laval, François Tavenas, s'est dit heureux, lui aussi, de la décision du gouvernement fédéral d'augmenter le financement des trois conseils subventionnaires de recherche. Au sujet des bourses du millénaire, il estime que "tous ces programmes devront s'arrimer aux structures déjà existantes au Québec". "L'endettement moyen des étudiants québécois est plus bas que celui des étudiants des autres provinces, signale-t-il. Par ailleurs, notre système de prêts et bourses est reconnu comme étant le meilleur au Canada. Toutes ces considérations devront être prises en compte dans l'établissement de ce nouveau programme." François Tavenas a également salué l'annonce de mesures d'allégement fiscal pour les étudiants. Selon lui, ces dernières mesures sont "porteuses d'avenir et ne peuvent qu'aider la cause de l'éducation au Québec."
"Le gouvernement fédéral a éliminé son
déficit sur le dos des provinces et les interventions qu'il envisage
dans le secteur de l'éducation, une compétence provinciale,
sont la marque d'un fédéralisme prédateur et abuseur",
a lancé pour sa part le ministre québécois des Finances,
Bernard Landry, en demandant une hausse des transferts fédéraux
pour administrer directement les programmes d'aide aux étudiants.