19 février 1998 |
Concert-bénéfice
La nouvelle salle Henri-Gagnon inaugurée le 27 février par le meilleur pianiste canadien de sa génération.
Le 27 février, à 20 h, à la (nouvelle) salle Henri-Gagnon du pavillon Louis-Jacques-Casault, le pianiste de renommée internationale Louis Lortie donnera un concert dont les mélomanes risquent de se souvenir longtemps. En effet, celui qui est d'ores et déjà considéré comme le meilleur pianiste canadien de sa génération jouera quatre sonates de Beethoven, un compositeur qu'il connaît sur le bout des doigts - si on peut dire - mais dont il devrait révéler encore davantage le génie et la richesse grâce à sa virtuosité et à sa grande sensibilité artistique (voir le programme en page 12).
Ayant eu la chance d'entendre Louis Lortie en concert, il y a de cela plusieurs années, le doyen de la Faculté de musique, Raymond Ringuette, se souvient encore de l'émotion ressentie alors. "Cétait un moment de pure magie, raconte-t-il. Il y avait une telle émotion et une telle pureté dans l'air que cela tenait du prodige. Louis Lortie possède cette capacité rare de maîtriser parfaitement les difficultés techniques - nous parlons ici de haute voltige - tout en faisant preuve d'une immense profondeur humaine dans son interprétation. En fait, des pianistes de sa trempe sont très rares."
Diplômé de l'École de musique Wilfrid-Pelletier puis de l'École normale de musique de Montréal, Louis Lortie s'illustre, à 13 ans seulement, avec l'Orchestre symphonique de Montréal. Premier Prix du concours de musique du Canada et du Concours national de la Société Radio-Canada, il est également récipiendaire du Prix Leeds et du Prix Busoni. En plus de jouer avec les plus grands orchestres du monde, cet artiste hors du commun a participé à de nombreux festivals, tant au Canada qu'à l'étranger. Le spectre de son répertoire est très large et la qualité exceptionnelle de ses prestations et de ses enregistrements musicaux lui ont valu de nombreux prix. En 1991, il méritait le Edison Award pour l'enregistrement d'une oeuvre de Beethoven. L'année suivante, il était élevé au rang d'Officier de l'Ordre du Canada.
Le maître de musique
Parmi ses nombreuses prestations avec l'Orchestre symphonique de Montréal,
on retrouve le célèbre enregistrement de Rhapsody
in Blue de George Gershwin, sous la direction de Charles Dutoit.
Récemment, Louis Lortie a fait ses débuts avec l'Orchestre
philarmonique de New York, en plus d'avoir été invité
à diriger le séminaire annuel de l'Académie internationale
de piano de Imola, en Italie, qui porte sur les 52 Sonates pour
piano de Beethoven. En 1997, l'Université Laval lui a décerné
un doctorat en musique honoris causa.
Si le coût des billets de ce concert-bénéfice (100 $) - dont les profits serviront à la création d'un Fonds de la Faculté de musique - peut paraître élevé de prime abord, il demeure que les personnes qui auront la chance d'y assister vivront une expérience unique, estime Raymond Ringuette: "Comme la salle ne compte que 240 places et que celles-ci sont toutes en contre-plongée, il y aura un climat d'intimité exceptionnel entre le public et le pianiste. En fait, ce seront toutes de bonnes places, chose rare dans une salle de concert." Selon le doyen de la Faculté de musique, ce concert devrait compter parmi les événements musicaux à ne pas manquer cette année, Louis Lortie ne se produisant qu'une seule et unique fois à Québec en 1998.
Un espace sacré
Ce concert inaugurera officiellement la salle Henri-Gagnon, complètement
rénovée pour les besoins de la cause, soit celle d'offrir
aux étudiantes et étudiants de la Faculté de musique
une salle de répétition à la hauteur de leurs attentes,
en même temps qu'une salle de concert où puisse vibrer et
s'épanouir la musique. "Avant tout, nous souhaitions redonner
l'esprit du lieu à cet espace jadis sacré", explique
l'architecte Pierre Thibault, qui a orchestré les mouvements de la
rénovation de la salle, de concert avec le doyen de la Faculté
de musique. "Comme nous ne disposions que d'un modeste budget de 500
000 $, il fallait tirer le maximum d'effets d'un minimum de ressources,
la prémisse étant que nous voulions qu'une impression de chaleur
se dégage de l'ensemble."
Quand il parle de sauvegarder l'esprit du lieu, ce diplômé de l'École d'architecture de l'Université Laval (1982) et lauréat du prestigieux Prix de Rome 1997 en architecture du Conseil des Arts du Canada - fait référence à ce qui était autrefois la chapelle du Grand Séminaire (aujourd'hui pavillon Louis-Jacques-Casault), réaménagée en 1978 pour y loger la Maison des archives. "De la même façon que l'architecte du Grand Séminaire, Ernest Cormier, avait imaginé un scénario de déambulations propice à la rencontre avec Dieu, nous avons voulu concevoir des espaces disposant les personnes à une rencontre avec la musique, dit Pierre Thibault. Essentiellement, nous voulions donner toute la place à la musique, afin qu'elle puisse vivre pleinement et que les gens se sentent littéralement envahis par elle."
Résultat de cette rénovation placée sous le signe de l'intelligence et de la réflexion: un hall accueillant, une scène immense laissée au bois naturel, des couleurs chaudes, une acoustique améliorée, des éclairages inspirés et des sièges plus que confortables. Ceux et celles qui gardent un mauvais souvenir de leur visite à "l'ancienne" salle Henri-Gagnon feraient bien d'aller y faire un tour, non seulement pour voir, mais pour y entendre.
Les billets pour le concert de Louis Lortie sont en vente au Secrétariat de la Faculté de musique, au 3e étage du pavillon Louis-Jacques-Casault. Pour information: 656-5742.