19 février 1998 |
Pas besoin d'être deux pour être heureux, croit le psychologue Denis Garneau.
Exit la Saint-Valentin. "L'amitié vaut bien la passion. Bien des personnes vivent heureuses sans être en couple." En ce temps de l'épanchement annuel institutionnalisé par le calendrier des dates mercantiles où le roucoulement amoureux s'affiche toutes vitrines devant, Denis Garneau pointe du doigt cette société dualiste qui nous submerge de messages subliminaux du type: "Soyez heureux, soyez en couple."
"L'admiration, l'affection réciproque - en dehors de toute relation amoureuse - valent bien la passion, reprend le psychologue du Service d'orientation et de counseling de l'Université Laval. Ce sont là notamment d'autres façons d'investir l'amour."
Un pouvoir régénérateur
L'amitié représente, selon lui, un bon coupe-angoisse, un
excellent antidote contre le dur problème de la solitude. Créer
plusieurs liens peut même réduire le danger d'être frappé
trop rudement par un choc majeur comme un deuil, une rupture ou un problème
au travail, juge-t-il.
"Qu'ils soient tissés avec un bon copain, une bonne copine, un ou une collègue, un ami ou une amie de la famille, ou un ami ou une intime, ces liens significatifs - appréciés à leur juste valeur - possèdent un pouvoir régénérateur de vie, car ils donnent de l'élan, nourrissent et rendent l'existence plus humaine", constate Denis Garneau.
Complicité recherchée
Encore faut-il savoir avec qui l'on souhaite partager cette "volonté
de rapprochement réciproque". Pour le psychologue du SORC, celle-ci
doit d'abord reposer sur ce préalable fondamental que constitue "la
confiance en ses capacités de choisir avec qui s'investir".
Ce genre de démarche demandera que l'on investisse du temps.
Aux dires de Denis Garneau, l'approche sélective implique qu'il faudra aussi relever les faits objectifs concernant la personne visée et les traiter avec détachement pour en arriver à se faire d'elle une opinion valable, à partir d'indicateurs comme sa provenance, son évolution, sa capacité de prendre soin de l'autre, le degré de complicité intellectuelle et de complicité de coeur ressenti vis-à-vis de l'individu ciblé.
"Il faut prendre conscience également que personne ne peut nous satisfaire à cent pour cent, et garder en mémoire qu'il faudra parfois assumer des manques, des espaces vides avec chacun, même avec notre meilleur ami ou meilleure amie", prévient le psychologue.