12 février 1998 |
Des chercheurs de la Faculté de médecine démontrent l'efficacité de médicaments antiviraux pour prévenir la récidive des feux sauvages chez les skieurs.
La médecine ne gagnera peut-être pas la guerre contre les feux sauvages mais elle a gagné une bataille. En effet, des tests effectués par Alain Martel, du Centre de recherche en infectiologie (Faculté de médecine), viennent de démontrer qu'il était possible de prévenir l'apparition de feux sauvages en appliquant un médicament antiviral sur les lèvres. L'étude a été réalisée chez un groupe de près de 200 skieurs recrutés dans sept centres de ski alpin d'Amérique du Nord. "Les skieurs sont particulièrement vulnérables à l'herpès labial parce qu'ils s'exposent au soleil pendant de longues heures, précise le chercheur. L'exposition aux rayons ultraviolets est l'un des facteurs qui déclenche la multiplication du virus."
L'utilisation de la crème antivirale a diminué de moitié (de 40 % à 21 %) les risques d'apparition de feux sauvages suite à une exposition au soleil. Une autre étude (sous presse) rapporte des résultats encore plus convaincants pour un antiviral pris sous forme de comprimé. Il ne s'agit pas d'un traitement pour les feux sauvages, insiste Alain Martel, mais bien d'un médicament pour prévenir leur apparition.
Virus garanti à vie
Le virus qui cause l'herpès labial est très répandu
à travers le monde. Environ 80 % des adultes d'Amérique du
Nord en sont infectés; en Italie, ce taux grimpe à 100 %.
"Après la première infection, le virus reste dans notre
organisme pendant toute notre vie, explique Alain Martel. On ne le réattrappe
pas en buvant dans le verre d'un autre. Le virus demeure à l'état
latent dans des cellules nerveuses dont les terminaisons se rendent jusqu'aux
lèvres jusqu'à ce qu'un élément comme le stress,
les rayons ultraviolets, la fièvre, une intervention dentaire, ou
même le chocolat, réactive sa multiplication."
La multiplication du virus entraîne, chez certains, l'apparition d'un feu sauvage qui cause plus de désagréments que de mal. Chez d'autres, elle provoque des symptômes semblables au rhume ou à la grippe ou encore une pharyngite ou une infection des gencives. Après quelques jours, notre système immunitaire finit par prendre le dessus; le virus retourne alors se terrer, en état de latence, dans les cellules nerveuses, à l'abri des anticorps, en attendant le signal de la prochaine invasion.
Ce signal peut ne plus jamais venir ou il peut sonner à tous les mois. "Certaines personnes viennent me voir en me disant que dès qu'elles vont dans le Sud, c'est certain qu'elles vont avoir un feu sauvage, dit Alain Martel. Ça gâche des vacances. En utilisant des médicaments antiviraux avant de s'exposer au facteur qui déclenche la multiplication du virus, ces personnes peuvent maintenant prévenir l'apparition de feux sauvages."
Les chercheurs n'ont eu aucune difficulté à recruter des skieurs prêts à participer à l'étude. "La réponse a dépassé toutes nos espérances, dit Alain Martel. On sentait que les gens qui ont à vivre continuellement avec ce problème étaient contents que quelqu'un s'occupe enfin d'eux." L'étude d'Alain Martel et de ses collègues Raborn, Grace et McGaw est publiée dans le numéro de décembre de Oral Surgery, Oral Medicine, Oral Pathology, Oral Radiology and Endodontics.