5 février 1998 |
Sylvain Bouchard, Guido Visser, Isabelle Doucet, Patrick Bouchard et François Drolet partent pour la gloire en patinage de vitesse et en ski de fond.
Les étudiants de l'Université Laval occupent une place exceptionnelle au sein de l'équipe canadienne de patinage de vitesse qui participera aux Jeux Olympiques de Nagano puisqu'ils forment, à eux seuls, le quart de cette équipe de 16 athlètes. Sylvain Bouchard, Patrick Bouchard et Isabelle Doucet auraient de bonnes chances de ramener des médailles de leur voyage au Japon, tout comme les deux autres athlètes-étudiants sélectionnés, François Drolet (patin de vitesse en courte piste) et Guido Visser(ski de fond), au meilleur de leur forme.
Chacun sait que la préparation physique et mentale pour des Jeux Olympiques représente une charge de travail colossale pour les athlètes. Mais lorsqu'en plus ces derniers poursuivent des études universitaires, cela frise l'exploit pur et simple. Pris par des compétitions et des entraînements aux quatres coins de la planète, la plupart de ces sportifs de haut niveau étalent leur scolarité et obtiennent des aménagements particuliers auprès de leurs professeurs. Guido Visser, candidat à la maîtrise de génie mécanique, a ainsi pu différer certains travaux, tandis qu'Isabelle Doucet, qui prépare un baccalauréat en kinésiologie, emporte avec elle livres et plans de cours et subira ses examens au retour.
Étudier sur le bord de la piste
"J'ai essayé, par le passé, d'arrêter complètement
mes études pour me concentrer uniquement sur le patin, explique Isabelle
Doucet. Mais, en fait, la pression devient trop forte lorsque je me consacre
exclusivement à la compétition. Je préfère donc
prendre quatre cours et étudier tout en m'entraînant."
D'autant plus, que le contenu de ses manuels l'aide parfois à améliorer
sa progression ou à mieux comprendre les conseils de ses entraîneurs.
Sélectionnée un peu à la dernière minute, cette
jeune patineuse, qui se classe parmi les douze meilleures au monde, ne se
fixe pas d'objectifs précis à atteindre lors de l'épreuve
de 1 500 mètres qui l'attend à Nagano. Par contre, elle sait
déjà qu'elle souhaite ne pas être trop loin du podium
aux Jeux de 2002, à Salt Lake City.
Tenace, perséverante, disciplinée, cette athlète de 23 ans a prouvé, lors des sélections de la dernière chance à Calgary pour participer à l'équipe canadienne olympique, début janvier, qu'elle pouvait résister à une forte pression. Elle a réussi à boucler la distance de 1 500 mètres en retranchant deux secondes à son meilleur temps, battant son adversaire de quelques dixièmes de secondes. Une véritable performance pour cette patineuse qui a mis plusieurs mois à s'adapter aux nouveaux patins "Clap", adoptés par l'équipe canadienne en juin dernier. Ce type de patin permet en effet aux coureurs de glisser plus longtemps sur la glace, mais exige de leur part de pousser autrement sur leurs pieds. Plusieurs records du monde en longue piste pourraient tomber à Nagano grâce à cette nouvelle technologie. Les patineurs canadiens ont toutes les chances de tirer parti de leur expérience sur "Clap", car plusieurs de leurs adversaires n'ont adopté que tardivement ce patin récemment développé.
Sylvain Bouchard, qui participera à l'épreuve des 500 mètres le 8 février, puis au 1 000 mètres cinq jours plus tard, représente un des meilleurs espoirs de l'équipe canadienne, capable de tirer tous les avantages possibles de la nouvelle glisse. Cet étudiant au baccalauréat en gestion informatique, qui a commencé à pratiquer le patin de vitesse à l'âge de 5 ans, espère bien terminer sa carrière en beauté en remportant une médaille lors des épreuves du 1000 mètres. Détenteur du record du monde sur cette distance en 1995, et ayant terminé cinquième lors des Jeux olympiques de Lillehammer, il possède l'avantage indéniable de connaître le déroulement de ce type de compétition. Cela ne l'empêche pas de partir confiant aussi pour le 500 mètres, puisque ce champion canadien en 1995 et 1996 a grandement amélioré sa technique de départ.
Comment s'entraîner sans glace?
Tributaires des conditions climatiques, les patineurs de vitesse disposent
d'ailleurs de peu de temps dans l'année pour se perfectionner et
corriger d'éventuels défauts. La saison démarre assez
tard, car l'anneau de glace Gaétan-Boucher à Sainte-Foy, lieu
principal de l'entraînement, n'ouvre qu'en novembre. Dès l'automne,
les athlètes partent donc pour Calgary où les équipements
sont disponibles plus tôt. Pour combler les cinq mois de morte-saison
sans glace, ils s'entraînent également beacoup en salle afin
de développer leur musculation et leur puissance, deux qualités
indispensables à un patineur de vitesse sur longue piste.
Cette année, Raymond Veillette, un entraîneur d'Altus-Sport qui utilise les équipements du PEPS, leur a concocté un programme spécialement adapté à leurs besoins. "Nous avons misé sur des exercices très spécifiques reproduisant par exemple l'angle de flexion de la cuisse, car ils patinent très penchés, ou simulant la gestuelle de départ, indique-t-il. Même si les patineurs évoluent sur la piste d'athlétisme et non sur la glace, on peut très bien mesurer la distance entre les premières foulées, pour les corriger éventuellement, ainsi que surveiller la position des bras qui joue un rôle très important durant la course."
L'épreuve-reine des Jeux d'hiver
Comme les autrea athlètes à Nagano, le fondeur Guido Visser
a dû, lui aussi, développer des alternatives pour s'entraîner
tout au long de l'année. L'été, cet étudiant
en génie mécanique profite de nombreux stages sur les glaciers
albertains pour pratiquer le ski de fond. En dehors de ces séjours
ponctuels, il consacre près de vingt heures par semaine au ski à
roulettes et au vélo de montagne. Un sport dans lequel il excelle,
par ailleurs, puiqu'il va tenter de se qualifier pour le Championnat du
monde au Mont Sainte-Anne, l'été prochain.
Le jeune athlète, qui en début de saison a remporté les deux premières étapes de la Coupe Canada et a terminé troisième aux Essais olympiques de Valcartier, vise une place parmi les 40 premiers à Nagano lors des épreuves individuelles, et espère peut-être figurer dans les huit premiers arrivés pour le relais. Il sait pertinemment, en effet, que l'obtention d'une médaille constitue presque un idéal inaccessible dans ce sport extrêmement compétitif, considéré comme l'épreuve-reine des Jeux d'hiver.
Même si chacun des athlètes qui partipent à ces Jeux Olympiques sait pertinemment ce que signifient la persévérance et la constance dans l'effort, le patineur de vitesse Patrick Bouchard, étudiant à la maîtrise en génie électrique, a prouvé plus que tout autre qu'il croyait en ses capacités. Pendant plusieurs années, il a tellement investi dans l'amélioration de sa technique et de sa forme physique que ses résultats sportifs ont pu en souffrir car l'épuisement l'empêchait de gagner. Aujourd'hui, par contre, tous les espoirs sont permis puisqu'il a réussi à battre le gagnant de trois des quatres coupes du monde de la saison lors des épreuves de sélection des J.O. Qualifié pour le 500 et le 1000 mètres, Patrick Bouchard pourrait fort bien ramener une médaille qui lui ferait oublier les durs moments vécus dans le passé.
Enfin ce bref tableau des étudiants de Laval engagés dans les compétions des Jeux Olympiques ne serait pas complet si on n'y introduisait pas la colorée chevelure de François Drolet, ce patineur de vitesse sur courte piste qui se teint en bleu ou gris, en testant le vert au passage. Classé parmi les six meilleurs dans l'équipe canadienne, ce jeune étudiant au baccalauréat en sciences de l'administration vise une qualification aux semi-finales de l'épreuve du 500 mètres et du 1000 mètres, ainsi qu'une médaille pour le relais. Des épreuves qui se déroulent en groupe dans un aréna, et non sur une piste de 400 mètres contre la montre, comme pour le patin longue piste.
Fait exceptionnel, cet athlète de 25 ans qui, à quelques centièmes de seconde près, avait échoué dans ses précédentes tentatives de se qualifier pour les précédents Jeux Olympiques, a commencé très tard sa carrière en patin de vitesse. Hockeyeur jusqu'à 15 ans, il a succombé au charme du patin courte piste en venant perfectionner sa technique de patinage. Pendant des années, il a suivi un entraînement rigoureux, plusieurs heures par jour, pour finalement atteindre son rêve, une participation aux Jeux Olympiques. Cela mettra d'ailleurs un point d'orgue à sa carrière d'athlète, puisque François Drolet a décidé d'accrocher ses patins pour se consacrer à ses études, et finalement se lancer en affaires à l'issue de son baccalauréat. Rendez-vous, donc, sur vos chaînes de télévision préférées pour suivre en direct les exploits de ces athlètes, et vérifier si leurs multiples attentes se concrétisent .