5 février 1998 |
Soixante-deux gravures de 27 artistes latino américains célèbrent l'âme de ces "voisins du sud" que nous connaissons si mal. À la salle d'exposition du pavillon Alphone-Desjardins jusqu'au 20 février.
"Il n'y a pas d'art latino-américain." Alors qu'elle suivait un cours sur l'art contemporain à l'École des arts visuels au printemps 1996, Marcia M. Lorenzato a entendu cette phrase qui a vivement interpellé sa sensibilité d'artiste latino-américaine installée au Québec depuis 10 ans. Peu à peu, l'idée de présenter une exposition d'oeuvres d'artistes latino-américains a germé dans la tête de cette Brésilienne d'origine, qui complète cette année un baccalauréat en arts plastiques à l'Université Laval.
En collaboration avec Pauline Hébert, Carmen Lambert et Louise Lasnier, toutes trois étudiantes à l'École des arts visuels, Marcia M. Lorenzato a mis tout en oeuvre afin que les Québécois puissent constater de visu que l'art latino-américain existe bel et bien. Ces efforts concertés se sont traduits par la tenue de l'exposition Grabados & Gravuras ("gravures", en espagnol et en portugais) que le public peut admirer jusqu'au 20 février, à la salle d'exposition du pavillon Alphonse-Desjardins. Réunissant 27 artistes provenant de dix pays d'Amérique latine, l'exposition présente un total de 62 oeuvres.
"Cette exposition s'inscrit dans le cadre d'un projet réalisé annuellement depuis 1994 par Paulo Cheida Sans, artiste graveur reconnu internationalement et professeur à l'Université Pontificale Catholique de Campinas de Sao Paulo", explique Marcia M. Lorenzato, qui fut d'ailleurs l'élève de Paulo Cheida Sans, au Brésil. "D'année en année, les oeuvres changent mais le titre demeure le même. La tenue de cet événement - une première à Québec - vise à permettre la rencontre entre les deux points extrêmes de notre continent. À un moment où le Québec cherche à s'approcher de ses voisins en développant des liens commerciaux et des relations avec les gouvernements, il nous a semblé intéressant de présenter l'âme de ces peuples, par le biais de la création artistique."
Un fil conducteur
Selon Marcia M. Lorenzato, une quinzaine d'exposants présents à
cette exposition bénéficient d'une renommée internationale.
C'est le cas du Mexicain Ernesto Mallard, dont l'une des gravures, intitulée
"Croix et fiction de l'art", suggère littéralement
un art à l'agonie. Il y a cette gravure magnifique d'Olga Blinder,
du Paraguay, qui, à elle seule, vaut le déplacement: coiffée
du titre très significatif de "Attente inutile", l'oeuvre
montre une vieille femme dont le dos voûté et les mains suppliantes
renvoient à toute la misère du monde. Le Brésilien
Paulo Cheida Sans, lui, signe une oeuvre intitulée "Les papillons
et les confettis" dans laquelle la cravate - symbole du pouvoir - joue
un rôle très actif. Il y a aussi ces étranges "Fiancés
révolutionnaires" de Leonilda Gonzalez, de l'Uruguay, oeuvre
où règnent la méfiance et la suspicion.
"Que ce soit par les différentes techniques d'impression utilisées, le style des artistes ou encore leur provenance, la diversité constitue la marque de commerce de cette exposition, souligne Marcia M. Lorenzato. Mais un fil conducteur les réunit: la latinité du vécu, dont témoignent plusieurs oeuvres traitant de l'oppression." Toutefois, l'étudiante ne pense pas qu'on puisse qualifier l'art latino-américain d'art spécifique: "Comme tous les artistes du monde, les artistes latino-américains parlent une langue universelle, celle de l'art. Tant mieux si les gens trouvent qu'ils possèdent un caractère unique."
Les heures d'ouverture de la salle d'exposition du pavillon Alphonse Desjardins sont, du lundi au vendredi, de 9h à 17h.