5 février 1998 |
Une pédagogie progressivement transformée
à la suite d'une révision du "contrat" entre l'enseignant
et l'étudiant
Les membres du Conseil universitaire ont acquiescé, mardi, aux recommandations de la Commission des études, reprises par Claude Godbout, vice-recteur aux affaires académiques et étudiantes, dont l'une demande "d'adopter comme objectif à atteindre avant la fin du siècle l'instauration à l'Université Laval d'un climat favorable à la formation personnelle et d'établir les conditions nécessaires à l'instauration de ce climat".
L'Avis sur la formation personnelle que la Commission a soumis à la séance du CU du mardi 3 février reprend l'essentiel de son rapport d'étape de novembre 1997 et fait suite aux travaux et consultations que cette dernière a effectués de l'automne 1996 et de l'hiver 1997.
"L'Université se doit de fournir à la société les spécialistes dont elle a besoin; or, ces spécialistes seront peu utiles, à eux-mêmes et à la société, s'ils ne sont pas capables de faire valoir ou de partager leur savoir parce qu'ils ne peuvent pas le structurer ou le communiquer, parce qu'ils manquent tellement de confiance en eux-mêmes qu'ils n'osent pas parler, ou encore, parce que, ne sachant organiser leur emploi du temps, ils mènent rarement un projet à terme. De la même manière, si leur formation ne leur a pas donné une ouverture au changement, ils risqueront non seulement d'éprouver beaucoup de difficultés dans leur carrière, voire dans leur vie, mais aussi d'entraver le progrès dans leur discipline", peut-on lire dans le document.
Les bases d'une pédagogie transformée
La Commission des études mise donc sur une "pédagogie
transformée" à la suite d'une "révision du
contrat qui doit intervenir entre l'enseignant et l'étudiant".
Pour ce faire, elle émet six énoncés:
- le besoin d'insister auprès des enseignants et des étudiants sur l'importance de la formation personnelle;
- le rôle de modèle de l'enseignant, dont les qualités personnelles - esprit critique, ouverture d'esprit, éthique, rigueur, etc. - peuvent être une source d'inspiration pour l'étudiant;
- l'importance de personnaliser la formation, de se rapprocher de l'étudiant, de mettre en place des moyens qui facilitent les rapports professeurs/étudiants;
- l'intérêt de diversifier les formules pédagogiques utilisées et de favoriser les cours axés sur la participation et les activités de synthèse;
- la nécessité pour l'étudiant d'être encadré et soutenu par des personnes qualifiées tout au long de ses études;
- l'importance, enfin, de valoriser cette fonction de guide et d'accompagnateur au moins autant que celle de transmetteur de connaissances.
Mise en oeuvre progressive
"La Commission croit que la mise en oeuvre des moyens favorisant l'établissement
du climat requis pour atteindre ces objectifs doit être progressive",
a fait savoir sa présidente, Silvia Faitelson-Weiser. Et de préciser:
"Il faudra sans doute attendre encore quelque temps avant que la formation
personnelle ne devienne un élément omniprésent dans
la stratégie pédagogique de tous les professeurs."
La présidente n'envisage pas de proposer d'ailleurs des moyens précis qui pourraient s'appliquer tout de suite et de façon uniforme dans tous les programmes. La Commission des études a néanmoins inscrit à son tableau une série d'objectifs spécifiques (assortis de moyens) susceptibles d'améliorer la situation:
- sensibilisation du corps enseignant ("sensibiliser, entre autres, au caractère formateur des rapports professeurs/étudiants en dehors des cours et, par conséquent, à l'importance de la disponibilité des enseignants pour conseiller les étudiants sur toute question liée à leur projet de formation");
- formation du corps enseignant ("mettre à sa disposition des outils adaptés à leurs besoins";
- sensibilisation des étudiants ("à l'importance d'être l'agent principal de sa formation en y prenant une part active" "... de bien se connaître en prenant conscience de ses forces et de ses limites");
- reconnaissance du caractère formateur des activités de participation des étudiants à la vie universitaire;
- vérification de l'efficacité du programme quant à la formation personnelle;
- sensibilisation des ordres antérieurs d'enseignement ("signaler aux collèges les lacunes repérées de la façon la plus documentée possible").
La réalisation du plan d'action soumis dans l'Avis sur la formation personnelle de la Commission des études a été confiée au vice-recteur Claude Godbout.
"Il est clair que l'Université Laval affiche un bon résultat au volet de la participation étudiante. L'Université a développé une solide relation de partenariat avec les étudiants, des services qui favorisent la vie étudiante sur le campus et des moyens de mettre en valeur les activités parascolaires organisées par les étudiants. [...] Les unités d'enseignement et de recherche doivent, elles aussi, faire preuve de beaucoup de souplesse et d'intérêt quant à la vie universitaire (donner plus de temps et d'espace afin que puissent se réaliser dans les meilleures conditions possibles ces activités."
La Commission des affaires étudiantes a déposé, à la séance du Conseil universitaire du 3 février, ses deux derniers avis issus des travaux qu'elle a menés, depuis 1995, sur la participation étudiante à la vie universitaire.
Dans son Avis sur la participation des étudiantes et des étudiants à la vie université - "Un lieu de formation", la Commission recommande notamment à l'Université: de reconnaître officiellement l'importance de la participation étudiante; de prendre des moyens concrets pour favoriser la participation, comme l'aménagement d'une période libre d'une heure et demie pour tous, le midi, et l'arrangement d'espaces physiques attrayants pour les étudiants qui veulent se regrouper; d'élargir la Politique de reconnaissance de la participation étudiante afin que celle-ci "puisse tenir compte des activités liées au champ d'études et de celles qui ne se déroulent pas à l'intérieur même de l'Université, mais qui contribuent à son rayonnement"; de réviser au plus tôt les critères d'éligibilité des étudiants au Conseil d'administration et au Conseil universitaire pour prendre ainsi en considération la clientèle des étudiants à temps partiel.
De l'unité dans la diversité au 2e cycle
L'autre avis qu'ont reçu les membres du Conseil universitaire porte,
quant à lui, sur la dynamique entre professeurs et étudiants
au 2e cycle à l'Université Laval. Intitulé Harmoniser
la diversité et se fondant sur une enquête menée par
la Commission des affaires étudiantes, le document situe cette dymanique
au coeur même de la qualité de la formation des étudiants
à la maîtrise.
Après avoir esquissé les grandes lignes du portrait des répondants en fonction des paramètres âge et état civil, cheminement scolaire, conciliation études et autres activités, satisfaction vis-à-vis de l'enseignement reçu, encadrement du mémoire/essai, et après en avoir dégagé une dizaine d'observations générales, la Commission invite l'Université à donner suite à ses neuf recommandations.
En gros, on y demande, dans un premier temps, que le doyen de la Faculté des études supérieures et que le vice-recteur aux affaires académiques et étudiantes trouvent des moyens pédagogiques ou d'encadrement pour que les "différents profils" caractérisant la population étudiante de 2e cycle (travailleurs/non-travailleurs, boursiers/non-boursiers, parents/personnes sans enfant et les diverses strates d'âges) puissent atteindre les objectifs de leur programme d'études et s'assurer les meilleures chances de réussite.
On souhaite ensuite que les directions de programmes, les unités d'enseignement et de recherche, et les directions des départements et écoles prennent acte que 63 % des étudiants de maîtrise sont insatisfaits de l'éventail des cours offerts chaque trimestre et, par conséquent, qu'elles enrichissent et diversifient les modes d'enseignement, les activités pédagogiques et le contenu des cours appropriés aux études de 2e cycle.
La Commission des affaires étudiantes incite par ailleurs les unités d'enseignement et de recherche à faire place, pour l'enseignement, la direction de recherche et l'encadrement de stages, à la collaboration de nouvelles ressources, comme les chargés de cours, les professionnels de recherche, les professionnels actifs sur le marché du travail, les étudiants de 3e cycle, les professeurs d'autres universités et les personnes-ressources actives dans la communauté.
La Commission s'attend d'autre part à ce que les comités d'admission et de supervision accélèrent le processus d'attribution du directeur ou du conseiller dans tous les programmes de maîtrise, en particulier pour les programmes avec essais et stages. Qui plus est, on requiert desdits comités qu'ils offrent un accueil et un encadrement personnalisés pour que chaque étudiant de maîtrise soit en mesure de mieux "ajuster le rythme de ses études à sa situation personnelle", d'où de meilleures chances de réussite scolaire.