8 janvier 1998 |
L'École de service social vient de perdre une chercheure et une professeure compétente et estimée en la personne de Francine Ouellet, décédée le 2 janvier, à l'âge de 47 ans. Professeure titulaire à l'École de service social, Francine Ouellet était, depuis 1995, directrice du CRI-VIFF (Centre de recherche interdisciplinaire sur la violence familiale et la violence faite aux femmes), centre dont elle avait été la codirectrice dès sa création, en 1992. Depuis 1993, elle avait reçu de nombreuses subventions de recherche afin de travailler à des projets qui lui tenaient à coeur comme la violence psychologique entre conjoints et la violence faite aux femmes et aux familles.
"Francine Ouellet a initié les premiers travaux sur l'évaluation de l'efficacité d'un programme de traitement pour conjoints violents, rapporte l'un de ses collègues de travail, Jocelyn Lindsay, professeur à l'École de service social en membre du CRI-VIFF De plus, elle a été l'une des premières chercheures à se préoccuper de la signification de la violence psychologique en faisant parler des personnes qui en ont été victimes ou des auteurs spécialistes de la question. Finalement, c'était une personne très estimée de ses étudiants et étudiantes, autant en enseignement qu'en recherche."
La parole aux femmes
"C'était une femme très respectueuse des personnes
avec qui elle travaillait, affirme pour sa part Dominique Damant, professeure
à l'École de service social et également chercheure
au CRI-VIFF. Elle aimait beaucoup la vie et démontrait énormément
de générosité et de disponibilité envers ses
étudiants. Par exemple, je me souviens qu'elle avait fourni des meubles
et de la vaisselle à une étudiante provenant du Nouveau-Brunswick,
arrivée sans le sou à l'Université. Visiblement, le
bien-être des autres lui tenait à coeur."
Du côté professionnel, Francine Ouellet se distinguait par le souci de faire de la recherche appliquée, explique Dominique Damant. "Pour elle, il était essentiel que la recherche ait des retombées sur la pratique. Au Québec, c'est l'une des personnes qui a mis de l'avant la recherche évaluative. Plutôt que de faire des statistiques sur la violence faite aux femmes, elle croyait qu'il valait mieux faire parler ces femmes, en un mot, leur donner la parole, elles qui n'avaient jamais ou rarement l'occasion de s'exprimer."
Doyenne de la Faculté des sciences sociales, Lise Darveau-Fournier n'hésite pas à qualifier Francine Ouellet de "professeure modèle" faisant preuve d'une extrême disponibilité et d'une grande rigueur envers ses étudiants: "Toujours gaie et souriante, elle possédait des qualités rares de présence et de dévouement."