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8 janvier 1998 ![]() |
OÙ EST L'ÉTUDIANT(E) À L'UNIVERSITÉ LAVAL?
Dans une université il se passe beaucoup de choses importantes.
Les plus importantes sont celles qui se passent dans la dyade professeur-étudiant.
Dans le passé le discours officiel le reconnaissait en disant que
"...l'étudiant est la raison d'être de l'université".
Dans le nouvel énoncé de mission de l'Université Laval
(que l'on peut lire dans le rapport préliminaire présenté
au Conseil d'administration le 15 octobre 1997 par la Commission d'orientation)
on affirme que "L'Université Laval place l'étudiant au
coeur de ses préoccupations...".
Je devine une différence ici dans le discours. Dire de l'étudiant qu'il est la raison d'être de l'Université c'est non seulement affirmer une évidence, mais réaffirmer une vérité qui en a besoin. Dire que l'étudiant est au coeur des préoccupations ça me paraît plus faible. Pour moi ça sous-entend que l'étudiant n'est pas nécessairement le seul à occuper le coeur des préoccupations.
Mais pourquoi s'en faire puisqu'il ne s'agit que du discours officiel?
Le discours a-t-il vraiment des impacts sur la dure réalité
de l'administration au quotidien? J'aimerais tout de même suggérer
trois reformulations de l'énoncé de mission:
A) l'Université Laval place les finances au coeur de ses préoccupations,
ou
B) l'Université Laval place le nombre d'étudiants au coeur
de ses préoccupations, ou encore,
C) l'Université Laval est en mode survie, elle n'est plus en mesure
de placer l'étudiant au coeur de ses préoccupations.
Ce n'est pas une critique de l'équipe de direction actuelle ou de la précédente. C'est seulement une tentative de mieux représenter la réalité et d'oser dire la vérité. Si l'étudiant est vraiment au coeur des préoccupations, pour moi ça veut dire qu'à chaque fois que l'on s'apprête à prendre une décision on se pose la question: Est-ce que cette décision va améliorer le sort des étudiants? Est-ce le cas au Conseil universitaire (ou au Conseil d'administration)?
Si ce n'est pas le cas, on risque d'être tenté de mettre ça sur le dos des coupures. Ce serait une réaction compréhensible puisqu'il est vrai que les étudiants sont peut-être les premiers à payer le prix des coupures. La qualité de la formation est en effet très sensible à la diminution des ressources. Mais comme chaque étudiant ne séjourne que trois ou quatre ans à l'université, il n'est pas en mesure de détecter la détérioration de la qualité, donc le principal intéressé subit la situation en ignorance de cause. Par contre, mettre sur le dos des coupures le fait que l'on ne peut pas donner priorité à l'étudiant comme on le voudrait, serait à mon avis la pire des excuses. Je crois en effet que moins on a de ressources, plus il faut que l'étudiant occupe de place au coeur des préoccupations. C'est la définition même d'une université qui le commande et c'est l'avenir qui en dépend.
CYRILLE BARRETTE
Professeur
Département de biologie
L'INDUSTRIE DU TABAC EST CORROMPUE
Si nous avions les moyens d'entretenir une voiture de course de Formule 1, nous tapisserions chaque centimètre carré de sa carrosserie d'une vérité élémentaire: le tabac tue. Ceci ferait peut-être échec aux milliards que l'industrie du tabac dépense chaque année pour cacher les malheurs que provoquent ses produits derrière une attrayante façade d'événements sportifs et culturels commandités.
Autant de moyens qu'affectionnent les multinationales de la nicotine pour mieux persuader les jeunes, pendant qu'ils tombent sous le charme d'un spectacle, d'essayer de fumer. Comme nous ne pouvons nous payer ce bolide de Formule 1 pas plus que la séduisante publicité des beaux magazines, nous nous en tiendrons à rappeler quelques facettes des horreurs que suscite le tabagisme: la cigarette est la principale cause de morts prématurées évitables et il y a maintenant plus de 30 ans que nous le savons. Au Québec, le tabac cause plus de 10 000 décès chaque année! C'est le plus grand problème de santé publique de notre époque.
Le tabagisme provoque près d'un décès sur cinq et le quart de la mortalité survenant chez les personnes âgées de 35 à 64 ans lui est attribuable. La cigarette augmente considérablement le risque de souffrir de maladies cardio-vasculaires et d'accidents vasculaires cérébraux et de périr de mort subite. En plus de causer plus de 85 % des cancers du poumon, le tabagisme joue un rôle certain dans l'apparition des cancers de la bouche, du pharynx, du larynx, de l'oesophage, de l'estomac, du pancréas, du col de l'utérus, du rein, de l'uretère et de la vessie.
La cigarette cause près de 3 % de toute la mortalité provoquée par le cancer. Fumer la cigarette pendant la grossesse augmente le risque de fausse couche et réduit le poids des nouveau-nés. Le tabagisme accroît la fréquence des mort-nés et de la mortalité néonatale. La fumée de tabac dans l'environnement est dangereuse pour la santé publique plus particulièrement pour les enfants, chez qui elle augmente la fréquence de l'asthme.
Fumer impose un énorme fardeau à notre société. Aux milliers d'années de vie productives perdues inutilement au Québec à cause de morts prématurées, il faut ajouter les milliards payés en frais de santé sans oublier la souffrance des victimes et de leurs proches. Pendant ce temps, les jeunes du Québec continuent d'être à la merci d'une industrie corrompue qui consacre des ressources illimitées pour les accrocher au tabac. Le temps est venu de mettre fin à l'anomalie qui autorise une industrie sans scrupule à faire la promotion de produits causant la dépendance, les maladies et la mort. Il est de notre devoir professionnel de limiter la consommation du tabac et de réduire l'exposition à la fumée de tabac dans l'environnement.
À nos gouvernants revient l'obligation d'utiliser toute leur autorité pour réduire la principale menace pour la santé des Québécois. Nous appuyons l'intention du ministre Rochon d'intervenir sur le tabagisme. Le gouvernement du Québec mérite le soutien de tous les citoyens dans son projet de réglementer le tabac.
Plus d'une centaine de professeurs de médecine de l'Université Laval, de l'Université de Montréal, de l'Université de Sherbrooke et de l'Université McGill ont signé cette lettre.
LA CADEUL ENTRE APOLITISME ET LIGNE POLITIQUE
Dans sa lettre ouverte publiée le 2 décembre dernier dans le journal Impact Campus, M. Kevin Hébert défend grosso modo deux idées: les règlements de la CADEUL ne devraient pas empêcher des organisations telles que le PQ ou la coalition Y de noyauter ses assemblées générales; et de par ces dits nouveaux règlements, la CADEUL se trouve à suivre la tendance actuelle en matière d'idéologie, celle de la dépolitisation, s'enfermant de ce fait dans une stricte logique de services. Nous écrivons cette lettre parce que nous jugeons que M. Hébert a largement erré, et parce que ses illusions sont malheureusement partagées par un nombre croissant d'étudiants.
Défendre les intérêts et les points de vue de l'ensemble des étudiants du campus "est une chose impensable", soit; de même, nul ne saurait "prétendre travailler dans le sens de la représentativité absolue", re-soit, ne serait-ce que parce que la démocratie absolue ne s'est jamais vue et n'adviendra jamais. Nous sommes d'accord sur ce point. Mais il est abusif et simpliste d'invoquer cette vérité de La Palice pour justifier les interventions en force de certaines organisations dans les assemblées générales. En donnant plus de pouvoirs au Caucus des associations (composé, soit dit en passant, de membres élus en bonne et due forme), la CADEUL ne cherche qu'à avoir une idée plus juste de ce que veulent ses membres, idée que les assemblées ne peuvent plus lui donner, compte tenu des opérations de "bourrage" éhonté qui y sont monnaie courante et du déplorable mais bien réel "faible taux de participation des étudiants".
Il ne s'agit pas d'atteindre une représentativité absolue, mais la meilleure possible . L'utopie est plutôt du côté de ceux qui sont parvenus à se convaincre que les assemblées générales sont démocratiques par essence, et non parce qu'elles permettent à l'exécutif de mieux entendre l'ensemble de sa base. L'on a un sacré toupet d'accuser le C.E. d'être déconnecté de celle-ci dans sa gestion alors qu'il ne fait qu'exécuter les mandats que lui donne une assemblée générale qui, souvent, a peu à voir avec la volonté des membres dans leur ensemble. L'Assemblée de la CADEUL est une institution malade, et le droit de veto accordé aux associations est un remède qui promet d'être efficace, si l'on en croit les réactions des groupes politiques qui en pâtiraient. Pour la CADEUL, c'est tout simplement une question de crédibilité. Dès lors que l'on s'engage dans des démonstrations comme celle à laquelle s'est adonné M. Hébert, l'on cesse de défendre la démocratie pour faire la promotion des intérêts de groupements idéologiques particuliers. À qui profite en effet le statu quo, sinon à ceux qui s'en servent depuis des lustres pour faire triompher leurs propres causes? Voilà, M. Hébert, ce que nous appelerions, pour notre part, une "belle leçon de corporatisme".
En ce qui concerne, maintenant, la prétendue dépolitisation de la CADEUL, nous avons trouvé on ne peut plus ironique, tout de suite après avoir pris connaissance de l'avis public de M. Hébert, de tomber, à la page suivante, sur "Votre page CADEUL", qui annonçait les excellents résultats obtenus lors de la campagne "Signez ici X". Rappelons que cette pétition doit servir à rappeler au gouvernement ses engagements quant aux réformes touchant les frais de scolarité et l'aide financière accordée aux étudiants. Mentionnons au surplus qu'en dépit de ce qu'il avance lui-même sur la dépolitisation de notre Confédération, M. Hébert est forcé d'admettre qu'il reste toujours "des prétentions idéologiques non avouées" sous couvert de neutralité.
La conclusion, inévitable, en est que l'apolitisme de la CADEUL est une lubie, et que ce n'est que sa ligne politique qui déplaît à
M. Hébert. C'est peut-être ce qu'il y a de plus triste dans son papier et dans plusieurs commentaires acerbes que l'on a pu entendre à la dernière assemblée générale de la CADEUL. On s'invente une Confédération apolitique, déconnectée, qui ne fait pas vraiment partie du mouvement étudiant, qui ne défend pas nos intérêts, qui prend des airs de Léviathan, de Big Brother et qui, à en croire certains paranoïaques (dont M. Hébert ne fait pas partie, nous tenons à le préciser), est foncièrement malfaisante et autocratique. Il est à cet égard révélateur qu'à la dernière assemblée, un membre du PQ, pourtant farouchement opposé à l'adoption des nouveaux règlements, ait senti le besoin de réaffirmer sa confiance à l'endroit de l'exécutif tant la houle et l'opprobre se faisaient menaçantes.
Cette CADEUL n'existe pas en dehors des délires fantasmatiques d'un nombre trop grand d'étudiants qui n'y ont jamais mis les pieds, n'ont jamais parlé à l'un de ses officiers et n'ont par conséquent pas la moindre idée du travail colossal qu'ils effectuent afin, justement, que nous soyons représentés partout où nous devons l'être. Il reste néanmoins beaucoup plus facile de se cantonner dans de petits préjugés, et combien plus agréable de jouer les victimes...
JEAN-FRANÇOIS CLICHE
Étudiant au Département d'histoire