11 décembre 1997 |
Fondation canadienne pour l'innovation
Le gouvernement dit avoir l'appui des universités.
"Le Québec veut recevoir sa juste part du budget de la Fondation canadienne pour l'innovation, et décider lui-même à quels projets ces fonds doivent être affectés." C'est ce qu'ont déclaré lundi la ministre de l'Education, Pauline Marois, et le ministre de la Santé et des Services sociaux, Jean Rochon, qui ont précisé avoir en cela l'appui du monde de la recherche au sein du réseau de la Santé et des Services sociaux et des universités québécoises.
"Le 2 décembre, nous avons rencontré les dirigeants des établissements québécois d'enseignement universitaire qui nous ont assurés qu'ils partageaient le point de vue du gouvernement du Québec", a ajouté la ministre Marois. Rappelons que la Fondation canadienne pour l'innovation est une société autonome, créée par le gouvernement fédéral pour intervenir dans le développement de la recherche universitaire, notamment dans les domaines des sciences et de la santé.
"L'enseignement et la recherche universitaires sont de compétence québécoise. Il n'est donc pas question qu'une fondation mise sur pied par le gouvernement fédéral fasse, à notre place, des choix stratégiques sur les domaines à privilégier, chez nous, en matière de recherche", a fait valoir la ministre de l'Éducation.
De son côté, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Jean Rochon, a tenu à rappeler que les coupures effectuées dans les transferts fédéraux depuis la mise en place du nouveau programme fédéral (TCSPS) ont causé au Québec un manque à gagner récurrent de 1,4 milliard de dollars.
"Cette somme dépasse le budget de tous les centres d'accueil pour personnes âgées et de tous les centres hospitaliers de longue durée au Québec. Près de 75 % des compressions effectuées dans tout le secteur de la santé et des services sociaux correspondent à la réduction des transferts décrétée par le gouvernement fédéral pour réduire son déficit. Ce manque à gagner nous a obligés à rationaliser davantage, à faire d'importantes compressions dans nos secteurs respectifs sur des besoins vitaux, tant dans les hôpitaux que dans les écoles, dans les universités et dans le développement de la recherche, a ajouté Jean Rochon. Nous trouvons inacceptable qu'Ottawa vienne sélectionner des projets structurants pour les secteurs de la santé et de l'éducation, bousculer nos priorités, maintenant qu'il s'est dégagé une marge de manoeuvre à nos dépens, et contredire nos efforts."
"Le gouvernement fédéral met cette fondation sur pied à partir d'une cagnotte qu'il s'est constituée en coupant largement les vivres au Québec. Et maintenant, il revient par la porte d'en arrière et décide comment nous devrions gérer notre développement et nos priorités. La qualité et la renommée des universités québécoises prouvent, hors de tout doute, que le Québec sait faire les bons choix. Nous sommes assez grands et nous n'avons pas besoin qu'on décide pour nous de ce que nous devons faire ni de comment nous devons le faire", a souligné Pauline Marois.
Le gouvernement du Québec exige donc que la Fondation canadienne pour l'innovation réserve au Québec la part qui lui revient et qu'elle lui verse ce montant globalement. Les demandes des universités et des centres et instituts de recherche affiliés universitaires seront traitées par les mécanismes de sélection déjà existants au gouvernement du Québec et en fonction des priorités de développement des secteurs de la santé et de l'éducation. Les universités et les centres et instituts de recherche affiliés universitaires ne pourront transiger directement avec la Fondation et ce, afin d'éviter que les projets arrivent en ordre dispersé, sans tenir compte des priorités québécoises en matière de santé et d'éducation.
La démarche proposée lundi va permettre au Québec de réaffirmer l'exercice de son droit dans des champs de compétence qui lui sont exclusifs, la santé et l'éducation, dans le respect de ses priorités de recherche et de développement, en rendant justice au potentiel d'excellence et de créativité que recèle le milieu scientifique québécois.
"Qu'Ottawa se retire donc de nos domaines de compétence, mais qu'il nous donne notre argent. Quand les ressources sont rares, on ne les gaspille pas. Cet argent nous appartient et nous n'entendons pas y renoncer, mais l'utiliser dans le cadre de nos priorités, au bénéfice de l'innovation et de la recherche dans nos universités et nos centres et instituts de recherche affiliés universitaires. Si ce "pataugeage'' dans les compétences de chacun, c'est ça le nouveau fédéralisme promis au dernier référendum, nous avons très hâte au prochain'', ont conclu les ministres.