11 décembre 1997 |
Le temps des Fêtes peut devenir une occasion de réfléchir sur votre famille.
"Comment se fait-il que je sois si différent de mes soeurs et frères, nous avons eu les mêmes parents?" "Pourquoi je me sens si mal dans ma famille, alors que mes parents semblent heureux et qu'aucun événement tragique n'est venu bouleverser la dynamique familiale?"
La psychologue Louise Careau, du Service d'orientation et de counseling de l'Université, se rend compte régulièrement, au fil de ses nombreuses consultations, que la famille occupe encore une place importante dans la vie d'un étudiant ou d'une étudiante universitaire, et ce pour toutes sortes de raisons. Le temps des Fêtes, qui se pointe à nos portes et qui ramène habituellement les membres d'un même "troupeau" au bercail, devrait donc constituer pour les jeunes adultes aux études une occasion de réfléchir sur sa famille et sur soi, pense-t-elle.
Liens de cause à effet
Des questions existentielles comme celles citées en épigraphe
traduisent bien les liens effectifs... et affectifs qui rattachent - pour
le meilleur ou pour le pire - l'individu au giron qui l'a vu naître.
La famille est une source d'identité pour les enfants. "Comme
les premiers échanges sont façonnés par ce que nos
parents voient de nous, disent de nous ("T'es bien comme ta mère!"),
il arrive que des enfants aient de la difficulté à dégager
leur personnalité", explique Louise Careau.
La famille est leur premier milieu d'éducation, d'influence, de socialisation. C'est aussi un système avec ses règles et ses rôles propres (le raisonnable, le mouton noir, le clown, le gaffeur, le génie, le bizarre, le sportif, etc., illustre-t-elle). Selon la psychologue, plus les rôles sont cristallisés, plus la famille est mal en point parce qu'elle ne permet plus de liberté, de nouveauté.
"Si notre façon d'entrer en relation ou si les rôles rigides que nous nous sommes donnés viennent de notre famille et nous créent des difficultés, il ne faut pas être fataliste. Tout peut se changer. Il faut y voir une belle occasion de se développer, d'apprendre à se connaître et d'évoluer", soutient Louise Careau.
La clé de contact
La psychologue du Service d'orientation et de counseling prescrit alors:
de s'arrêter et d'être "attentif à soi", de
mettre des mots sur ce dont on prend conscience (pensées, émotions,
comportements); de faire des liens entre ses relations actuelles et ses
relations antérieures avec les membres de la famille; d'être
en contact avec son histoire personnelle, c'est-à-dire avec le rôle
appris au sein du "roman familial", ce qui permet d'être
plus souple et d'établir de meilleurs rapports avec autrui.
"Bien que souhaité, le changement sera plus ou moins facile à réaliser. Car il peut même mener à remettre en question une famille ou un parent idéalisé", révèle Louise Careau. Mais, en fin de compte, au bout d'un certain temps, l'exercice en aura valu la peine: il aura fait surgir le plaisir d'être davantage en relation avec soi, de ressentir plus de liberté, et aura fait la place à une meilleure estime de soi.