11 décembre 1997 |
Jusqu'au 21 décembre, à la Galerie des arts visuels, Louise Cloutier propose une sculpture enchevêtrée dont les fils méritent d'être tirés.
On dit souvent qu'en matière d'art, rien n'est plus inutile que le discours qui entoure l'oeuvre, celle-ci parlant d'elle-même. Pourtant, le commun des mortels est souvent dérouté devant le travail d'un artiste, n'arrivant pas à décoder le sens caché derrière l'énigme. Prenez par exemple "l'installation" que propose Louise Cloutier, professeure à l'École des arts visuels: de forme ovoïde, cette scupture constituée de 40 000 pieds de rotin torsadé et assemblé en une "méta-forme" constitue tout un mystère pour l'oeil et l'esprit. Si la matière est palpable et vivante sous les doigts, on s'interroge pourtant sur les motivations ayant incité l'artiste à se lancer dans une telle aventure. C'est à ce moment que le discours entre en jeu, parant l'oeuvre de ses plus beaux atours, sans toutefois lui enlever son charme et sa magie.
"Loin de moi l'idée d'avoir voulu faire de l'art conceptuel avec cette oeuvre, affirme Louise Cloutier. En fait, c'est en apercevant un petit tas de rotin sur une table qu'a germé en moi l'idée de faire quelque chose de plus vaste. Boucle par boucle, j'ai fait tremper le rotin dans l'eau pour ensuite l'entortiller sur une matrice en bois. Une fois le matériel séché, j'ai fait la sculpture, aidée dans ma démarche par quelques étudiants."
Un autre monde
Ces simples explications sur la genèse de l'oeuvre ont pour effet
d'attiser l'intérêt du visiteur qui se prend à tourner
autour de cette "sculpture de l'en-soi", de cette "métaphore
du vivant", afin d'en percer le mystère. Car mystère
il y a: transfigurée par la lumière, cette planète
de fils conducteurs projette des ombres claires et obscures sur le mur.
Un ruisseau coule, le vent souffle dans les arbres et l'imaginaire prend
son envol. "Je ne veux pas donner de message, dit simplement Louise
Cloutier. Juste dire que j'ai voulu concilier les contraires, comme la fragilité
et la densité, les valeurs féminines et masculines"
Parallèlement à cette sculpture dont le coeur de l'écheveau échappe, Louise Cloutier a voulu dire que le monde pouvait être "autre". Sur une membrane d'acétate polie - enveloppe de la sphère fragile?- elle a inscrit tous les noms des philosophes ayant marqué le monde du sceau de leur pensée, et ce, par ordre de leur entrée en scène sur la terre, en se basant sur le Petit Larousse 1995. Sur ce papier, peu de femmes figurent, comme si l'artiste - qui ne manque pas d'humour - avait voulu rendre l'absence historique des femmes en la matière, ou en tout cas, dans le dictionnaire... "Avec le fil des souvenirs, des émotions et de l'infini diversité des parcours, je veux tisser une membrane lumineuse, un tissu d'harmonie."
L'exposition est présentée jusqu'au 21 décembre, à la Galerie des arts visuels, au 255, boulevard. Charest Est. Les heures d'ouverture sont du mercredi au vendredi, de 9 h30 à 16 h et les samedis et dimanches, de 13 h à 16 h. Louise Cloutier est présente le dimanche après-midi.