4 décembre 1997 |
UN SAMEDI PASSIONNÉ
Je tiens à partager avec la communauté universitaire le plaisir et la fierté dont j'ai été envahie samedi dernier lorsque j'ai assisté au colloque organisé par la Faculté des sciences infirmières pour fêter les 30 ans de sciences infirmières à l'Université Laval. Par leur témoignage de formation pratique, étudiants, professeurs, chercheurs, chargés de cours, responsables de formation pratique et le personnel nous ont fait partager leur passion d'enseigner et d'étudier, leur passion de chercher et de diffuser les découvertes, leur passion d'accompagner, leur passion de soigner et leur passion d'échanger. Tout au long de la journée l'atmosphère était teintée de chaleur, d'ouverture, d'engagement et d'un profond sentiment d'appartenance.
Je me sentais tellement rejointe par cette volonté paisible d'affronter l'avenir, envers et contre tout. La morosité n'était pas au rendez-vous. Merci de m'avoir conviée à la fête.
Je profite de cette lettre pour demander aux unités de ce campus qui ont dans leur agenda une journée de réflexion-mobilisation (quelle qu'en soit l'occasion) de bien vouloir m'inviter. Ce serait une belle occasion de m'enrichir et, peut-être, de me donner des idées pour orienter les actions du Réseau de valorisation de l'enseignement.
FÉLICITATIONS À PAULINE MAROIS
En femme intelligente et très avisée, vous avez décidé d'instaurer l'apprentissage de l'anglais dès la 3e année du primaire. Vous désirez que tous les petits Québécois puissent concurrencer les petits anglophones, qui eux, apprennent le français. Depuis quelque temps, l'Ontario et les autres provinces multiplient les classes d'immersion dès la maternelle.
Vous êtes bien consciente que les Québécois parfaitement bilingues ont beaucoup plus de chance sur le marché du travail, que les unilingues québécois obsédés, aveuglés, par leur identité. Plusieurs séparatistes ne sont jamais sortis de la belle province. Voilà pourquoi, leurs idées sont si rétrogrades en ce qui concerne les langues.
Par exemple, en Europe, il n'est pas rare de rencontrer soit un Français, soit un Italien, qui possède au moins trois ou quatre langues. Leur identité n'est nullement menacée par cette ouverture sur le monde. Bien au contraire, au contact des autres cultures ils se raffinent davantage et enrichissent leur patrimoine.
Il faut bien avouer que cette fermeture aux diverses langues manifeste une insécurité maladive vis-à-vis la propre identité de certains Québécois... (pas tous). C'est pourquoi les groupes tels que la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, le Mouvement Estrien pour le français, et Impératif français veulent que l'anglais soit enseigné au secondaire... pas avant.
Faut-il être aveugle et déconnecté de la réalité pour raisonner ainsi!... En voulant retarder indûment l'apprentissage de l'anglais, ils limitent par le fait même la capacité des Québécois à faire face à la concurrence sur le marché du travail. Si on les écoutait... ces mêmes groupes chiâleraient (dans quelques années), contre les anglophones. Ils les accuseraient d'être favorisés, de nous humilier, de nous persécuter et de nous maintenir dans l'ignorance. Et voilà l'éternel concert de radotage qui reprendrait...
Pour employer une expression terre à terre, je dirais que l'identité ne se perd pas comme on perd son chapeau. Et plusieurs néo-québécois sont très à l'aise avec une triple identité: un Italien qui devient Québécois, et Canadien...
Tous ces organismes qui ne voient partout que des menaces au français, devraient peut-être se questionner sur la qualité du français des jeunes... Peut-être aussi réfléchir sur le pourquoi de l'emballement des jeunes envers les groupes comme les Rolling Stones, Back Street Boys et autres...
Il faut se rendre à l'évidence que le français n'est pas prioritaire et exclusif dans la culture et les goûts des jeunes. Ils sont plus américains que français, dans leur mentalité, leur habillement et leurs préférences. Et cela qu'on le veuille ou non, qu'on s'en aperçoive ou pas...