27 novembre 1997 |
À l'occasion de son 50e anniversaire, le Département d'histoire ouvre un centre d'animation scientifique.
À la fin des séances de séminaires de doctorat en histoire qu'il donnait à ses étudiantes et étudiants, Jacques Mathieu avait remarqué que ceux-ci se réunissaient immanquablement à la sortie de la classe afin d'échanger sur le contenu du cours ou sur leurs recherches respectives.
Afin que se poursuive cette "convivialité", le tout nouveau directeur du Département d'histoire a créé récemment un centre d'animation scientifique, à l'intention des finissants de 1er cycle et des étudiants de 2e et 3e cycles, et ce, en collaboration avec un jeune professeur, Donald Fyson. "L'idée était de permettre aux chercheurs de partager non seulement leurs difficultés, mais aussi leurs joies avec leurs consoeurs et confrères d'études, explique Jacques Mathieu. En cours de route, les étudiants connaissent tous les mêmes phases de découragement et d'angoisse, d'où l'idée de créer un lieu de paroles et d'appartenance."
Situé au 3262 du pavillon Charles-de Koninck, le centre comprend un bureau d'aide à la recherche et un bureau d'aide à la rédaction, ainsi qu'un lieu d'initiation aux nouvelles technologies de la communication. Toutes ces activités visent à créer un environnement favorable et stimulant pour les futurs historiens. L'inauguration officielle de ce centre de documentation a eu lieu dans le cadre des activités entourant le 50e anniversaire du Département d'histoire, connu avant 1971 sous le nom d'"Institut d'histoire".
Toute une histoire
Afin de favoriser l'arrimage entre les enseignements collégial et
universitaire, le Département d'histoire a formé, le mois
dernier, un comité de concertation avec des enseignants du cégep.
Formé des professeurs Michel Fortin, Bernard Lemelin et Joseph-Claude
Poulin, ce comité devrait soumettre un premier état de ses
travaux et réflexions à l'assemblée des professeurs,
au mois de décembre. Essentiellement, l'opération vise à
adapter les objectifs et contenus du Département à l'enseignement
reçu au collégial.
"Les jeunes d'aujourd'hui souffrent d'un mal de vivre incroyable, dit Jacques Mathieu. L'histoire leur permet de relativiser leur situation, en un mot, de prendre un recul par rapport à ce qu'ils vivent. Le passé donne un sens au présent et à l'avenir." Et de citer cet exemple d'une table ronde portant sur le marché de l'emploi pour les historiens, à laquelle assistaient des jeunes chercheurs plutôt anxieux face à leur avenir: "L'auteur d'une communication a commencé par citer un texte faisant référence à la surabondance de personnes surqualifiées et de travailleurs précaires maîtrisant un savoir inutile qui les confinaient dans les voies du parasitisme social. Finalement, les jeunes ont été surpris d'apprendre que ces propos concernaient les universités européennes entre 1575 et 1816."
Une formule à améliorer
En décembre 1995, le Département d'histoire a présenté
un mémoire au Groupe de travail sur l'enseignement de l'histoire
formé par le ministère de l'Éducation du Québec
et présidé par l'historien Jacques Lacoursière. Dans
cette étude intitulée "Le sens du passé",
les auteurs (Réal Bélanger, Martine Cardin, Jean Du Berger,
Richard Jones, Jacques Mathieu et Christine Piette) ont notamment recommandé
l'augmentation de l'enseignement en histoire à tous les niveaux scolaires,
la nécessité d'une compétence solide pour les enseignants
et enfin, la révision des contenus des programmes. La position du
Département sur le sens du passé dans la société
a également reçu un accueil positif de la part de la ministre
de l'Éducation, Pauline Marois, qui, dans sa Réforme, a placé
l'histoire au rang des matières de base.
"Il reste à l'Université le soin d'améliorer sa formule de formation des maîtres, souligne Jacques Mathieu. Actuellement, les étudiants en enseignement au primaire et en enseignement au secondaire bénéficient de 60 crédits en pédagogie et de 60 crédits dans deux autres disciplines. Nous croyons qu'il vaudrait mieux insister sur la matière proprement dite en l'occurrence l'histoire plutôt que sur la manière de l'enseigner. À cet égard, il nous paraît aussi inacceptable qu'intolérable que la formation scientifique des futurs maîtres soit inférieure à celle des animateurs pédagogiques dans les musées."