27 novembre 1997 |
Près de 180 bassins ou aquariums contenant entre 60 et 3 000 litres d'eau, une usine de contrôle et de traitement d'eau douce et d'eau salée, deux salles de culture d'algues et de bactéries ainsi qu'un système informatisé d'analyse et de contrôle de la température, de la photopériode, de la salinité, de l'oxygène et de l'acidité: voilà quelques-unes des caractéristiques impressionnantes du Laboratoire régional des sciences aquatiques (LARSA), inauguré officiellement hier, le 26 novembre, au pavillon Charles-Eugène-Marchand.
L'appareillage sophistiqué du LARSA permet de recréer les conditions qui prévalent aussi bien dans un lac des Laurentides que dans le golfe Saint-Laurent au large des Îles-de-la-Madeleine. Les responsables du laboratoire misent d'ailleurs sur cette grande polyvalence pour accueillir chez eux des chercheurs désireux de mener des projets de recherche et développement dans le domaine des sciences aquatiques, des pêches ou de l'aquiculture.
"L'ouverture du LARSA rend possible une foule de projets qui nous étaient tout simplement inaccessibles auparavant, explique Louis Bernatchez, professeur au Département de biologie et directeur du laboratoire. Dans la région de Québec seulement, plusieurs dizaines de chercheurs universitaires et de scientifiques à l'emploi de firmes privées vont pouvoir utiliser les installations pour tester des idées en recherche et développement." Le LARSA a pour mission de promouvoir la recherche fondamentale et appliquée en sciences aquatiques de même que la formation des chercheurs dans ces domaines. Les universitaires devraient former le principal groupe d'usagers, mais 20 % des installations sont mises à la disposition d'usagers externes, entre autres des firmes conseil actives en R & D.
Six ans dans l'ombre
Il aura fallu plus de six années de travail pour que le rêve
de doter la région de Québec d'un tel laboratoire se concrétise.
En 1991, l'instigateur du projet, Edwin Bourget, professeur au Département
de biologie, lance l'idée d'équiper l'Université d'un
laboratoire humide. Deux ans plus tard, à la suite de ses démarches
et de celles du vice-recteur aux services, Benoît Dumais, le Bureau
fédéral de développement régional et le ministère
de l'Enseignement supérieur et de la Science du Québec versent
respectivement 750 000 $ et 700 000 $ pour la construction du laboratoire.
Quelques mois plus tard, le professeur Bourget et dix collègues,
la plupart professeurs à l'Université, frappent à la
porte du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie
pour munir le laboratoire d'équipement scientifique. La démarche
porte fruit puisque le Conseil y va d'une subvention de 648 000 $. Enfin,
l'Université ajoute 620 000 $ pour compléter le financement
du projet.
Installé au deuxième sous-sol du pavillon Charles-Eugène-Marchand, le laboratoire couvre 700 mètres carrés de superficie. Fait singulier, les plans originaux du pavillon, inauguré en 1994, ne faisaient pas mention d'un laboratoire humide. "Nous avions prévu de l'espace pour d'éventuels laboratoires et le projet du LARSA s'est concrétisé pendant la construction du pavillon", signale Denis Rochon, du Vice-rectorat à l'administration et aux finances.
Contrairement à la Station aquicole de Pointe-au-Père ou à l'Institut Maurice-Lamontagne de Mont-Joli où l'eau, pompée du fleuve, circule en circuit ouvert, le LARSA dispose d'un système en circuit fermé. "Nous recirculons 99,9 % du débit d'eau grâce à un procédé de biofiltration. De plus, nous contrôlons continuellement les paramètres biophysiques de l'eau, explique Serge Higgins, responsable des opérations au LARSA. Les 23 unités fonctionnent indépendamment, de sorte qu'on peut programmer des conditions différentes dans chacune d'elles. Tout l'appareillage est relié à un système informatisé d'enregistrement des données et à un système d'alarme, si bien que si un problème survient au milieu de la nuit, nous en sommes aussitôt avisés."
Des poissons par milliers
Plusieurs projets sont présentement en cours au LARSA. L'équipe
de Joël de la Noüe, du Département des sciences animales,
mène des travaux visant à réduire les problème
de rejets minéraux dans les effluents des fermes piscicoles tout
en augmentant l'efficacité de la production. Louis Bernatchez et
son équipe travaillent à l'amélioration génétique
de l'omble de fontaine, du grand corégone et du doré jaune.
Deux de ces projets sont réalisés en partenariat avec l'Association
des aquiculteurs du Québec et la Ferme piscicole André Paquette
de Ferme-Neuve. Utilisées au maximum, les installations du LARSA
pourraient accueillir simultanément des centaines de milliers de
poissons. Le laboratoire apporte également sa contribution à
l'enseignement puisque des invertébrés marins de l'estuaire
du Saint-Laurent, gardés en captivité dans les bassins du
LARSA, sont utilisés dans les séances de travaux pratiques
en biologie.
Organisme coopératif, le LARSA espère atteindre l'autofinancement grâce au loyer versé par chaque usager en fonction de l'espace occupé par ses projets. Le LARSA est dirigé par un Conseil de gestion formé du président, Gilles Shooner, de Génivar Groupe Conseil, de Paul Picard, de Roche et associés, de Louis Bernatchez, Denis Bussières et Helga Guderley, de la Faculté des sciences et de génie, et de Joël de la Noüe, de la Faculté des sciences de l'agriculture et de l'alimentation.