27 novembre 1997 |
Le Réseau canadien sur l'étude du sperme boivin, auquel sont associés des chercheurs des universités Laval, de Montréal, McGill et Guelph, travaillera au cours des trois prochaines années à l'amélioration des biotechnologies de reproduction bovine.
Sous la direction du professeur Marc-André Sirard, de la Faculté des sciences de l'agriculture et de l'alimentation de l'Université Laval, le groupe de chercheurs vient de se voir accorder une subvention de 2,04 millions de dollars dans le cadre du programme "Université-Industrie" du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG). À l'intérieur de cette enveloppe budgétaire, l'entreprise commanditaire Semex Alliance contribue pour un montant de 1,08 million.
L'Honorable Pierre De Bané, au nom de l'Honorable John Manley, ministre de l'Industrie, le recteur de l'Université Laval, François Tavenas, et le président du CRSNG, Tom Brzustowksi, ont souligné cette annonce aujourd'hui en présence de tous les partenaires de ce nouveau regroupement.
" L'octroi de 960 000 $ de la part du CRSNG vient couronner les efforts de collaboration d'un groupe remarquable de chercheurs d'universités québécoises et ontariennes. Je suis assuré que ce projet aura des retombées importantes pour les partenaires industriels ", a declaré Tom Brzustowski, président du CRSNG.
Survie des spermatozoïdes
Les recherches de ce groupe, qui fonctionnera comme un réseau, porteront
particulièrement sur l'amélioration des conditions qui permettent
la survie des spermatozoïdes des taureaux après la décongélation.
Selon Marc-André Sirard, on congèle les spermatozoïdes de bovin depuis des décennies, mais plus de la moitié des cellules ne survivent pas à cette épreuve. Les cristaux de glace qui se forment durant la congélation viennent percer les membranes cellulaires de ces cellules minuscules et entraînent la mort de plusieurs de ces dernières en quelques heures.
Les spermatozoïdes doivent survivre plus d'une douzaine d'heures afin d'augmenter leur chance de remonter le tractus génital femelle et trouver l'ovule. Même si un seul spermatozoïde est nécessaire, il faut inséminer au moins 1 million de cellules dans l'utérus lorsqu'on utilise de la semence fraîche alors que 15 à 20 millions sont nécessaires si on fait subir un cycle de gel-dégel aux spermatozoïdes. "Présentement, on insémine environ 300 femelles avec un éjaculat de taureau et les nouvelles recherches effectuées devraient permettre de monter à plus de 1 000 femelles par éjaculat. Comme les coûts de production sont similaires à 300 ou 1 000 paillettes de semence, on envisage d'augmenter radicalement la compétitivité canadienne dans ce secteur", ajoute M.-A. Sirard.
Expertise en physiologie
Les chercheurs du Réseau canadien sur l'étude du sperme boivin
vont unir leurs efforts et leur expertise en physiologie afin d'augmenter
la survie des spermatozoïdes postdégel. Les quatre approches
utilisées viseront à :
- réduire la dimension des cristaux de glace qui brisent les membranes ;
- réparer les membranes postdégel en ajoutant des lipides ou des parties de membranes ;
- renverser les dommages causés par les bris membranaires et ;
- réduire les effets toxiques des radicaux libres qui proviennent du contact avec l'oxygène.
Toutes ces approches risquent d'avoir un effet additif; les réaliser en commun avec les mêmes outils de mesure permettra d'aller beaucoup plus vite vers une solution intégrée et efficace afin de donner à l'industrie canadienne un nouvel avantage compétitif.
Il faut dire que l'industrie canadienne de l'insémination artificielle a fait des pas gigantesques dans le domaine de la concertation. Les centres d'insémination se sont alliés, il y a plusieurs années, pour former SEMEX Canada, une compagnie qui a développé un réseau international de distribution pour exporter la génétique canadienne. Récemment, les centres d'insémination ont fait un pas supplémentaire en s'unissant pour former SEMEX alliance, qui regroupe non seulement les activités d'exportation mais aussi la propriété des nouveaux taureaux. Le Canada, malgré sa petite taille économique, est parmi les premiers pour l'exportation de génétique et de technologie dans ce domaine. Cette subvention confirme la position stratégique que détient l'Université Laval dans le secteur de la reproduction animale.
Par ailleurs, rappelons que le CRSNG est l'organisme national chargé d'effectuer des investissements stratégiques dans la capacité scientifique et technologique du Canada. Le CRSNG appuie la recherche fondamentale universitaire par l'entremise de subventions de recherche, des projets de recherche dans le cadre de partenariats universités-industrie, ainsi que la formation de personnel hautement qualifié dans ces deux secteurs d'activités.