27 novembre 1997 |
Les enfants nés prématurément passent les premiers jours, voire les premières semaines de leur vie, dans un milieu hospitalier somme toute hostile en comparaison au ventre de leur mère. La lumière et les bruits qu'ils perçoivent depuis leur petite maison de verre les stimulent trop et mal. "L'environnement de l'unité néonatale ne répond que très imparfaitement aux exigences d'êtres aussi fragiles, dit Linda Lepage, professeure à la Faculté des sciences infirmières. Les enfants cherchent à s'y ajuster mais ils vivent beaucoup de stress." Jovette Dufresne, infirmière à l'unité néonatale de Saint-François-d'Assise, abonde dans le même sens. "Ces enfants sont surstimulés, dit-elle. Il leur faut moins de stimulations néfastes et plus de bonnes stimulations."
Cette préoccupation commune pour le mieux-être des prématurés a poussé les deux femmes à lancer un projet de recherche destiné à évaluer les effets de la musique chez les enfants placés sous observation dans l'unité néonatale de l'hôpital. Une trentaine de prématurés ont été soumis à quelques séances de musique chaque jour à l'aide d'un baladeur relié à deux caisses de son miniatures placées à 20 centimètres de leur tête. "Nous leur avons fait entendre un enregistrement de musique, de battements de coeur ainsi que les voix de leurs parents et nous avons constaté qu'ils avaient tendance à se calmer plus vite, à dormir plus longtemps et à avoir un rythme cardiaque plus lent que les autres enfants", résume Linda Lepage.
Doses musicales aux prématurés
La tendance observée par les deux chercheures a éveillé
suffisamment leur curiosité pour qu'elles poussent plus loin l'étude.
Dans le cadre des activités de l'Unité de recherche sur le
développement et l'évaluation des pratiques de soins, elles
réaliseront de nouveaux essais chez 212 prématurés
de 29 à 35 semaines. Les chercheures vérifieront si les enfants
soumis à trois séances quotidiennes de musique de 30 minutes
restent moins longtemps à l'unité néonatale, font montre
d'une meilleure autorégulation des fonctions cardiaques et respiratoires,
prennent davantage de poids et démontrent une maturité neurocomportementale
supérieure aux enfants privés de musique. Si c'était
le cas, la diffusion de musique aux prématurés pourrait devenir
une pratique courante de soins pour adoucir le difficile apprentissage de
la vie extra-utérine.