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20 novembre 1997  |
Comme des poissons dans l'eau
Tout baigne dans l'huile pour le groupe "Interférence Sardines" qui vient de lancer son premier disque.
En entrevue, les musiciens d'"Interférence Sardines" se révèlent aussi insaisissables que le petit poisson en question: bien qu'ils mordent parfois à l'hameçon, ils ne se laissent pas aisément prendre au filet des questions, frétillant d'aise à chaque fois qu'ils confondent leur interlocuteur. L'espace d'un instant, ces drôles de musiciens ont accepté de se lancer à l'eau, laissant là leurs chers instruments, en plein milieu d'une séance de répétition.
Grands gagnants de la onzième édition du CONGA (Concours de groupes amateurs des universités et des cégeps) en janvier dernier, les Sardines (pour les intimes) baignent présentement dans l'euphorie totale, quelques jours à peine après avoir lancé leur premier disque au Bar Le D'auteuil. Intitulé Mare Crisium, l'album comporte 19 pièces, la plupart composées par le fondateur et leader du groupe, Philippe Venne (guitare électrique et voix). Bien avant de remporter le premier prix au CONGA, Ie groupe travaillait d'ailleurs à ce disque, réalisé dans le cadre du Programme Jeunes Volontaires mis sur pied par la SQDM (Société québécoise du développement de la main-d'oeuvre).
"L'enregistrement en studio a été une expérience très révélatrice pour le groupe", admet Philippe Venne, qui a étudié en musique au Cégep de Sainte-Foy. "On s'est rendu compte qu'on avait des choses à améliorer. Toutefois, nos appréhensions se sont vite dissipées, l'atmosphère en studio étant excellente. Ce qui n'est pas étonnant puisque nous étions bien préparés techniquement et que notre groupe repose sur de bonnes relations humaines." Même son de cloche chez Lyne Goulet (saxophones baryton et alto, voix) qui trouve que "faire de la musique avec des personnes qui aiment vraiment faire de la musique constitue une expérience des plus exaltantes". Pour cette étudiante au baccalauréat en interprétation à la Faculté de musique, rien ne vaut en effet la pratique de la musique au sein d'un groupe pour progresser.
"Un groupe, c'est comme un couple, renchérit Andrée Bilodeau (violon, alto et voix). Il faut beaucoup de complicité, de communication et de sensibilité pour que ça fonctionne." Violoniste de formation classique, Andrée Bilodeau détient un DEC en musique du Cégep de Sainte-Foy. À la batterie, Frédéric Lebrasseur (batterie, percussions, voix) ne donne pas sa place, autodidacte de formation et fier de l'être. Venant tout juste de se joindre au groupe, Sébastien Doré est à la basse, remplaçantJimmie LeBlanc, qui a quitté récemment la formation pour s'investir pleinement dans l'étude de la guitare classique. Tout ce beau monde travaille en équipe, chacun ayant son mot à dire dans la composition des chansons.
Un monde éclaté
Quand on leur demande de décrire leur musique, les membres d'"Interférence
Sardines" se tapent sur les cuisses, trouvant la question bien bonne.
"C'est un mélange de musique tzigane, africaine et asiatique",
lance Lyne Goulet. "Nous nous inspirons de tous les styles qui nous
plaisent puis nous jouons avec notre propre couleur", dit Andrée
Bilodeau. "Nous faisons de la musique néo-actuelle", d'affirmer
le plus sérieusement du monde Frédéric Lebrasseur.
Toujours est-il qu'il sera impossible de savoir exactement dans quelles
eaux musicales nagent les Sardines, si ce n'est qu'ils s'accordent pour
dire qu'ils font "de la bonne musique contemporaine accessible".
Une première écoute de Mare Crisium confirme d'ailleurs ces
propos: naviguant entre le pop rock, le jazz, le rap et le country, "Interférence
Sardines" suit son propre filon, juste pour le plaisir d'inventer et
de s'éclater dans un monde bien à eux.
Il semble que leur nom un peu surréaliste d'"Interférence Sardines", se soit imposé de lui-même, lors d'un spectacle. Si chacun y va de son explication, une version fait cependant l'unanimité parmi les membres du groupe. Pendant l'exécution d'une chanson à caractère country, l'un des musiciens a fait une "discordance", dans un moment d'inadvertance, à moins que le bruit ait été créé volontairement, on ne sait plus. Frédéric Lebrasseur a alors suggéré de répéter l'expérience, en lançant au même moment un mot hors contexte, en l'occurrence le mot "sardine". "Interférence Sardines" était né.
Conscients que les groupes musicaux se font et se défont au rythme des marées, les Sardines ont toutefois confiance en leur bonne étoile, ne visant rien de moins que le marché européen. L'accueil que lui a réservé le public au cours de la quinzaine de spectacles qu'ils ont offerts depuis leurs débuts en avril 1996 dans différents bars de la région de Québec les porte à croire qu'il y a place pour eux dans le monde merveilleux du show-business. Le disque Mare Crisium est actuellement distribué chez tous les bons disquaires, au coût de 17.99 $.
RENÉE LAROCHELLE