20 novembre 1997 |
Réagissant au numéro spécial du magazine Maclean's sur les universités canadiennes publié plus tôt cette semaine, le recteur de l'Université Laval, François Tavenas, a d'abord tenu à rappeler qu'il fallait se réjouir de ce qu'un magazine national à grand tirage consacre, une fois l'an, une édition entière aux universités du pays. "Il n'y a pas, dans la revue, que le classement, lequel est somme toute trompeur", de dire François Tavenas. "En allant au delà de ce truc du classement, les gens et les jeunes intéressés à l'université vont trouver dans cette édition du magazine une foule de renseignements utiles, et cela, c'est un aspect positif du travail de Maclean's ", a-t-il affirmé. Le recteur a poursuivi en précisant que c'est, entre autres motifs, pour obtenir cette visibilité que l'Université Laval a décidé de participer à cette enquête cette année.
Poursuivant son analyse, François Tavenas a noté que les données contenues dans Maclean's révèlent des aspects intéressants sur Laval, intéressants pour tout étudiant potentiel. Ainsi, selon le magazine, l'Université Laval est première au pays pour ce qui est de l'enseignement fourni par des professeurs réguliers. L'Université Laval a un plus grand pouvoir d'attraction auprès des étudiants internationaux aux cycles avancés que la moyenne canadienne. L'Université se classe aussi assez bien pour les prix et bourses, et elle attire de "bons" étudiants. La qualité de la Bibliothèque est également notée, de même que la performance au chapitre des bourses en sciences humaines.
Vices méthodologiques persistants
Mais en même temps qu'il relevait ces aspects plus positifs, François
Tavenas reconnaissait que les vices méthodologiques de l'enquête
de Maclean's, de même que ses oublis, sont de taille. Ainsi, l'enquête
ne tient pas vraiment compte des différences structurelles des systèmes
d'enseignement post-secondaires entre les provinces, non plus que de l'évolution
vers les "bibliothèques virtuelles". Au titre de la recherche,
le magazine ne comptabilise que les sommes obtenues des conseils subventionnaires
fédéraux, alors qu'il faudrait plutôt considérer
toutes les subventions obtenues à la suite d'examen des candidatures
par des jurys de pairs. De plus, François Tavenas a précisé
que l'enquête Maclean's, à l'heure où on parle des attentes
légitimes de la société à l'endroit des universités,
ne fait nullement mention des liens et des partenariats avec le milieu du
travail, soit pour des projets conjoints, des stages, de l'enseignement
coopératif et des contrats de recherche. Enfin, le magazine continue
d'utiliser des données non validées afin de construire son
classement des universités.
Dans une lettre qu'il adressait le 11 septembre dernier aux responsables du magazine, le recteur écrivait: "... je ne peux que souligner à nouveau que, là comme dans bien des domaines, le Québec constitue une "société distincte" dont le système d'enseignement supérieur, les politiques d'accessibilité, de régionalisation, de droits de scolarité diffèrent sensiblement de ce qu'on retrouve ailleurs au Canada et dont la langue d'enseignement a des conséquences importantes entre autres sur la mobilité étudiante. Développer une image nationale globale sans reconnaître cette réalité me semble un exercice futile". Pour François Tavenas, qui a refusé de commenter spécifiquement le classement des universités, les indices de pondération des différentes informations sur les universités reflètent uniquement le choix des éditeurs du magazine, et leur perception de ce qu'est une université en 1997. Dans sa lettre de septembre, François Tavenas écrivait d'ailleurs: "Je me dois également d'insister sur le caractère hautement subjectif et vraisemblablement trompeur de tout "classement" des universités; la formation universitaire ne se mesure pas dans les mêmes termes qu'un match de hockey".
Face aux résultats de cette enquête, le recteur de l'Université Laval a fait part de son intention de rencontrer les responsables de Maclean's afin de discuter avec eux des moyens de corriger les problèmes manifestes de leur méthodologie actuelle.