13 novembre 1997 |
Hommes et femmes posséderaient la même capacité d'augmenter leurs performances physiques en réponse à l'entraînement.
En 1992, deux chercheurs américains, Whipp et Ward, prédisaient, dans les pages de la revue Nature, que si les femmes continuaient d'améliorer leurs performances à la course au même train qu'au cours des 80 dernières années, elles éclipseraient, à partir de l'an 2025, les chronos des hommes dans toutes les épreuves allant du 200 mètres au marathon.
Cette prophétie reposait en partie sur la fulgurante progression des records féminins en athlétisme, et en partie sur des données suggérant que la physiologie des muscles des femmes les prédisposait à mieux répondre à un entraînement de type anaérobique axé sur la répétition d'exercices de courte durée et de haute intensité. Des études ont démontré qu'effectivement, en raison de leur physiologie musculaire, les femmes pouvaient atteindre de très hauts niveaux de performance dans les épreuves de longue durée. Par contre, rien encore n'indiquait que c'était le cas pour des courses exigeant un effort maximal de courte durée. Des chercheurs du Laboratoire des sciences de l'activité physique de l'Université Laval ont voulu tirer l'affaire au clair en comparant l'impact d'un programme d'entraînement physique sur la capacité de travail maximale d'un groupe d'hommes et de femmes.
Le test de la bicyclette
Les sujets, 19 hommes et 17 femmes, tous sédentaires, se sont
prêtés à un programme d'entraînement de 15 semaines
sur bicyclette stationnaire. Ce programme comportait 26 séances de
moulinage à intensité modérée de même
que 35 séances de moulinage de type intervalle à plus haute
intensité. Afin de suivre l'évolution des sujets, les chercheurs
ont évalué, à toutes les cinq semaines, à l'aide
d'un équipement spécial relié à l'ergocycle,
la capacité maximale de travail de chaque participant pour des périodes
de 10 et de 90 secondes.
Conclusions? L'entraînement provoque une amélioration comparable de la capacité de travail chez les deux sexes, rapportent Martin Levesque, Marcel Boulay, Claude Bouchard et Jean-Aimé Simoneau dans le dernier numéro de l'International Journal of Sports Medicine. "L'écart qui sépare les hommes et les femmes s'est maintenu tout au long de la période d'entraînement, précise Marcel Boulay, mais les courbes de progression sont demeurées parallèles, ce qui indique une capacité d'adaptation égale chez les deux sexes." La puissance maximale générée par les sujets féminins atteignait respectivement 60 % et 75 % de celle des hommes lors des tests de 10 secondes et de 90 secondes.
"Whipp et Ward ont négligé le fait que le sport est un phénomène relativement nouveau chez les femmes, poursuit Marcel Boulay. Or, l'évolution des records dépend du point de départ. Plus tu pars de loin, plus l'augmentation est rapide mais la progression s'atténue à mesure qu'on approche la limite théorique de ce qu'un être humain peut réaliser comme performance physique. D'ailleurs, la tendance au plafonnement se manifeste maintenant dans toutes les disciplines chez les athlètes féminines qui n'utilisent pas de substances illégales. Il est possible que la différence entre les hommes et les femmes puisse encore s'amenuiser mais elle ne disparaîtra pas à court terme. Ce n'est pas demain la veille qu'une femme battra le record mondial du 100 mètres."