6 novembre 1997 |
L'université internationale du nord
Quiconque a déjà mis les pieds dans une région nordique du monde comprend mieux le sens du mot solitude. Et quiconque s'est déjà aventuré sur les sentiers de la recherche nordique a vite compris que bien souvent, il faut baliser seul un nouveau territoire. C'est en bonne partie pour briser l'isolement des étudiants-chercheurs intéressés par les sciences sociales et la nordicité qu'un groupe de professeurs a mis sur pied, il y a trois ans, le Circumpolar Social Science Ph.D. Network.
"Lors de colloques internationaux, je discutais régulièrement avec des professeurs étrangers de l'isolement de nos étudiants qui se retrouvent souvent à travailler sur des sujets que personne d'autre ne connaît, dit Gérard Duhaime, directeur du GÉTIC (Groupe d'études inuit et circumpolaires). De là est venue l'idée d'un réseau international où des étudiants qui travaillent sur des sujets similaires pourraient échanger entre eux." Le Circumpolar Social Science Ph.D. Network regroupe des chercheurs du Groenland, de l'Islande, de Norvège, du Danemark, de Finlande, de Suède, de Russie, des Îles Faroe, des États-Unis et du Canada qui ont, comme dénominateur commun, de faire un doctorat sur un sujet se rapportant à la problématique du développement nordique en sciences humaines.
Pour faciliter les échanges, le réseau organise une fois l'an, depuis 1996, un atelier de cours intensifs d'une durée de deux semaines dans l'un des pays participants. Cette année, c'était au tour du GÉTIC de recevoir ses collègues étrangers. Une vingtaine d'étudiants et cinq professeurs ont ainsi participé, du 28 septembre au 10 octobre, à une série de cours intensifs ayant pour thème "Le développement durable: initiatives locales versus mégaprojets". "Ces rencontres permettent également d'initier les étudiants à la problématique nordique d'un autre pays", explique Robert Comtois, coordonnateur de l'événement au GÉTIC.
Comme le développement des régions nordiques est au coeur des préoccupations du réseau, les organisateurs ont cru bon de prêcher par l'exemple en présentant les cours dans différentes localités de la Côte Nord. Ainsi, les participants ont pu visiter le chantier d'Hydro-Québec sur la rivière Sainte-Marguerite, la réserve de parc de l'archipel de Mingan, la mine Québec Cartier Mining à Fermont, la Station de recherche sur les baleines et une poissonnerie de Longue-Pointe-de-Mingan et discuter avec les responsables de ces différentes entreprises.
Pendant l'atelier, chaque étudiant-chercheur devait également présenter son projet de recherche aux autres participants, dit Gérard Duhaime. Quant aux professeurs, ils étaient invités à donner des séminaires dans leur domaine d'expertise. "Ces cours permettent aux étudiants-chercheurs d'apprendre ce que font les autres et de se découvrir des affinités, poursuit le directeur du GÉTIC. Une fois le contact établi, les échanges se poursuivent sur une base individuelle notamment grâce aux communications électroniques. Ces échanges constituent l'essence même du Circumpolar Social Science Ph.D. Network."