6 novembre 1997 |
Les horizons que laisse entrevoir l'autoroute électronique, au fur et à mesure que celle-ci gagne du terrain dans le quotidien des individus et des sociétés, s'élargissent de jour en jour dans tous les domaines de l'activité humaine. Le monde de l'éducation, il va sans dire, n'échappe pas aux tentacules planétaires du réseau Internet. Carrefour du savoir du monde, l'Université Laval n'a pas tardé, pour sa part, à tâter cette nouvelle voie de communication à la chaussée pavée d'interactivité instantanée, histoire de l'apprivoisier et de la mettre au service de l'acte d'enseigner. Ainsi, depuis deux ans, les premiers balbutiements de ce "canal déférent" se sont-ils fait entendre sur le campus, d'abord timidement, ensuite insistants, enfin éloquents. Petit à petit, la liste des expériences s'est allongée tout en s'éparpillant dans tous les recoins de la cité universitaire.
Incursions initiales
En 1996, par exemple, un laboratoire virtuel faisait son apparition
au Département de génie électrique de la
Faculté des sciences et de génie. Grâce à
Internet, les étudiants du professeur Michel A. Duguay
pouvaient alors pénétrer, à partir de leur
micro-ordinateur, dans son laboratoire sur l'opto-électronique.
Début décembre, la même faculté vivait
une autre première. Quelque 130 étudiants du Département
de génie électrique et de génie informatique
complétaient un examen électronique sur W3 dans
le cadre du cours "Programmation en C++ avec Unix" du
professeur Denis Laurendeau.
Le site fait ses classes
Puis d'autres projets se sont mis à bourgeonner en
bordure de l'autoroute, à la suite de programmes mis en
place par l'Université. Le Programme des applications pédagogiques
des technologies de l'information (APTI) du projet AMI (Aménagement
des moyens informatiques), le programme DIP, pour les projets
de Développement et innovation pédagogiques, et
même le Réseau canadien de recherche en télé-apprentissage
et formation (Tele-Learning Research Network), dont la
coordonnatrice au Québec est Thérèse Laferrière,
de la Faculté des sciences de l'éducation, ont servi
de catalyseurs en ce domaine.
Il y a quelques mois, les internautes intra et extra-muros se voyaient proposer des cours made in Laval entièrement sur W3. Trois de ces "classes à distance" sont apparues simultanément (ou presque), un peu avant l'été, dans le paysage pédagogique de la connaissance branchée: "Initiation aux vins", un cours grand public"du professeur Yves Pouliot, de la Faculté des sciences de l'agriculture et de l'alimentation, élaboré avec Richard Martel, de la FSAA; "Com Viz: Communication visuelle - L'alphabet", un cours régulier conçu par Claude Cossette et Francis Masse, du Département d'information et de communication de la Faculté des lettres; "Processus de management", du professeur Jean-François Forgues, du Département de management de la Faculté des sciences de l'administration, qui rejoint des étudiants du baccalauréat.
De la forêt aux NTIC
Le répertoire lavallois du Web s'est enrichi, au fil
des semaines, de quelques réalisations utilisant partiellement
ou totalement le potentiel du média universel qu'est le
réseau Internet. Citons, de façon non exhaustive,
la "Forêt virtuelle", de Jean-Robert Thibault,
du Département des sciences du bois et de la forêt.
Le professeur de la Faculté de foresterie et de géodésie
a conçu et développé lui-même son projet,
qui prévoit la création de modules d'enseignement
touchant cinq cours disponibles sur W3. L'accès au cours
"Reproduction des conifères" s'est déjà
concrétisé.
Marc Desgagnés, professeur à la Faculté de médecine dentaire, a rejoint, de son côté, les pharmaciens communautaires, à l'intérieur du diplôme de pharmacie communautaire, à l'aide d'un cours dont la moitié de la matière se retrouve sur Internet.
Enfin, Gilles Larin et une équipe de quatre professeurs du Département de didactique, de psychopédagogie et de technlogie éducative, de la Faculté des sciences de l'éducation, travaillent actuellement à peaufiner une vingtaine de modules constitués de leçons ayant recours au réseau Internet et à la technologie W3 comme moyen de diffusion et de communication. Le sujet central: les NTIC (nouvelles technolologies de l'information et des communications), abordées, en premier lieu, sous le rapport de leur appropriation par les étudiants en formation des maîtres, et, en second lieu, sous l'angle de leurs applications aux niveaux préscolaire/primaire, secondaire et collégial.
Adopter ou s'adapter?
Les initiatives proviennent de toutes parts, avec une ampleur
et des ressources teintées aux couleurs locales. "Jusqu'à
présent, la croissance s'est déroulée en
collant à trois scénarios différents: tantôt,
le professeur réalise lui-même son projet; tantôt,
un expert se greffe à une équipe déjà
constituée de professeurs; tantôt, on a recours au
Centre de production multimédia", fait remarquer Nicole
Lapointe, du Réseau de valorisation de l'enseignement.
Quoi qu'il en soit de la diversité du modus operendi, le Centre de production multimédia entend bien tirer son épingle du jeu en soumettant aux pédagogues de l'Université Laval une approche qui dépasse largement la simple utilisation d'une interface comme Virtual-U, laquelle ne représente, en fait, qu'une coquille. "Notre service aide les gens à structurer leur contenu et à l'adapter à Internet, précise Hélène Brown, directrice du CPM. Ce qui signifie, entre autres, que nous nous attachons au développement des activités d'apprentissage et du matériel. En somme, nous nous adaptons aux besoins de chacun."
Un guide essentiel
Denyse Gilbert, spécialiste en applications pédagogiques
des technologies de l'information et de la communication (APTIC)
au Centre de production multimédia, a du reste conçu,
avec l'aide d'un petit groupe de consultants en informatique et
d'une spécialiste en éducation, un outil indispensable
à toute professeure ou a tout professeur qui désire
ouvrir la porte de sa salle de cours aux internautes de Laval
et d'ailleurs: le Guide de conception pédagogique et
graphique d'un hyperdocument éducatif sur le réseau
Internet. "Le but de ce guide est de vous permettre de
maximiser l'apport pédagogique et l'aspect graphique de
votre sité éducatif sur réseau Internet",
annonce-t-on dans la présentation du document visuel.
Le guide du CPM, que l'on peut consulter à l'adresse: http://www.cpm.ulaval.ca/camu/guide1, et même télécharger, comporte quatre phases: l'analyse (analyse des besoins, inventaire des ressources, analyse de coûts), le design pédagogique (définition du but et des objectifs, structuration du contenu, élaboration des stratégies pédagogiques, conception de l'organigramme et des pages-écrans), la production (réalisation du matériel multimédia, des pages-écrans, confection de la programmation) et, à venir, l'expérimentation (mise à l'essai, corrections, implantation et évaluation).
À l'heure où la Commission d'orientation suggère à l'Université Laval, dans son rapport préliminaire, de "mettre à la disposition de tous les professeurs et chargés de cours des ressources accrues en soutien au développement pédagogique, en particulier pour favoriser une utilisation croissante des NTIC", voilà un instrument-guide qui se démontrera fort utile au cours des prochaines années.