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30 octobre 1997 ![]() |
ZOOM
Au cours des 15 dernières années, France Cloutier a pratiqué sa profession d'infirmière dans des lieux incongrus: chez les Cris du nord de l'Ontario, chez les Inuits des Territoires du Nord-Ouest, en Inde, dans les mouroirs de Mère Teresa, et en Papouasie. Des lieux dont le seul dénominateur commun est de l'avoir continuellement forcée à s'interroger sur la dimension culturelle de l'acte de soigner.
De retour au Québec, elle a poursuivi dans la même veine en réalisant une étude sur des gens qui, quoique bien d'ici, possèdent une culture exclusive: les personnes âgées. Son mémoire de maîtrise en sciences infirmières, réalisé sous la direction de Francine Saillant, loge lui aussi à l'enseigne de l'incongru: Les soins que se donnent au quotidien les personnes âgées résidant dans la municipalité de Saint-Wenceslas. Comme un grain de sable dans un engrenage, le nom du village fait tiquer. Pourquoi diable Saint-Wenceslas? &laqno;Parce qu'en raison du virage dans le domaine de la santé, les personnes âgées doivent prendre en charge leurs propres soins, à plus forte raison dans des régions comme Saint-Wenceslas où il y a peu de services. En plus, c'est le plus beau village au monde», dit France Cloutier, elle-même originaire de Nicolet, le chef-lieu de ce coin de pays.
Les personnes âgées avec qui elle a discuté autour d'un café dans leur maison ou en jouant aux cartes au Club de l'âge d'or lui ont livré une grande leçon en lui confiant leurs croyances sur les pouvoirs de guérison du curé, de Dieu, des images saintes collées aux pansements, des recettes de grand-mère ou de trucs personnels pour prévenir ou guérir lamaladie. &laqno;En tant qu'infirmière, nous arrivons avec notre culture de soignante et nous oublions parfois que chaque patient a aussi sa culture propre. Il faut apprendre à la connaître et à l'intégrer dans nos interventions. C'est vrai non seulement avec les gens originaires des autres pays mais aussi pour chaque personne qui se sent alors respectée dans ce qu'elle a de plus profond.»
Son étude, qui lui a valu le prix de la meilleure communication étudiante en sciences infirmières lors du congrès de l'ACFAS en 1996, sera bientôt complétée. La prochaine étape de sa quête des rencontres des cultures passera dès janvier par le doctorat en anthropologie. Destination rêvée? Un poste en enseignement universitaire. Pour avoir la chance de transmettre, à son tour, les trésors qu'elle a recueillis au hasard de ses pèlerinages.