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30 octobre 1997 ![]() |
Des étudiants à la maîtrise en
relations industrielles
se sont frottés aux pratiques de travail à l'européenne
En France, devenir membre d'un syndicat dans l'entreprise pour laquelle on travaille ne se fait pas d'office mais constitue une démarche volontaire de la part de l'employé. En fait, le travailleur se syndique non pas par obligation mais bien par conviction; de plus, il peut adhérer au syndicat de son choix, selon qu'il croit ou non aux "forces collectives" pour défendre ses droits. Toutefois, le résultat de la négociation est appliquée à tout le personnel, qu'il soit syndiqué ou non.
Telle est l'une des observations qu'a notées Linda Rivard, étudiante à la maîtrise en relations industrielles, lors d'un voyage d'étude effectué récemment en France et en Suisse, en compagnie de sept autres étudiantes et étudiants de 2e cycle de cette discipline. Mené en collaboration avec Jean Bernier, professeur au Département des relations industrielles, ce projet, intitulé MÉRIT (Mission d'études en relations industrielles et sur le travail) comportait, entre autres, des conférences-séminaires à l'Institut d'études du travail de Lyon, des rencontres avec les chefs d'entreprise à l'École supérieure de commerce de Paris et des conférences sur le rôle de l'Organisation internationale du travail. Notons que cette mission d'étude s'inscrivait dans la perspective de l'internationalisation de la formation des étudiants en relations industrielles.
Des revendications "politisées"
"En France, le taux de syndicalisation oscille entre 20 % et 22 % alors
qu'il est de 40 % au Québec, rapporte Linda Rivard. Le fait que l'État
joue un rôle très actif dans les relations de travail peut
inciter les employés à ne pas se syndiquer. Là-bas,
les revendications sont beaucoup plus "politisées" qu'ici;
lorqu'ils estiment que leurs droits sont lésés, les gens n'hésitent
pas à manifester leur mécontentement dans les rues, interpellant
ainsi directement l'État, qui joue un rôle de régulateur.
Au sein de l'entreprise existent également des comités dont le rôle consiste notamment à transmettre à l'employeur les revendications des employés, autant sur le plan individuel que collectif, rapporte l'étudiante. Bien servi dans son environnement de travail, l'employé serait donc moins porté à se syndiquer. Une autre différence notable remarquée dans le cadre de cette mission d'études tient à l'importance accordée à l'ergonomie dans les entreprises. Conscient que les employés seront davantage "performants" si on répond adéquatement à leurs besoins, les employeurs investissent volontiers temps et argent dans l'étude de postes de travail bien adaptés à la personne. Selon Linda Rivard, le Québec serait ainsi beaucoup moins sensibilisé à l'approche ergonomique que nos cousins français.
"Lorsqu'on identifie et comprend les rapports sociaux qui prévalent à l'intérieur d'un pays et les valeurs qui les sous-tendent, on est en mesure de mieux analyser et d'expliquer les pratiques liées à la relation d'emploi", conclut Linda Rivard, au terme de cette mission d'étude. "Dans le cas présent, le fait de mieux connaître ces pratiques élargit les horizons des étudiants et contribue à une vision globale du monde. Dans le domaine des relations industrielles, cette vision élargie représente un atout incontestable, à l'heure de la mondialisation."