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30 octobre 1997 ![]() |
TROIS QUESTIONS SUR LA PUB
Un mardi matin ensoleillé, au coin de l'avenue de la Médecine et de la rue de la Terrasse, mes yeux croisent un panneau publicitaire qui annonce "Douze paires pour 75 $". Première question: douze paires de quoi? Douze paires de seins comme le suggère la publicité? En lisant plus attentivement, car l'écriture devient minuscule, je constate qu'il s'agit de lentilles cornéennes. La jeune femme photographiée porte peut-être des lentilles. On peut l'imaginer. Ce qui est certain, toutefois, c'est que le publicitaire a tenu à mettre bien en évidence une plantureuse poitrine.
J'aimerais vous faire part de mon exaspération face à cette publicité sexiste et à la publicité tout court présente partout sur le campus, y compris dans les toilettes. Je joins ma voix à ceux et celles qui l'ont fait depuis quelque temps pour dénoncer son omniprésence étouffante. Deuxième question: y a-t-il des normes, et j'irais même plus loin, une éthique, à l'Université, face à ce radotage marchand qui nous assomme littéralement et incessamment? Troisième question: y a-t-il quelqu'un, ou quelqu'une, responsable, sur la cité universitaire, d'autoriser cette réclame et les autres, qui daignera répondre à ma deuxième question?
RÉPONSE À MADAME DORÉ,
D'après la résolution CE-95-445, c'est le Service des communications de l'Université Laval qui est responsable de l'application du Code d'éthique en matière d'affichage et de publicité non discriminatoire et non sexiste . Il est aussi responsable des ententes intervenues entre l'Université Laval et les firmes d'affichage publicitaire. L'affiche dont vous parlez a été retirée dès le lundi 27 novembre. La plainte que vous avez formulée nous a permis, en conséquence, d'établir une meilleure relation avec la firme d'affichage publicitaire.
Espérant que vous n'hésiterez pas à me communiquer d'autres cas semblables, je vous prie d'agréer, Madame Doré, l'expression de mes sentiments les meilleurs.
RÉPLIQUE AU PROFESSEUR RÉJEAN BRETON
Je ne peux m'empêcher de réagir à l'article commis par M. Réjean Breton, professeur à la Faculté de droit, concernant la «charge des brigades syndicales» publié dans l'édition du Fil du 2 octobre (page 7).
Encore un autre qui, du haut de son titre, véhicule des faussetés sur les syndicats et sur les personnes qui les composent! Ce monsieur devrait y regarder d'un peu plus près avant de faire des affirmations sur le monde des relations de travail, qu'il ne semble pas connaître du tout. Depuis plusieurs années, le SCFP (Syndicat canadien de la fonction publique), qui représente les employés municipaux (et ceux de soutien de l'Université Laval), tient un discours beaucoup plus proche de la réalité que ce que M.Breton rapporte: nous connaissons les problèmes des employeurs et du gouvernement, c'est pourquoi nous leur proposons de participer à l'organisation du travail afin de voir avec eux comment créer des économies.
Je peux vous affirmer que cette démarche a été proposée à certaines municipalités qui hésitent beaucoup à profiter de cette ouverture que le syndicat leur offre. Et puis, pourquoi reprocher constamment aux personnes syndiquées de vouloir protéger leurs droits acquis?
Il est important de rappeler que ce n'est pas le Code du travail qui va obliger les municipalités à engager des avocats et des conseillers en relations de travail, mais bien plus leurs obligations en tant qu'employeurs. Et si vous croyez que c'est «du gâteau» pour les représentants syndicaux de passer du temps à négocier avec un avocat qui fait tourner le compteur, détrompez-vous! Les représentants syndicaux aiment bien négocier, cela fait partie de leur mandat, mais il y a beaucoup d'autres choses à faire que cela. Entre autres, mettre en place avec les employeurs une véritable organisation du travail.
LE GOUVERNEMENT BOUCHARD
DÉSHONORE LA DÉMOCRATIE
Comment faire sa preuve de résidence au Québec? La preuve varie selon la situation dans laquelle on se trouve. Au Québec, il n'y a pas une, mais neuf manières de prouver son titre de résident. Un décret du gouvernement Bouchard brime la liberté des citoyens en forçant les étudiants à faire la preuve de leur titre de résident du Québec. D'autre part, ce décret génère une inégalité entre les étudiants du Québec et ceux des provinces voisines.
En effet, ce décret vise la création d'une nouvelle catégorie d'étudants: les étudiants canadiens déclarés non-résidents du Québec. Ainsi, le gouvernement oblige l'université à augmenter les frais de scolarité de ces étudiants.
Faute de faire la preuve de son titre de résident québécois, l'étudiant devra payer 40 $ de plus par crédit. Cela signifie une augmentation autour de 600 $ par session. L'étudiant québécois qui refusera de remplir le formulaire "Attestation de résidence au Québec", en signe de protestation, sera puni. Il recevra une facture de 40 $ par crédit, le prix de sa désobéissance.
L'application de ces mesures administratives questionnables revient aux universités. Par ce décret, elles sont tenues d'exiger les pièces justificatives, preuves de résidence, et de percevoir les frais de scolarité supplémentaires. Le ministère de l'É.ducation vient de créer un autre corps de police au Québec: la police universitaire.
Déjà, quelques dirigeants d'université refusent d'être les agents d'un gouvernement qui abuse de son pouvoir; et les associations étudiantes se mobilisent actuellement pour protéger les droits et libertés des étudiants. Les citoyens qui croient à l'équité sociale sont conscients que cette inflation de mesures administratives a des effets pervers qui effritent la démocratie.
L'an dernier, la Colombie-Britannique avait imposé des mesures administratives discriminatoires envers les citoyens canadiens provenant des autres provinces. Un vif mouvement de protestation avait renversé ces mesures discriminatoires.
D'où vient cette volonté de limiter le droit de résidence des citoyens qui font partie de la même union? Nous payons tous des impôts fédéraux; de ce fait, nous avons tous intérêt à simplifier l'accessibilité aux services ainsi que la libre circulation des citoyens.
Actuellement, le gouvernement québécois accentue les disparités entre les citoyens à l'intérieur même de son territoire. Ce gouvernement québécois néo-Mulroney ébranle le système des services sociaux; il démantèle ici et privatise là. Il s'ingère maintenant dans les affaires universitaires. Il contraint l'étudiant québécois à prouver qu'il est résident chez lui; il taxe la libre circulation de l'étudiant provenant d'une province voisine; il désigne l'université pour faire la "job de bras". Il essaie de nous faire croire que ces mesures sont équitables; de plus, il nous contraint à plier et à justifier des mesures qui sèment l'inégalité entre les étudiants.
La démocratie ne tombe pas du ciel. Elle se fait et elle se pratique par des citoyens conscients de la signification de l'équité sociale. La justice existe réellement quand les citoyens refusent l'abus de pouvoir des gouvernements. Tolérer l'abus, c'est mettre la démocratie en péril.
Il est urgent de dénoncer avec véhémence ces mesures administratives qui briment les droits des citoyens. L'imposition de ces contraintes est inadmissible en régime démocratique et le gouvernement néo-conservateur du Québec déshonore la démocratie. De ce fait, ce décret doit être immédiatement aboli.
Le deuxième Forum provincial sur une carrière en chimie, organisé par des étudiants et des étudiantes universitaires, se tenait le vendredi, 3 octobre, aux pavillons Alphonse-Desjardins et Maurice-Pollack. L'activité a réuni près des 200 personnes, des étudiants et étudiantes en chimie, des professeurs en chimie, des exposants des milieux industriels et gouvernementaux.
Le but de cette activité était de créer des liens entre les étudiants et étudiantes et les entreprises qui les emploieront éventuellement. Dans un premier temps, les entreprises ont fait connaître leur savoir-faire en animant les différents kiosques à leurs couleurs. Les étudiants en ont profité pour s'informer des exigences nécessaires pour se placer dans ces entreprises. Les entreprises et organisations présentes étaient les suivantes: Bio-Méga/Boehringer Ingelheim Recherche, l'Ordre des Chimistes du Québec, Entrepreneuriat Laval, le Service de placement de l'Université Laval, Phoenix International Life Sciences Inc., le ministère des Ressources naturelles (Direction de la recherche forestière), Merck Frosst Canada Inc., Hewlett-Packard, Bomem Inc., Endorecherche CHUQ, Silicycle, Wyeth Ayerst Canada Inc., Centre de recherche de la défense de Valcartier (CRDV), Cascades et le Département de chimie de l'Université Laval (Faculté des sciences et de génie).
Afin de familiariser les étudiants et étudiantes avec l'aspect pratique des tâches du chimiste, trois conférences ont eu lieu durant l'après-midi. Les trois conférencières ont donc présenté leurs expériences professionnelles pour montrer les activités particulières dans leur secteur respectif.
Les étudiants et étudiantes ont ainsi pris contact avec le milieu professionnel et les entreprises ont fait connaître leurs besoins. La journée s'est terminée par un cocktail vins et fromages qui a été l'occasion tous les participants, étudiants, étudiantes, conférencières, exposants et professeurs, de poursuivre leurs échanges.
LE RÉGIME KABILA VIOLE LES DROITS DE L'HOMME
Le Congo ex-Zaïre est entré dans le concert des pays indépendants le 30 juin 1960. La Belgique, comme l'exige la diplomatie, était la première puissance à reconnaître le nouvel État; sa reconnaissance a coïncidé avec celle du nouveau gouvernement. Il est vrai que la reconnaissance d'un gouvernement aboutit, en effet, à le faire bénéficier des relations diplomatiques normales.
En 1961, Mobutu rend la direction du pays aux civils et au président démocratiquement élu, Joseph Kasavubu et retrouve la tête de l'armée, car il venait de faire son premier coup d'État avorté. Son coup d'État n'est pas légalisé sur le plan international car les grands ténors de l'émancipation africaine désapprouvent l'acte de Mobutu. Réunis à la Conférence de Casablanca, le Marocain Mohamed V, l'Égyptien Nasser, le Guinéen Sekou Touré, le Ghanéen Nkroumah, le Malien Modibo Keita et autres demandèrent aux Nations-Unies de dissoudre les bandes illégales de Mobutu. Ils seront entendus. Mobutu sera isolé et remettra le pouvoir.
Ce n'est plus un secret pour personne. L'ancien dictateur Mobutu a entamé sa carrière sous les auspices américano-belges et est devenu un ami et allié de la France. C'est ainsi que le deuxième coup d'État a été légalisé en 1965, et son gouvernement fut reconnu rapidement par les occidentaux. Le dictateur n'est plus. Il est mort au Maroc sans qu'on en parle. Or, en 1986, le président Reagan le désigna comme un des ses plus vieux et meilleurs amis en Afrique ("One of my oldest and closest friends in Africa"). Mais quand il mourut, aucun de ses amis ne lui a rendu hommage.
Il est vrai qu'un État n'a pas d'ami, il n'a que des intérêts. La force qui a soutenu Mobutu pendant 32 ans de règne reste la même aujourd'hui. Quand le professeur Noam Chomsky écrit que le États-Unis ont un passé dans l'art d'imposer des régimes d'oppression et de terreur dans les régions du monde dont fait partie leur Zaïre d'influence, il sait de quoi il parle.
En ce qui concerne le Congo de Kabila, les occidentaux ont discrètement soutenu sa main pour qu'il chasse Mobutu. On peut alors se poser la question de savoir qui a intérêt, surtout en Occident, à maintenir en vie le régime de Kabila qui foule aux pieds les droits de l'Homme.
Dans son livre Monnaie, servitude et liberté, Joseph Tchandjan Pouemi écrit: "Pour les générations futures, le Zaïre sera le pays où intervention étrangère et désordres internes auront été, en fréquence comme en intensité, sans précédent en Afrique indépendante".
Le gouvernement actuel est l'oeuvre des États étrangers, les États-Unis, l'Afrique du Sud, le Rwanda, la Belgique, l'Ouganda, l''Angola. Il ne doit sa vie qu'a ces derniers et ne continue à se consolider que grâce à la complaisance des États-Unis. La question des violations des droits de l'Homme doit être au coeur des gouvernements occidentaux qui, dans la précipitation, ont reconnu le gouvernement Kabila. "Quelle que soit la voie que tu choisiras, nous t'accompagnerons toujours, notre ami Kabila, même si tu violes les droits de l'Homme", disent ses alliés.
NON À L'AUTORITARISME DU RÉGIME FUJIMORI
Pérou... Sourires magnifiques d'enfants aux ventres ronds, mains usées et visages ridés de vieillards d'à peine trente ans. Vingt-trois millions d'habitants, femmes et hommes, qui rêvent de jours meilleurs pour leur nombreuse marmaille qu'ils ont peine à nourrir journalièrement. Le Pérou, c'est la fierté, la prière et l'hymne national chaque matin dans les écoles et chaque dimanche à la Place d'Armes. C'est la beauté du fleuve Amazone et de la forêt aussi immense qu'impénétrable qui le borde. C'est la richesse de l'héritage inca et l'attraction des plages et de la grande ville de la côte. Le Pérou, c'est tout ça, mais c'est aussi le gouvernement très autoritaire du président Alberto Fujimori.
Bien qu'élu lors d'élections générales, il agit presque en dictateur auprès des Péruviens. Avec une large campagne d'implantation du néolibéralisme, il affecte des millions de gens pauvres qui ont de plus en plus de peine à se nourrir pour survivre. Et qui, sans l'aide, notamment, des cuisines collectives, seraient condamnés à leur triste sort. Mais si seulement c'était tout! Fujimori, depuis la prise de l'ambassade du Japon par des terroristes, le 23 décembre dernier, à l'aide de lois antiterroristes, donne de plus en plus de pouvoirs à la police et à l'armée de l'État. Ces lois permettent aux autorités d'arrêter et d'accuser, sur de simples soupçons ou sur des dénonciations souvent malhonnêtes, des innocents et de les emprisonner à tort! Comme dans le cas de cette mère de trois enfants emprisonnée en 1993 dont le seul crime est d'avoir assisté à un cours à l'université dont le professeur était accusé d'actes terroristes !
Dans le cadre d'une action de pastorale sociale axée sur les droits de la personne, la Commission épiscopale d'action sociale (CEAS), en collaboration avec Développement et paix, demande à la population canadienne d'écrire au président Fujimori afin qu'il libère les centaines de personnes qui furent injustement emprisonnées en raison des mesures antiterroristes.
Cette action n'est pas compliquée, il vous suffira de répondre positivement à l'appel des membres du groupe Développement et paiix qui vous interpelleront dans différents pavillons de l'Université tout au long du mois de novembre. Autre façon de faire votre part, allez au Service de pastorale (pavillon Lemieux) où des cartes sont disponible dès maintenant. En faisant cette bonne action qui ne vous demande, en fait, qu'une signature sur une carte postale déjà rédigée, vous contribuerez peut-être à la remise en liberté et à la dignité retrouvée de centaines de personnes. Croyez-moi, les prisons péruviennes sont loin de ressembler à nos centres de détention avec gymnase et câble en prime! Laissez travailler un peu votre imagination. Sortez votre stylo et soyez concrètement solidaires!