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9 octobre 1997 ![]() |
Jusqu'au 10 octobre, dans le cadre du Forum UNESCO, près de 150 spécialistes provenant de tous les coins de la planète discutent de patrimoine.
Selon des stastistiques de l'Organisation mondiale du Tourisme, 600 millions de personnes ont visité les différents sites touristiques de la planète, en 1996. D'ici dix ans, le nombre de visiteurs internationaux grimperait à plus de 2 milliards. Les sites et monuments résisteront-ils à cette pression? Comment les pays peuvent-ils accueillir et gérer cette masse de touristes toujours grandissante sans miner le champ de leurs patrimoines culturels?
C'est l'une des questions qu'a soulevée le chef de la direction du Patrimoine culturel à l'UNESCO, à Paris, Mounir Bouchenaki, lors de la cérémonie d'ouverture du Forum UNESCO "Universités et Patrimoines: vers une nouvelle convergence" qui se déroule à Québec jusqu'au 10 octobre. Un autre grand sujet de préoccupation pour l'UNESCO concerne la situation du patrimoine dans les zones de conflit, a rappelé Mounir Bouchenaki: "Tous les jours, des nouvelles alarmantes parviennent à l'UNESCO sur les atteintes au patrimoine. Les dernières en date concernent plus particulièrement l'Afghanistan où le Musée de Kaboul, partiellement détruit, a été victime d'un pillage inadmissible. Sollicité par les plus prestigieuses institutions muséales du monde, le directeur général de l'UNESCO, Federico Mayor, vient de lancer un appel en faveur de la sauvegarde du patrimoine culturel de l'Afghanistan, mentionnant en particulier les menaces qui pèsent sur l'intégrité des plus grandes statues de Bouddha du monde, situées à Bamyan."
Selon le conférencier, seules une prise de conscience et une mobilisation autour de projets conjoints de protection du patrimoine et de l'environnement peuvent aider à résoudre ces problèmes. Par exemple, des universités peuvent se constituer en partenaires et réaliser des projets fort intéressants, comme l'ont fait récemment des étudiants d'architecture d'une université française et d'une université palestinienne. Encadrés par leurs professeurs, ces étudiants ont établi des relevé des maisons traditionnelles à Bethléem qui ont servi par la suite à la préparation d'un schéma directeur pour la réhabilitation de la ville historique.
Une place de leadership
Président du Comité d'honneur de Forum UNESCO-Québec
1997, le recteur François Tavenas a souligné pour sa part
l'engagement de longue date de l'Université Laval dans le champ des
patrimoines, citant au passage différents groupes de recherches comme
le CÉLAT (Centre d'études interdisciplinaires sur les langues,
les arts les traditions populaires), l'Institut québécois
des relations internationales, le Centre de recherche en géomatique
et la Chaire Unesco en développement durable. De son côté,
Jean-Paul L'Allier, maire de Québec et président de l'Organisation
des villes du patrimoine mondial, a déclaré qu'il faut "amener
l'université au patrimoine et non pas le patrimoine à l'université":
"Le défi de l'université d'aujourd'hui et de demain consiste
à retrouver sa place de leadership au sein de la communauté.
Elle doit être présente pour partager le savoir."
Plus d'une centaine de spécialistes provenant d'une centaine d'universités à travers le monde participent au deuxième Séminaire international Forum Unesco. Jusqu'au 10 octobre, les participants sont appelés à réfléchir sur des questions concernant la réseautique, le recherche et le développement, l'enseignement supérieur et la coopération internationale. Les activités du Séminaire se tiennent à l'Université Laval (Sainte-Foy et Vieux-Québec) et au Manoir du Lac Delage. Rappelons que ce Séminaire international a lieu pour la première fois de son histoire en Amérique du Nord, le premier s'étant déroulé à Valence, en Espagne, en 1996.
Selon le professeur en muséologie Philippe Dubé, président de Forum UNESCO Québec 1997, la tenue de l'événement à Québec s'explique essentiellement pour deux raisons. D'une part, parce que Québec figure en tête de liste de l'Organisation des villes du patrimoine mondial, en plus d'en être le siège permanent. D'autre part, on y retrouve l'Université Laval, dont la compétence est reconnue en matière de patrimoine à travers le monde.