![]() |
9 octobre 1997 ![]() |
Une expérience planifiée par un chercheur de la Faculté de médecine se déroule présentement à bord de la station orbitale Mir.
Nombreux sont ceux qui, confrontés aux problèmes de ce bas monde, lèvent les yeux au ciel en quête des solutions. Le chercheur Sheng-Xiang Lin, de la Faculté de médecine, vient d'ajouter son nom à cette longue liste, mais pour des motifs bien singuliers. Depuis quelques jours en effet, une expérience dont il a échafaudé les plans se déroule à quelques centaines de kilomètres de la Terre, à bord de la station orbitale russe Mir. Son but: obtenir des cristaux parfaits d'une protéine qui intervient dans le cancer du sein afin d'en élucider la structure. L'opération semble simple mais elle s'avère très difficile à réaliser sur Terre dans un laboratoire conventionnel.
Rêve de cristal
Sheng-Xiang Lin n'en est pas à son baptême de l'espace côté
cristallisation. Il compte déjà à son actif une expérience
à bord de Mir en 1993 et une autre à bord d'un satellite chinois
en 1994. "Les cristallisations réalisées dans l'espace
donnent de bien meilleurs résultats que sur Terre, explique-t-il.
En absence de gravité, il y a une amélioration quant au nombre,
à la taille et à la résolution des cristaux parce qu'il
n'y a pas de différences de densité, de sorte que les cristaux
croissent dans des milieux plus homogènes."
La protéine dont il veut percer l'anatomie, une enzyme appelée la 17ß-hydroxystéroïde déshydrogénase, joue un rôle important dans la stimulation des cancers sensibles aux estrogènes, tout particulièrement le cancer du sein. La détermination de sa structure tridimensionnelle devrait faciliter le développement d'inhibiteurs spécifiques et efficaces qui, espère-t-il, pourront servir comme agents thérapeutiques dans le traitement du cancer du sein.
Les différents produits nécessaires pour mener à bien l'expérience ont été acheminés à la NASA via l'Agence spatiale canadienne, dans le cadre de son programme de cristallisation des protéines dans l'espace. Le matériel, accompagné du mode d'emploi, a pris la route du ciel le 25 septembre à 10 h 40 à bord de la navette Atlantis. Le paquet est arrivé à bon port le 27 septembre et, en fin de semaine dernière, l'astronaute américain David Wolf a effectué les manipulations qui ont enclenché le processus de cristallisation. L'expérience se déroule dans un appareil spécial, conçu par l'Agence spatiale canadienne, qui accroît encore davantage les conditions d'apesanteur.
Les cristaux formés dans l'espace rentreront sur Terre le 21 janvier 1998 lors d'un prochain voyage de la navette spatiale. D'ici là, Sheng-Xiang Lin se croise les doigts. "Honnêtement, nous sommes très chanceux, dit-il. Il y a quelques semaines, nous étions très inquiets des difficultés que connaissait la station Mir mais depuis que nos protéines sont arrivées, il n'y a pas eu de problèmes."