9 octobre 1997 |
Pour la triathlonienne Isabelle Gagnon, la prestigieuse compétition Ironman d'Hawaii n'est qu'une étape vers les Jeux olympiques de l'an 2000.
Trois ans à peine après ses premières épreuves de triathlon au Québec, Isabelle Gagnon, du Rouge et Or, se retrouve déjà parmi les grandes de cette discipline à l'échelle mondiale. Le 18 octobre, elle vivra une étape importante de sa jeune carrière alors qu'elle participera au Ironman d'Hawaii, une compétition où se mesureront 1 500 athlètes de tous âges venus des quatre coins de la planète.
Passionnée de plusieurs sports (badminton, balle-molle, basketball, course, natation, ski alpin, vélo, volleyball, tennis) durant son adolescence, Isabelle Gagnon se laisse attirer par le triathlon (natation - vélo - course) à son arrivée à l'Université Laval en 1994, au moment où elle commence un programme d'études en activité physique. L'année suivante, elle se joint à un groupe d'irréductibles qui s'entraînent en prévision de certains duathlons et triathlons disputés en province. Elle prend part à plusieurs compétitions et accumule de précieux points à chacune de ses courses si bien qu'au terme de la saison, elle termine au deuxième rang du classement cumulatif provincial.
Pour les néophytes, il est bon de préciser que le duathlon regroupe deux disciplines, mais trois épreuves: course (5 km), vélo (40 km) et course (5 km); le triathlon en regroupe trois: natation (1,5 km), vélo (40 km) et course à pied (10 km); l'Ironman est l'occasion de trois épreuves également, mais de très longue distance: natation (3,8 km), vélo (180 km) et course à pied (42 km). Imaginez un peu le genre d'athlètes "cinglés" et/ou "masochistes" qui participent à ce genre de compétitions...
Début fulgurant
La progression d'Isabelle Gagnon c'est poursuivie en 1996 avec l'entrée
en scène d'un nouvel entraîneur, Derek Thériault, un
habitué des épreuves de triathlon. "Les entraînements
étaient différents comparativement à l'année
précédente. Ils étaient mieux adaptés à
notre discipline. L'expérience de coureur de Derek me sert beaucoup,
tout comme ses conseils pour la préparation physique et mentale.
Tout au long de la saison, mes résultats ont été plus
que satisfaisants, rappelle Isabelle Gagnon. J'ai terminé première
au classement provincial féminin, dixième au championnat canadien,
32e lors d'une épreuve de la Coupe du monde à Drummondville,
première au demi Ironman de Sainte-Agathe et troisième au
classement global (hommes et femmes)". Son temps final de 4 heures
36 minutes l'a convaincue qu'elle avait le potentiel pour viser plus haut,
possiblement une future participation au prestigieux Ironman d'Hawaii.
Les bouchées doubles
C'est à cet objectif que la Charlesbourgeoise de 23 ans s'est attaquée
cet été. Pour être sélectionnée à
ce prestigieux événement, pour lequel on refuse plus de 20
000 athlètes, Isabelle a dû mettre les bouchées doubles.
Victorieuse à St. Petersburg, en Floride, en avril, elle se croyait
automatiquement qualifiée pour l'Ironman d'Hawaii. Mais un problème
de paperasse l'a obligée à s'inscrire à une autre
épreuve de qualification ,en Pennsylvanie, à la mi-août.
Confiante en elle et déterminée plus que jamais à vivre l'émotion de ce rassemblement fort couru, Isabelle obtient finalement sa qualification à la suite de sa première place au demi Ironman (2 km de natation, 90 km de vélo, 21 km de course à pied) d'Allentown en Pennsylvanie. Autres faits saillants de son été, elle a de nouveau enlevé le titre provincial en triathlon chez les femmes, fini sixième lors du championnat canadien (à 26 secondes de la troisième) et terminé septième au championnat canadien de dualthon (vélo et course).
En route vers Sydney
Dotée d'une force de caractère exemplaire et d'une bonne musculation,
Isabelle consacre plus de 30 heures, chaque semaine, à l'entraînement.
"Chaque matin, au lever du jour, je me rends au PEPS pour nager quelques
longueurs ou me taper plusieurs kilomètres de vélo. Par la
suite, je mange en vitesse et je me présente au Laboratoire des sciences
de l'activité physique pour compléter ma maîtrise en
physiologie et endocrinologie dans le domaine de l'obésité
viscérale. En soirée, je suis mon programme de musculation.
C'est le rythme de vie auquel je dois m'astreindre si je veux aller, un
jour, aux Jeux olympiques", souligne-t-elle. Actuellement, le triathlon
n'est pas une discipline olympique. Toutefois, en l'an 2000, il le deviendra
pour les Jeux de Sydney, en Australie. "D'ici là, je devrai
atteindre la perfection dans les trois sports et continuer à parfaire
ma préparation physique et mentale. Le triathlon de Sydney comprendra
trois épreuves, soit 1,5 km de nage, 40 km de vélo et 10 km
de course à pied".
Des sous s.v.p.
"La route vers Sydney ne sera pas facile. Pour continuer à
progresser, je devrai me mesurer à l'élite mondiale en participant
à plusieurs épreuves de la Coupe du monde de triathlon aux
Etats-Unis et en Europe. Toutefois, il y a malheureusement un gros hic à
l'aventure olympique. Trouver l'argent nécessaire pour aller à
ces compétitions n'a rien de facile. D'autres appuis financiers devront
être dénichés pour défrayer mes déplacements
outre-mer. Déjà, j'ai la chance de compter sur quelques commanditaires
dont Métro, la Fondation Nordiques, Resbestos et les compagnies d'équipements
Symbiosis (vélo), Scare (vêtements), New Balance (espadrilles)
et Catane (semelles, poignées et selle de vélo spécialisées)".
Pour Isabelle Gagnon l'avenir semble très prometteur puisque les meilleures triathlètes au monde atteignent le summum de leur performance entre 26 et 30 ans. Il ne faudrait guère se surprendre de voir cette athlète du club de triathlon de l'Université Laval monter sur la plus haute marche du podium aux Olympiques.