9 octobre 1997 |
PROTECTEUR UNIVERSITAIRE: L'AÉLIÉS RÉPOND AU RECTEUR
Le 3 octobre 1997
Monsieur François Tavenas
Recteur
Pavillon des sciences de l'éducation
Université Laval
Monsieur le Recteur,
J'ai lu avec intérêt - dans les dernières éditions
des journaux Impact Campus et Au fil des événements - votre vision de la situation qui semblait
nous opposer la semaine dernière en ce qui a trait à la tenue
d'un débat public sur la fonction de protecteur universitaire.
Vous y invoquez le malentendu comme cause de notre désaccord. Ainsi, nous comprenons à la lumière de votre missive que vous ne vous opposez pas, d'une quelconque façon, à l'exercice démocratique que représente ce débat.
Nous ne pouvons que nous réjouir de savoir ce malentendu résolu, car la tenue d'activités telles que ce débat - en plus d'être légitimement attendue par les étudiants que nous représentons -, est aussi une façon de développer le sentiment d'appartenance de la communauté universitaire, ne serait-ce qu'en les impliquant dans les décisions qui concernent leur université. Vous sachant très interpellé par cette question, il m'apparaît logique de soumettre à votre attention le fait que l'appartenance prend souvent sa source dans la démarche participative.
Un Protecteur universitaire doit être accepté par l'ensemble de la communauté universitaire, notamment les étudiants, et par conséquent, avoir leur confiance. En ce sens, il nous apparaît clair que l'on se doit de tout mettre en oeuvre pour que le plus grand nombre puisse prendre part à la réflexion et ce, dès le début. Posant ainsi les bases d'une véritable confiance, les étudiants - à l'instar d'ailleurs des autres corps d'emplois universitaires - sauront que quelqu'un veille au grain et la crédibilité du prochain protecteur n'en sera que plus grande. La transparence n'a jamais fait de tort dans un processus de nomination du titulaire d'un poste aussi névralgique au bon fonctionnement de l'Université que celui entourant le Protecteur universitaire.
Quant à la question de l'information, il est tout à fait clair que nous n'avons pas la prétention de la posséder toute. C'est pourquoi, nous nous proposons d'organiser ce débat où nous entendons tirer de la communauté et des différents intervenants qui voudront bien y participer, la substantifique moelle qui nous permettra de supporter la démarche de cueillette d'informations et de réflexion que nous entreprenons actuellement. Le choix du prochain Protecteur universitaire est trop important pour laisser passer cette chance unique de faire appel à la contribution de toutes les composantes de notre communauté.
Il va sans dire que la tenue de ce débat s'inscrit dans un esprit que nous souhaitons de collaboration et non de confrontation. Nous croyons, nous en sommes même persuadés, que les étudiants sont fiers de leur université. Il ne s'agit donc pas ici d'entacher l'institution, mais de contribuer à son épanouissement, c'est même un devoir. Considérant que tous les candidats en lice avaient accepté de se joindre au débat, nous estimons qu'ils ont également cette volonté de progresser, de faire reculer les limites du savoir dans l'optique d'améliorer encore davantage notre alma mater.
Il m'est donc agréable de faire le constat que plus rien ne s'oppose à la tenue de notre débat. L'ambiguïté quant à nos positions respectives étant levée, je peux vous assurer, moi-aussi, de ma volonté de travailler dans un esprit de collaboration, de franchise et de clarté, au progrès et à l'essor de notre université.
TOUS ENSEMBLE, PRENONS LE VIRAGE!
La Loi sur l'instruction publique (loi 107) prévoit que les parents des élèves inscrits à l'école doivent élire les membres de leur comité d'école entre le 15 mai et le 30 septembre de chaque année (article 84). Elle prévoit également que le comité d'école nomme les représentants des parents au conseil d'orientation de l'école, et ce, avant le 15 octobre (article 58). Cette situation devrait cesser de prévaloir dès l'an prochain, puisque l'actuelle ministre de l'Éducation, Mme Pauline Marois, espère faire adopter un "avant-projet de loi modifiant la Loi sur l'instruction publique" dès que possible et après les consultations menées par la Commission parlementaire.
Dans cet avant-projet de loi, il est notamment prévu qu'un conseil d'établissement, composé des différents intervenants de l'école, de membres de la communauté et de parents, remplace les actuelles instances sur lesquelles peuvent actuellement siéger les parents (comité d'école et conseil d'orientation).
Dans l'après-midi du jeudi 11 septembre dernier, l'Association des comités de parents des régions Québec/Chaudière/Appalaches a présenté un mémoire en Commission parlementaire dans lequel nous rapportons que nos membres réclament, entre autres, une augmentation de la représentation parentale, une majorité des sièges, un quorum calculé en fonction de ce partenaire majoritaire, une désignation du président et du vice-président par et parmi les parents et, enfin, une réelle immunité des membres en cas d'éventuelles poursuites pour des actes qu'ils auront accompli de bonne foi dans l'exercice de leur mandat, ceci impliquant que la commission scolaire prenne fait et cause pour les membres et leur fournisse les ressources nécessaires pour leur assurer une défense pleine et entière.
Parmi les autres points présentés, nous pouvons souligner notre appui au droit de vote donné au substitut du délégué au comité de parents ainsi que la demande pour faire siéger au conseil d'établissement, en apprivoisant le milieu et en acquérant la connaissance du monde scolaire.
Notre Association régionale vous offre, cette année, information et soutien afin de mieux préparer les parents à siéger au conseil d'établissement. Pour ce faire, nous serons encore plus présents dans le milieu, multiplierons les représentations dans les différents comités et nous continuerons à offrir notre bulletin Parents-Info 03-12. De plus, nous continuerons à tenir notre colloque annuel, lequel se tiendra le samedi 8 novembre prochain, de 8 h 30 à 17 h, sous le thème "Tous ensemble, prenons le virage", à la Polyvalente de Charlesbourg (800, place de la Sorbonne).
Afin de répondre aux divers besoins exprimés par les parents, nous y offrirons 14 ateliers dont un forum sur le virage en éducation où différents intervenants débattront de différents sujets d'actualité en éducation ainsi que des ateliers visant à faire le point sur le conseil d'établissement ("The Governing Board") ou qui traiteront des technologies de l'information et des communications. D'autres toucheront la vie même des parents ("L'éducation des enfants, ce n'est pas si compliqué" - "Comment assurer un suivi scolaire à mon enfant" - "Parent d'un adolescent pour le meilleur et pour le pire" - "Prévenir le suicide à l'école, l'affaire de tous" - "Vivre avec des troubles d'apprentissage").
Nous offrirons enfin la plupart de nos modules de formation/information précités ainsi que certains des modules de notre Fédération provinciale. Pour plus d'informations sur ce colloque ou encre sur les activités de notre Association régionale, vous pouvez nous contacter à l'adresse suivante: Association des comités de parents des régions Québec/Chaudière/Appalaches, 1020, route de l'Église, 3e étage, Sainte-Foy (Québec), G1V 3V9. Téléphone: (418) 643-3292. Télécopieur: (418) 643-0972.
UN PHILOSOPHE EST UN ÉCLAIREUR
À l'occasion de la Foire du livre de Québec, une conférence sur "Le rôle du philosophe dans la société" a attiré plus de cinq cents personnes. Dès le départ, le thème de la réunion bifurque pour devenir le "non-rôle" dans un "non-lieu". Avec suffisance, les invités lancèrent des affirmations comme: le philosophe n'a pas de savoir spécifique sur la société, demandez plutôt au sociologue; on est tous philosophes; tous ont leur façon de philosopher. Pour certains, la philosophie est une sorte de grammaire, même une compulsion; un autre avoue avec véhémence qu'on n'a pas besoin du philosophe pour nous dire que c'est mal de tuer; et que même si le chauffeur de bus n'a pas l'amour en lui, le bus roule toujours. D'autres s'inquiètent, pris d'angoisse existentielle, car la planète est en voie de "narcotisation".
Devant ce spectacle d'idées lugubres, quelques questions se posent. La philosophie, c'est-à-dire (aime-sagesse), serait-elle devenue philo-confusion? La reine des sciences serait-elle devenue une mendiante? Et puis, quoi, après le néant? Est-ce que tous les discours éclairent?
Alain, l'un des plus grands philosophes du XXe siècle, nous prévient du danger d'enfermer notre pensée dans un discours stérile. Car la pensée se piège elle-même. À l'image du ver à soie tissant son cocon opaque, "chrysalide inerte", la pensée s'emprisonne elle-même dans un système nécropole, écrit Alain (Alain est le pseudonyme d'Émile-Auguste Chartier, né en Normandie en 1868 et mort à Paris en 1951).
À la suite de Platon, il nous dit: "Évitez les rêves de rustres". Les Protagoras, les marchands de sommeil et les faux sages "vendent un sommeil dont le rêve est le monde", écrit Alain dans Vigiles de l'Esprit. "Je" est un être de "volonté" et de "conscience". Il faut travailler à percevoir le monde comme s'il était né hier, à s'émerveiller; s'éveillant à soi-même et au monde.
Pour Alain, l'éthique et la politique sont indissociables; la volonté et l'action vont de pair. Il est formel, il dit: "Je ne sais pas ce que c'est que vouloir sans faire"; "qui s'endort en démocratie se réveille en tyrannie".
Pacifiste, ce philosophe français, accueilli tièdement chez lui, était un grand démocrate et un intellectuel engagé. Tout pour comprendre l'être et le monde: écrivain, professeur de philosophie au lycée et à l'université populaire, journaliste, conférencier, même simple soldat en 1914 pour mieux osculter le guerrier dans la nature humaine. Sans équivoque, Alain connaissait son rôle de philosophe dans la société.
La philosophie est consolatrice, enseigne-t-il. Elle peut unifier l'être humain et pacifier la terre. Le message d'Alain est contemporain, il parle d'existence; de justice, de démocratie et de la nécessité de se pacifier soi-même pour pacifier le monde. Il a critiqué l'hithérisme qui se propageait en Europe, ainsi que le racisme dans son pays.
Quand la "Bombe Stupéfiante", en un souffle radioactif, éteignit des centaines de milliers de vies, Alain commente cette tragédie historique qui stigmatise l'humanité. Nous mesurons encore mal toute la portée de ce drame, tellement l'événement est récent dans l'histoire. Cette énergie de Titan entre les mains de l'humain alourdit sa propre responsabilité envers lui-même et le monde. "Que sait l'apprenti-sorcier?", dit le Sage. N'oubliez jamais l'humain, écrit Alain tout au long de son oeuvre.
Alain est éthicien ou moraliste; c'est-à-dire: philosophe. Il a dénoncé tous les pouvoirs de ce monde; il enseigne que la véritable puissance est en nous-mêmes. L'être humain est digne; Alain refuse le cynisme, la misanthropie, le désespoir. Le savoir qui se regarde lui-même, il en a que faire; car le savoir doit ouvrir l'horizon et non le refermer. Éveilleur de conscience, il nous convie à rester lucide et à "discuter librement toujours autour des lampes vigilantes".
Un philosophe est un éclaireur, pas un éteignoir. Portant le flambeau, le sage nous guide. Cependant, même si Alain, Platon, Kant ont bien utilisé leur faculté de juger, chacun de nous se doit de faire le chemin pour lui-même; c'est-à-dire de penser, de rester en éveil, vigilant, critique.
Philosophe de l'Espoir, Alain promet joie et vivacité d'esprit. À nous de garder la flamme.
CHARLOTTE TRUDEL-S.
Étudiante à la Faculté de philosophie