2 octobre 1997 |
La société valorise la performance. Aussi bien y prendre du plaisir.
"Nous sommes pris dans une société de la performance dont il faut se libérer pour retrouver l'estime de soi... à partir du développement de ses propres critères d'appréciation internes." Dans les groupes sur l'estime de soi et sur les habiletés interpersonnelles au sein desquels il travaille, Denis Garneau, psychologue au Service d'orientation et de counseling de l'Université Laval, rencontre régulièrement - trop peut-être - de ces étudiants et de ces étudiantes affectés par les pressions constantes d'une société qui valorise énormément des valeurs comme la performance, l'intelligence, le succès.
"On fait fausse route quand on mise sur ce que la société valorise pour trouver le bonheur", tranche le psychologue, qui cite l'exemple très probant d'une Marilyn Monroe et de combien d'autres vedettes qui ont pour elles (et pour eux) belle apparence, réalisations, gloire et fortune. Le bonheur plonge d'abord et avant tout, selon lui, dans l'estime de soi.
Un bonheur "épuisant"
Denis Garneau sent chez beaucoup d'étudiants et d'étudiantes
qu'il côtoie un besoin de retrouver un état de bien-être
intérieur. "Nombre d'entre eux s'épuisent à valoriser
la performance plutôt que d'apprendre à se sentir bien, à
faire du bon travail", constate-t-il. Il importe donc, dans les cirtconstances,
que chaque individu puisse s'exercer à avoir du plaisir à
donner son rendement.
Tout est bien souvent, semble-t-il, une question d'attitude. Par exemple, tel étudiant qui a obtenu la note "C" à un examen "ne se mettra pas tout sur le dos", tandis qu'un autre (qui a une faible estime de soi) va se dénigrer, se traiter d'incapable et étendre son "échec" à toute sa vie scolaire. L'auto-évaluation de soi devient ainsi une réalité avec laquelle il faut composer, pour être capable de faire la part des choses et de se donner tous les moyens d'affronter les situations les plus diverses, même s'il y a risque d'échec. "Il faut être prêt à faire face au fait que l'on soit moins bon dans certaines situations et ne pas dramatiser cet état de fait", poursuit Denis Garneau.
La qualité du discours intérieur ou du dialogue interne devient primordiale si l'on veut se sentir bien avec soi-même; d'où, au lieu du dénigrement continuel de soi, l'apport bienfaisant de l'autocritique constructive.
Le plaisir de faire
Quand on lui demande comment s'y prendre pour parvenir à une meilleure
estime de soi, le psychologue du Service d'orientation et de counseling
prescrit: "Cesser de faire pour faire. Essayer de ressentir ce que
l'on fait, c'est suffisant en soi. Se fixer de petits objectifs réalisables
plutôt que des grands... et s'encourager à les atteindre."
En d'autres termes, "chercher à se réaliser plutôt
qu'à multiplier les réalisations".
Et cela demande, au premier abord, une attention à soi, pour voir "jusqu'à quel point on s'apprécie soi-même dans ce que l'on fait". "La motivation à s'engager dans le changement, à cultiver de nouvelles aptitudes, est très importante dans le développement de l'estime de soi, laquelle se construit à partir de critères personnels de mieux-être basés sur les expériences de vie", affirme Denis Garneau.
Ces expériences de vie impliquent aussi la critique venant d'autrui, que le psychologue voit chaque fois comme une occasion de développement personnel: "Il faut accepter de se faire dire parfois que l'on est moins bon sans paniquer pour autant, c'est-à-dire chercher le côté positif de la critique pour mieux renforcer son autocritique."
Le portrait de la personne faisant preuve d'une bonne estime de soi, esquissé par Denis Garneau, ressemble trait pour trait à celle qui en arrive à développer à long terme son propre référant, ce sentiment d'appréciation de soi-même, en prenant plaisir à faire de son mieux, en se donnant le droit à l'erreur, en faisant face à toute situation (plutôt qu'en l'évitant), et en investissant sur l'effort plutôt que sur le résultat. Ce qui revient à dire: se conduire de façon à être bien dans sa peau à chaque instant, dans l'instant présent.
Le psychologue animera un groupe sur l'estime de soi et sur les habiletés de communication qui se rencontrera à six reprises, les vendredis de 9 h à 11 h 30, du 10 octobre au 21 novembre. Pour vous inscrire, contactez Denis Garneau au 656-7987. Le Service d'orientation et de counseling est situé au 2121, pavillon Maurice-Pollack.