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25 septembre 1997 ![]() |
Les joueurs de la Ligue universitaire d'improvisation entreprennent une nouvelle saison le 25 septembre
Le moins qu'on puisse dire est que les joueurs de la Ligue universitaire d'improvisation (LUI) n'ont pas la langue dans leur poche. En fait, leur discours est tellement rapide qu'il en est étourdissant. Parlant comme ils respirent, dégageant une formidable énergie, ils n'ont que la blague à la bouche. Quand le Fil les a rencontrés, les joyeux improvisateurs étaient à la veille de disputer leur premier match de la saison. L'atmosphère était à la fête, tout le monde s'interrompait à qui mieux mieux, bref, on nageait en pleine séance... d'improvisation.
"Moi, je fais de l'improvisation pour avoir du plaisir, lance Pierre Turcotte, qui cumule quatre ans de bons et loyaux services dans la LUI. Et aussi pour l'adrénaline que l'exercice procure: en impro, on ne s'appuie sur aucun texte, contrairement au théâtre. On a donc beaucoup plus de chances de se fourvoyer. Chose certaine, si je n'avais plus de plaisir à faire de l'impro, j'arrêterais demain matin." "On a le pouvoir d'amener les gens dans notre univers, soutient Jimmy Doucet. C'est fascinant. À partir de rien, on arrive à tout. Et quand le public embarque, quel bonheur!" "En impro, tu peux te permettre de danser, de jouer: tu fais tout avec tes meilleurs amis", renchérit Patrick Guérard.
Au nombre des qualités que doit posséder tout improvisateur digne de ce nom figurent la complicité et la capacité d'écoute, affirment unanimement les joueurs. En effet, on doit toujours avoir dans l'esprit qu'on ne joue pas pour soi mais bien pour faire avancer l'impro. Pour cette raison, les "têtes enflées" n'ont pas leur place à la LUI. Qu'arrive-t-il quand un joueur rate carrément un improvisation et se plante devant plus de 300 personnes? "Ben! On recommence, claironne Patrick Guérard. On n'a pas le droit de s'apitoyer sur son sort et de miner l'énergie de l'équipe. D'ailleurs, un joueur qui ne sortirait pas de la déprime n'aurait pas sa place à l'impro. Il faut s'aider et s'épauler constamment, même dans les moments les plus drôles, quand tout le monde pleure de rire sur la bande, par exemple."
Les bons vivants
Dans la vie d'un joueur, il arrive que le mot improvisation prenne tout
son sens. Pierre Turcotte se souviendra toujours de cette improvisation
ayant pour thème "Le Théâtre de Bertolt Brecht"
où il a dû véritablement improviser, lui qui n'avait
qu'une très vague idée du genre théâtral en question.
Ou de cette autre impro intitulée "Un tour de rein" où
les joueurs n'ont rien trouvé de mieux à faire que de danser
le rap pendant trois longues minutes durant lesquelles le public
n'a pas ri une seconde. Qu'à cela ne tienne: en bons vivants, les
joueurs de la Lui rient des aléas du métier, se rappelant
les moments magiques, ceux où il se passe quelque chose entre eux
et leur public, "cette véritable centrale hydro-électrique",
dira Éric Dorion.
En toute franchise, les joueurs avouent que le plus beau moment entre tous reste encore ces instants magiques où il leur est arrivé de remporter la Coupe universitaire d'improvisation, lors des matchs interuniversitaires. "Nous n'avons pas gagné la Coupe souvent, reconnaît le président de la LUI, Rémi Leclerc, mais on dit que le jeu de la LUI à Québec représente un jeu à part, comparé aux autres universités. Il serait plus théâtral et les personnages seraient en quelque sorte plus construits." De là à dire que la LUI constitue une société théâtrale distincte, il n'y a qu'un pas que les joueurs franchissent aisément. "On croit en nous", lance Jimmy Doucet.
Fondée il y a seize ans par un étudiant de l'Université Laval, Réjean Labrie, la LUI compte quatre équipes: Les Carreaux, les Piques, les Coeurs et les Trèfles. Les prochains spectacles ont lieu au Grand Salon du pavillon Maurice-Pollack, à 20 h, les 25 septembre, de même que les 3, 17 et 24 octobre. Le prix est de 5 $. On peut se procurer une impro-passe valable pour 5 parties pour 15$.