![]() |
25 septembre 1997 ![]() |
La mondialisation: une "tarte à la crème" dont le directeur du Nouvel Observateur pense, à la fois, tout le bien et tout le mal possibles.
On entendrait une mouche voler à la salle 2419 du pavillon Charles-De Koninck remplie à pleine capacité. Des dizaines d'étudiants et d'étudiants sont là, à attendre l'arrivée de Jean Daniel, éditorialiste et directeur du prestigieux magazine Le Nouvel Observateur . Invité par l'Institut québécois des hautes études internationales, Jean Daniel répondra à toutes les questions qu'on lui posera sur l'actualité internationale, sans donner de conférence. C'est lui qui a opté pour cette formule, ne voulant pas se répéter lors des deux autres conférences qu'il donnera dans le cadre de la Foire internationale du livre en sciences humaines et sociales. Si la formule permet de toucher à des sujets variés et de soulever ainsi beaucoup de questions, elle présente également l'inconvénient de ne rien approfondir, puisque les questions se suivent mais ne se ressemblent pas.
Bien que plusieurs questions s'éternisent - certains Iintervenants souhaitant davantage donner leurs opinions qu'interroger l'invité - on saura ainsi que Jean Daniel croit que les assassinats se déroulant actuellement en Algérie cachent un profond problème d'identité. "J'ai connu la Guerre d'Algérie et il ne s'est jamais rien passé de pareil. C'est un véritable massacre des innocents. Les Algériens refusent de ne pas savoir qui ils sont. Ils croient qu'ils vont trouver la paix dans l'opposition."
Par ailleurs, Jean Daniel a souligné que le monde occidental n'était pas préparé à la chute du Mur de Berlin, en 1989. "La grande histoire de l'implosion du communisme n'est pas seulement l'échec de l'Union Soviétique. Il y a eu une sorte de reconnaissance de l'échec d'un projet de civilisation de la part de l'humanité. Chaque fois qu'un empire recule, les nations avancent. Actuellement, la grande question à débattre dans notre société est celle de la compatibilité entre l'économie de marché et la justice et la solidarité."
L'avenir des nations
S'exprimant sur la mondialisation, "cette tarte à la crème",
Jean Daniel en pense tout le bien et tout le mal possible à la fois.
"Si on définit ce phénomène moderne comme la mise
en commun des solidarités économiques, je trouve cela acceptable.
Mais il m'apparaît cynique de parler de cette réalité
comme d'une promesse de paradis futur. De toute façon, il y a 50
% des riches qui deviendront plus riches et 50 % des pauvres qui deviendront
plus pauvres." Par ailleurs, l'intellectuel français croit que
l'avenir d'une nation tient dans la volonté des gens de vivre ensemble
et en paix: "On mesure la force d'une nation par sa capacité
d'établir un consensus au moment du danger."