11 septembre 1997 |
PUB SUR LE CAMPUS
Sans doute à l'instigation de quelque nostalgique des centres d'achat des banlieues floridiennes, l'Université Laval vient d'ériger des monuments à la gloire de produits à haute valeur intellectuelle ajoutée - par exemple la "racinette" et la gomme à mâcher. Design contemporain, matériaux hi-tech, socles en béton, éclairage nocturne.
Non mais à quoi a-t-on pensé, bon Dieu? À l'embellissement du campus? À l'animation culturelle? Au développement intellectuel? À l'argent, nous admet-on candidement. Au déficit. À qui sera érigé le prochain monument? À MacDonald ?
Cette campagne contribue-t-elle d'une façon tellement importante au redressement financier et à la survie de notre Université? Est-il nécessaire d'immoler la dignité et le bon goût d'un campus universitaire sur l'autel de la lutte au déficit?
Quelle tristesse!
LE CONGRÈS AQSSS-ORSTOM :UNE TRÈS BELLE RÉUSSITE
Du 24 au 28 août se tenaient, conjointement, au Château du Lac Beauport au Lac Beauport, le 11e congrès annuel de l'Association Québécoise des Spécialistes en Sciences du Sol (AQSSS) et les 14e Journées du Réseau Érosion de l'Office des Recherches des Territoires d'Outre-Mer (ORSTOM). Le thème du congrès était: "Le sol et l'eau: deux ressources à gérer en interrelations ". La participation de 150 spécialistes d'origines aussi diverses que la France , la Tunisie, le Maroc, l'Algérie, la Turquie, le Japon, le Niger, le Mexique, le Portugal, la Belgique, le Cameroun et le Burkina-Faso, en dehors des représentants québécois (universités McGill, Sherbrooke et Laval, MAPAQ, MEF, Agriculture et Agroalimentaire Canada, compagnies de consultants), du Nouveau- Brunswick (Université de Moncton), et de l'Ontario (AAC-Guelph) sous forme d'affiches.
Les thèmes avaient pour titre: gestion des sols et des cultures, mesure et processus d'érosion et études de bassins versants, fertilisation, contrôle de l'érosion, sols forestiers et agroforesterie, pollution et environnement, qualité des sols, cartographie, SIG et variabilité. Ceux-ci étaient couverts par des présentations orales et par des affiches. Les chercheurs de l'Université Laval ont présenté 19 communications orales et 12 communications sous forme d'affiches.
Deux excursions sur le terrain, une à l'Ile d'Orléans et l'autre sur le bassin versant de la rivière Boyer, ont permis de faire apprécier par tous les travaux faits au Québec et se rapportant directement au thème du congrés. Le bilan des activités soumis par Messieurs Éric Roose et Georges de Noni de l'ORSTOM à Montpellier (France) comportait quatre points,à savoir:
1 - D'un point de vue méthodologique on voit éclore beaucoup d'études spatiales, à la fois de problèmes d'érosion et environnementaux. Leur interêt dépend de leurs contenus. Il y a confirmation des indicateurs por l'érosion du Cs137et de la matière organique. On a pu remarquer en même temps le retour sur le terrain en milieu paysan pour vérifier la validité des modèles établis.
Comme l'a fait justement remarquer Mr. de Noni, ce qui manque ce sont des indicateurs des influences des activités humaines, et d'abord comment faire pour les programmer!
2 - Dans le cas des stratégies de lutte anti-érosive, alors que jusqu'à récemment on imposait des techniques lourdes, coûteuses et peu pratiquées par les paysans, on s'est maintenant tourné vers des pratiques plus légères et plus abordables financièrement. Et point très important, on a noté, pour assurer les meilleures chances de succès, d'associer dès l'origine les bénéficiaires des projets, les producteurs agricoles comme les citadins, tous bénéficiaires d'une eau propre par exemple. L'objectif affiché reste le développement rural avec une augmentation significative des revenus en même temps que la réduction des risques de pollution. On note cependant un manque de réflexion d'ensemble sur le coût de l'érosion, des méthodes de lutte, et de la restauration des sols.
3 - Il est apparu des liaisons entre ruissellement de surface, de l'érosion et de différents phénomènes de pollution de l'environnement. La lutte anti-érosive est donc une occasion de restaurer un paysage agréable et de participer à la regénération des eaux propres.
4 - Le dialogue de la fumure organique par rapport à la fumure minérale a refait surface. On a ainsi vu ressortir un effet, bien connu sous les tropiques, à savoir d'associer à la fumure organique les compléments minéraux indispensables à la gestion durable de l'eau de la biomasse et de la fertilité des sols.
Comme habituellement à l'issue de tout congrès, différents prix ont été attribués: le prix Auguste- Scott a été remis au Dr. R.R. Simard d'Agriculture et Agroalimentaire Canada pour ses travaux de recherches en sols; le prix Roger-Baril, pour les meilleures présentations orales d'étudiants, a été décerné à Louis Duchesne de l'Université Laval ( premier prix), François Marquis de l'INRS-Eau, et Junciada Richman, de l'université McGill. Le prix AQSSS de la meilleure affiche étudiante a été décerné à A. Clark de l'Université de Sherbrooke.
En conclusion, le congrès fût une réussite de par la participation nombreuse et variée des scientifiques, et de par leur vitalité et leur enthousiasme envers une science du sol en pleine expansion. Le plus rassurant pour l'avenir est qu'il y a de nombreux et excellents jeunes chercheurs oeuvrant dans ce domaine si vital pour notre environnement mais aussi pour la production de nos denrées alimentaires, et le maintien économique des producteurs agricoles eux-mêmes.