4 septembre 1997 |
Le 22 août , à 18h pile, Sophie Asselin pénétrait pour la première fois dans sa chambre du pavillon Alphonse-Marie-Parent et se laissait tomber sur le lit, en poussant un grand ouf! de soulagement. Après six heures de vol, cette jeune Française originaire d'Amiens, en France, arrivait enfin à destination, l'Université Laval, université qu'elle ne connaissait bien sûr qu'à travers des dépliants. Remplie d'enthousiame face à cette nouvelle vie qui l'attendait, Sophie n'avait oublié qu'une chose: le coup de cafard, celui qui survient quand on s'en attend le moins et qui frappe de plein fouet les meilleures volontés du monde. Après avoir pleuré un bon coup et refusant de se laisser aller à la déprime, elle empoigne le téléphone et compose le fameux 4177, ce numéro qu'on lui a dit de signaler en cas de problème et auquel tous les résidents du campus peuvent faire appel, et ce, à toute heure du jour et de la nuit Au bout du fil, une voix chaleureuse lui répond et la réconforte. Rassérénée par cette présence invisible, Sophie raccroche au bout de trois quarts d'heure de conversation et finit par s'endormir à même son sac de couchage. Le lendemain matin, le soleil luit à nouveau, non seulement dans son coeur mais dans sa tête.
«J'ai trouvé les premiers moments particulièrement difficiles, mais maintenant ça va mieux», confie cette étudiante de psychologie à l'Université de Picardie qui participe au programme d'échanges étudiants de la CRÉPUQ (Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec). Au moment où le Fil l'a rencontrée, le 2 septembre, jour de la rentrée scolaire, Sophie Asselin s'apprêtait à vivre sa première «vraie» journée d'étudiante, à l'instar de milliers d'autres étudiants qui se frottaient pour la première fois à la vie universitaire. Avant de quitter sa petite chambre, elle raconte ses premières impressions de Québec, «une ville tout ce qu'il y a de plus propre et dont les trottoirs ne débordent pas de déjections canines». Mais ce qui la frappe surtout demeure l'importance accordée aux services offerts aux personnes handicapées, comme les rampes d'accès aux édifices ou les numéros d'étage écrits en braille dans les ascenseurs. Autre sujet d'étonnement, le fait que l'Université Laval organise des journées d'accueil dans le cadre de la rentrée. «Chez nous, la première journée d'école ne diffère pas des autres. On se rend aux cours et puis c'est tout.» Trève de considérations car le temps presse: en premier lieu, Sophie décide de se rendre - c'est le cas de le dire - à Rendez-vous Laval - le rendez-vous «obligé» de tous les étudiants et étudiantes de l'Université. Il est 10h.
Les bonheurs de Sophie
À l'agora du pavillon Alphonse-Desjardins, où se tient l'événement,
c'est la fête: la foule est bigarrée à souhaits et Sophie
se fraye difficilement un chemin jusqu'aux kiosques qui l'intéressent.
En cours de route, elle s'initiera, entre autres, au système d'informatique
Alérion, s'informera sur la structure et le fonctionnement de la
Bibliothèque et s'étonnera de la présence d'une Faculté
de foresterie et de géomatique sur le campus, un type de faculté
qu'on retrouve rarement dans les universités françaises, selon
ses dires. Un arrêt au stand des Études féministes où
Sophie apprend tout ce qu'elle-a-toujours-voulu- savoir-sur-le féminisme-à-l'Université-Laval-et-qu'elle-n'aurait-
(peut-être)-jamais-osé-demander. Après un bref arrêt
au SASC (Service des activités socio-culturelles), la jeune femme
s'attable au Pub devant un repas qui la laisse sur sa faim...
12h30: l'heure du premier cours a sonné. En retard de 10 minutes sur son horaire, Sophie se retrouve au premier rang d'une salle bondée à craquer. Qu'à cela ne tienne, elle apprécie tout de même cette demi-heure de cours portant sur la délinquance et la criminalité donné par un professeur compréhensif qui relâche ses étudiants sitôt après leur avoir présenté le syllabus. Là encore, Sophie est à même d'établir des conmparaisons: chez elle, le professeur aurait «embrayé» tout de suite, comme elle dit, sans autre forme de procès et surtout, sans se soucier de l'état d'esprit un peu survolté de ses élèves en cette journée de rentrée. En revanche, note Sophie, la formule utilisée - un cours magistral ponctué de deux examens - ne diffère pas de ce qu'elle connaît déjà.
Après cette brève incursion dans le monde du savoir, c'est le retour à Rendez-vous Laval où la future psychologue se renseigne sur différents services tels la reprographie, l'Imageothèque, le Service d'orientation et counseling, la Forêt Montmorency, l'animation religieuse, le Service de sécurité et de prévention, etc. Participant à force concours et sondages durant tout l'après-midi, elle converse avec intérêt avec tout le monde, s'informant de tout et de rien, pour le simple plaisir de prendre contact avec les gens. De ces étudiantes et étudiants en pleine séances d'initiation, innocemment déguisés en biberons ou en astronautes, elle ne dira que du bien, s'étonnant du caractère bon enfant de l'événement. En France, souligne-t-elle, cette cérémonie estudiantine appelée bizutage se déroule de façon beaucoup moins... civilisée, les excès étant de mise.
Au terme de cet après-midi bien remplie, l'étudiante Sophie Asselin décidera d'aller se reposer dans sa chambre, avant de terminer la soirée avec un groupe d'amis, au Pub, autour d'un bon bol de chocolat chaud, à discuter, entre autres, des modalités du pourboire, au Québec. À l'heure du coucher, elle s'endormira en un clin d'oeil dans des draps bien frais, la tête remplie de bons souvenirs, en cette première journée d'école définitivement marquée au crayon rouge. Bonne chance Sophie!