4 septembre 1997 |
La piste des gènes responsables de l'embonpoint se précise
Des chercheurs ont réussi à identifier un gène étroitement lié à l'obésité abdominale. Les personnes porteuses de ce gène, et tout particulièrement celles qui en possèdent deux copies, ont une propension à stocker des graisses au niveau du ventre. Curieusement, le gène ne semble pas associé au pourcentage total de graisses d'un individu mais uniquement à la quantité de graisses présentes dans la cavité abdominale. Cette découverte déborde donc largement les simples considérations esthétiques puisque les graisses abdominales constituent l'un des plus importants facteurs de risques du diabète et des maladies cardio-vasculaires.
La découverte, réalisée par une équipe du Laboratoire des sciences de l'activité physique et du Centre de recherche du CHUL, a d'ailleurs été annoncée à la fin juillet à Helsinki, à l'occasion d'un congrès international sur le diabète, par le professeur Claude Bouchard. "Même si la quantité de graisses abdominales est faible par rapport au total de la masse grasse du corps, les dangers qu'elles entraînent pour la santé sont importants, dit le chercheur. Il faut en tenir compte pour bien comprendre les conséquences de l'obésité."
Le gène identifié par les chercheurs est celui des récepteurs des glucocorticoïdes. Ces récepteurs interagissent avec les hormones du stress et ils interviennent dans le métabolisme des sucres. À l'aide d'un appareil de tomographie, les chercheurs ont mesuré l'abondance des graisses dans la cavité abdominale de 79 hommes et 73 femmes de poids normal ou ayant un léger embonpoint. Ils ont ensuite établi des corrélations entre ce paramètre et l'absence ou la présence, en une ou deux copies, du gène des récepteurs des glucocorticoïdes. Environ 40 % des Québécois seraient porteurs de ce gène. "Nous avons trouvé une association entre la présence de ce gène et l'obésité abdominale mais nous pensons que ce n'est qu'un marqueur, dit Claude Bouchard. La vraie mutation responsable de l'obésité est probablement ailleurs à l'intérieur de ce gène. Même s'il s'agit d'un très gros gène, nous tenons une belle piste."
Le numéro de mai de la revue scientifique Obesity Research livre les détails de cette recherche réalisée par Benjamin Buemann, Marie-Claude Vohl, Monique Chagnon, Yves Chagnon, Jacques Chagnon, Louis Pérusse, France Dionne, Jean-Pierre Després, Angelo Tremblay, André Nadeau et Claude Bouchard.