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21 août 1997 ![]() |
Le politologue Léon Dion est décédé hier, mercredi
20 août, à Sillery, à l'âge de 74 ans. Léon
Dion a été l'un des fondateurs, avec Gérard Bergeron
et Maurice Tremblay, du Département de science politique de l'Université
Laval, en 1954. Il a été nommé professeur agrégé
en 1955, professeur titulaire en 1962 et professeur émérite
en 1989.
"La disparition de Léon Dion, qui survient peu après
celle, aussi cruelle, de Fernand Dumont, un autre ténor de la vie
universitaire, est une perte pour l'Université Laval, pour le Québec
et pour le Canada, a déclaré le recteur François Tavenas.
Cet homme était un monument. On se souviendra de lui comme d'un véritable
sage dans le perpétuel débat Québec-Canada. À
notre époque agitée, des voix comme la sienne sont précieuses."
"L'Université Laval perd un des pionniers de la science politique
en ses murs, mais aussi un professeur extraordinaire, préoccupé
par la qualité de l'enseignement et des relations avec les étudiants,
a poursuivi le recteur. Léon Dion était un modèle et
il voyait loin, comme en témoigne son apport à la Commission
d'étude sur l'avenir de l'Université Laval, qu'il a présidée
à la fin des années soixante-dix. Je relisais récemment
l'ensemble des recommandations de cette commission et je croyais rêver:
tout ce que l'Université Laval a bâti au cours des vingt dernières
années était là. Je pense, entre autres, à la
création du poste de protecteur universitaire, au développement
de la formation continue, à l'importance de la formation générale.
Sans oublier les recommandations qui restent à mettre en oeuvre et
qui sont toujours d'actualité. Léon Dion était un visionnaire."
Le professeur Dion a exercé d'autres fonctions importantes au sein
de l'Université Laval au cours de sa carrière. Il a notamment
été directeur du Département de science politique de
la Faculté des sciences sociales de 1960 à 1967, membre élu
du Conseil de l'Université Laval pour trois mandats (de 1965 à
1974), et membre du Conseil exécutif de l'Université en 1973-1974.
Le réputé politologue a également été
très actif sur la scène canadienne et internationale. En plus
de donner plusieurs cours et séminaires et de prononcer de nombreuses
conférences dans la plupart des grandes universités de l'Amérique
du Nord et du monde, Léon Dion s'est aussi vu confier la responsabilité
de dossiers majeurs et la présidence de grands organismes. Il a été,
entre autres, le premier président de la Société canadienne
de science politique de 1963 à 1965, conseiller spécial auprès
de la Commission de l'unité canadienne de 1977 à 1979, et
conseiller spécial du ministre délégué aux Affaires
gouvernementales canadiennes et ministre des relations étrangères
du Québec de janvier à mars 1986.
Les mérites de Léon Dion lui ont valu notamment, en 1965,
le Prix de l'Académie française pour son ouvrage Les groupes
et le pouvoir politique aux États-Unis, le Grand prix du Québec
en sciences humaines (Prix Léon-Gérin) en 1977, le Prix Vincent
de l'Association canadienne française pour l'avancement des sciences
(ACFAS) en 1990. Léon Dion a été nommé membre
de la Société royale du Canada en 1970, et officier de l'Ordre
national du Québec en 1990. Il était le père du ministre
fédéral Stéphane Dion.
"Léon Dion laisse une oeuvre riche, déterminante, dans
les domaines de l'étude des forces politiques, des idéologies
et de la vie intellectuelle dans notre société. Il faudra
en reparler, et très bientôt, dans tous les forums autorisés",
ont déclaré la doyenne de la Faculté des sciences sociales,
Lise Darveau-Fournier, et le directeur du Département de science
politique, Guy Laforest. "Fils spirituel d'André Laurendeau,
Léon Dion aura été un grand savant, un humaniste et
un patriote. Il n'a pas réalisé tous ses rêves, mais
il a montré à chacun de ses concitoyens le sens de l'espoir
et le goût de la persévérance. Nous chérirons
sa mémoire et nous essaierons d'être dignes de son exemple."