19 juin 1997 |
Une courte formation en ergonomie produit des effets bénéfiques sur certains problèmes de santé causés par une mauvaise posture devant votre ordinateur.
Six mois après avoir suivi une formation de six heures en ergonomie, plus de 60 % des participants apportent au moins une modification à l'aménagement de leur poste de travail et l'incidence de certains problèmes de santé diminue de façon importante. Voilà ce que révèle une étude réalisée entre 1993 et 1996 par les chercheures Sylvie Montreuil, du Département des relations industrielles, et Chantal Brisson, du Département de médecine sociale et préventive, auprès de 627 personnes occupant un poste en milieu universitaire dans la région de Québec. De ce nombre, 556 travaillaient à l'Université Laval alors que les autres participants provenaient de l'Université du Québec, de l'École nationale d'administration publique et de Télé-Université. Tous les participants passaient au moins 5 heures par semaine devant leur écran et 78 % y passaient 15 heures ou plus.
Environ la moitié des sujets adoptaient une position de travail à risque devant leur ordinateur, ont noté les chercheures. Près de 40 % des écrans n'étaient pas placés directement devant l'utilisateur, plus de 50 % des écrans étaient installés trop haut ou trop bas et, chez presque 60 % des sujets rencontrés, la ligne reliant l'avant-bras et la main était brisée plutôt que droite (voir illustration).
L'étude révèle par ailleurs que 20 % des répondants de moins de 40 ans éprouvaient des problèmes au dos, au cou, aux épaules, aux poignets ou aux mains. L'incidence de ces problèmes atteignaient 12 % dans le groupe des plus de 40 ans. Enfin, 17 % des répondants avaient fréquemment ou toujours des problèmes de vision (mal aux yeux, vision brouillée, picotement).
Les chercheures ont invité 284 sujets, choisis selon leur appartenance aux facultés et services, à suivre un programme de six heures en ergonomie, dispensé par la Coordination en santé et sécurité au travail de l'Université (les autres sujets ont été invités à la suivre une fois l'étude complétée). Six mois plus tard, 61,5 % des personnes inscrites à la formation avaient modifié un ou plusieurs éléments du poste corrigeant ainsi une posture à risque. "Ce n'est pas parfait mais nous jugeons que c'est très bon, dit Sylvie Montreuil. Il ne faut pas oublier que bon nombre de participants avaient déjà un poste dont l'aménagement était convenable et qu'ils n'avaient donc pas nécessairement à le modifier. Par ailleurs, intégrer des principes ergonomiques à son travail n'est pas uniquement un choix personnel, il y a aussi des contraintes organisationnelles."
Les problèmes oculaires et musculosquelettiques ont chuté de moitié chez les moins de 40 ans qui ont suivi la formation. Les résultats ont été mitigés chez les sujets plus âgés où aucune différence significative n'a été observée. "Il est possible que les personnes de 40 ans et plus aient des habitudes de travail bien ancrées dont elles parviennent difficilement à se débarrasser, avance Chantal Brisson. Il se peut aussi qu'il faille plus de temps pour que les effets positifs de la formation se manifestent chez ces sujets ou encore que les problèmes soient d'ordre chronique, de sorte qu'ils ne se résorbent pas même si la cause du problème est éliminée."
Les chercheures ont eu la surprise de constater que 44 % des sujets qui n'avaient pas suivi le programme de formation avaient tout de même apporté des modifications à l'aménagement de leur poste de travail. "Il s'agit selon tout vraisemblance d'un effet de contagion qui part des personnes qui ont suivi la formation", dit Sylvie Montreuil. Les chercheures souhaitent donner un suivi à cette étude en retournant interroger les participants deux ans après leur formation afin de déterminer si les effets bénéfiques observés résistent à l'usure du temps.