19 juin 1997 |
Des chercheurs de la Faculté de médecine de l'Université Laval publient, dans l'édition du 5 juin du New England Journal of Medicine, une étude qui conclut à l'inefficacité à moyen terme des injections de cortisone dans le traitement de la hernie discale (nerf sciatique coincé). À court terme, la cortisone apporte un léger soulagement des douleurs aux jambes mais elle n'entraîne pas d'amélioration fonctionnelle durable et elle ne réduit pas la probabilité de devoir subir une chirurgie. Dans l'année qui a suivi le traitement, 25,8 % des patients traités à la cortisone ont dû être opérés alors que cette proportion atteint 24,8 % chez les patients qui ont reçu un placebo composé d'eau salée. L'étude a été réalisée auprès de 158 patients du CHUL et de l'hôpital Notre-Dame de Montréal. Les patients traités à la cortisone ont reçu entre une et trois injections selon l'évolution de leur état.
Règle générale, les médecins ont recours aux injections de cortisone par épidurale lorsque le repos, les analgésiques et les anti-inflammatoires ne viennent pas à bout du problème. "La hernie discale provoque une compression d'une branche du nerf sciatique qui cause de vives douleurs aux jambes, explique le responsable de l'étude, Simon Carette. Dans les cliniques de traitement de la douleur, l'injection de cortisone est l'intervention la plus fréquemment pratiquée."
Bien que le recours à la cortisone pour le traitement de la hernie discale existe depuis les années 1950, l'efficacité de cette intervention ne fait pas l'unanimité dans le monde médical. Jusqu'à présent, six études avaient conclu à l'efficacité du traitement à la cortisone alors que six autres constataient que le traitement donnait des résultats équivalents ou moins bons qu'un traitement placebo.
La treizième étude changera-t-elle quelque chose à la pratique médicale? "On aurait souhaité que les résultats soient franchement blancs ou noirs mais ils sont gris de sorte que ceux qui ont intérêt à faire des injections de cortisone vont continuer à en faire, dit Simon Carette. Personnellement, je vais expliquer à mes patients que la cortisone ne donne pas de bons résultats et, à moins qu'ils ne me le demandent ou dans de rares cas d'exception, je n'en prescrirai plus. La seule amélioration que nous avons observée, le soulagement des douleurs aux jambes, pourrait être obtenue avec des analgésiques plus puissants."
L'article du New England Journal of Medicine est signé par les chercheurs de la Faculté de médecine Simon Carette, Sylvie Marcoux, Frédéric Morin, André St-Pierre, René Truchon, François Parent, Jacques Lévesque, Vincent Bergeron, Patrice Montminy et Cathy Blanchette, ainsi que par leurs collègues de l'Université de Montréal, Richard Leclaire et Gilbert Blaise.